Planète à louer

Comme dans Interférences, Yoss part de la situation de Cuba et l’étend à la planète. Au lieu de son île face au monde occidental et aux touristes-colons, il imagine la Terre obligée de se soumettre à la volonté des extraterrestres qui traitent les humains avec mépris et arrogance, tout en leur interdisant toute velléité d’indépendance. Le contact a abouti à une guerre de colonisation, à défaut de conquête, vite remportée par les extraterrestres qui ont fait de la Terre une planète vassale, dénuée de tout pouvoir et limitée à servir de lieu de villégiature pour les touristes galactiques. Et, de ce fait, la seule possibilité de survivre autrement que comme serviteur des touristes, c’est la fuite, difficile, empêchée dans la plupart des cas par la Surveillance Planétaire.

Les différents récits qui constituent l’oeuvre, suite de nouvelles, présentent quelques personnages, liés entre eux, humains à une exception près, et leurs différentes façons d’essayer de quitter la Terre, parfois avec succès, ou, dans un cas, de s’adapter à la vie restreinte qui reste possible. Mais, bien qu’au départ les différents cas soient adaptés de situations réelles, comme Yoss le rappelle dans ses remerciements, nous avons une oeuvre qui n’est pas une satire, mais une véritable extrapolation, car les situations, possibilités et actions des personnages sont réellement différentes de notre monde.

Bref, un avenir possible et cohérent, pas une simple transposition de la réalité parodiée. Les différentes espèces galactiques sont imaginées pour elles-mêmes et non pour caricaturer les nations humaines. Les différents types de relations, les problèmes sexuels, artistiques, scientifiques, techniques, sont cohérents avec le thème SF, pas simplement décalqués à partir de la situation cubaine. Et les personnages sont crédibles, que ce soient les humains et leurs problèmes, ou le (la) Colossien qui intervient dans deux nouvelles.

Un excellent moment de lecture, hautement recommandable, donc.

Planète à louer (Se alquila un planeta) de Yoss, traduit par Sylvie Miller, Mnémos collection Dédales 2011, 265 pages, couv. de Alain Brion, 19,5 €, ISBN 978-2-35408-093-8