Shining in the Dark

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Hans-Åke Lilja, responsable du site de référence Lilja’s Library consacré à Stephen King, a eu l’idée pour fêter les 20 ans de son site, de produire une anthologie en hommage à l’auteur du Maine. Il a donc contacté un certain nombre d’écrivains spécialisés dans les récits fantastiques et d’horreur, et tous ceux qui ont répondu présents ont concocté une nouvelle récente ou donné une plus ancienne. C’est le cas du King lui-même, avec Le compresseur bleu, jamais publié en anthologie depuis 1981. Nous avons donc 13 auteurs, 12 nouvelles, 6 inédites. Comme toujours dans une telle compilation, il est impossible de faire un résumé global, il n’y a d’ailleurs pas vraiment de fil conducteur entre elles : certaines sont très courtes, d’autres plus longues, plusieurs ont pour thème la fête foraine, mais ça s’arrête là. Je vais essayer de faire un résumé succinct de chacune :- Le compresseur bleu de Stephen King raconte l’histoire d’un écrivain qui loue une chambre dans une vieille maison tenue par une grosse femme… Enfin, apparemment pas assez grosse. Histoire assez noire, mais moyenne, on sent qu’elle date, et l’intervention de l’auteur à la première personne n’ajoute rien.

- Le réseau de Jack Ketchum et P.D. Cacek, met en scène un couple par réseau interposé. Ils échangent, d’abord de façon formelle, puis de plus en plus enflammée, tombant amoureux sans même se connaître. Leur première rencontre basée sur le mensonge va forcément tourner au drame… Une histoire très intelligemment menée, une conclusion très violente.

- Le roman de l’Holocauste de Stewart O’Nan : l’auteur et le roman, intimement liés, sont invités sur un plateau de télévision américain pour parler justement du livre. C’est l’occasion pour l’auteur de mesurer le chemin parcouru, ce qui l’a poussé à écrire le roman. Nouvelle plus sur la réflexion que véritablement fantastique, je suis passé à côté.

- Aeliana de Bev Vincent : une de mes préférées. Une rencontre entre une policière qui traque un meurtrier sordide qui abandonne ses victimes dans une ruelle sombre, et une petite fille au pouvoir très étrange. Du surnaturel, une créature fantastique, le genre d’ambiance que j’adore.

- Charabia et Theresa de Clive Barker : sans doute la nouvelle la plus loufoque du recueil, avec une ambiance très Jean Ray, elle conte l’histoire d’un homme dont l’âme est emmenée par erreur par un ange en raison des bienfaits qu’il est supposé avoir accomplis envers les enfants. Lorsque l’ange se rend compte de son erreur, il tente un retour sur terre en catastrophe. Mais lors du transfert, les deux animaux de compagnie du soi-disant saint, une tortue et un perroquet, ont pris forme humain et s’enfuient… Amusante avec tout le talent de Barker qui m’a plus habitué à de l’horreur.

- La fin de toutes choses de Brian Keene : le summum de l’émotion dans cette nouvelle. Tous les matins, un homme se lève et accomplit les mêmes rituels. Il boit son café, sort et va jusqu’au ponton qui borde la rivière. Et il attend la fin du monde : une apocalypse zombie, une bombe nucléaire, une réchauffement climatique, un astéroïde. Peu importe. En fait, il attend de rejoindre son fils qui s’est noyé à cet endroit et sa femme qui ne l’a pas supporté. Mais il n’a pas le courage de mettre fin à ses jours. Très sombre et très triste, poignante même.

- La danse du cimetière de Richard Chizmar : Un homme, un cimetière, une tombe d’une femme dont il est responsable de la mort. Ce soir, il a décidé de la rejoindre en lui demandant pardon. Macabre également, mais moins poignante que la précédente.

- L’attraction des flammes de Kevin Quigley : LA nouvelle d’horreur du recueil. 3 gamins qui débarquent dans une fête foraine, où un mystérieux monsieur LaRue leur propose le monde de la peur dans une vieille bâtisse en ruines envahie de papillons, sans espoir d’en sortir. Parfaitement géniale d’un bout à l’autre.

- Le compagnon de Ramsey Campbell : encore une histoire de fête foraine. Stone, le protagoniste, se retrouve dans une vieille foire en partie abandonnée, fuyant le contact du public et de ceux qui pourraient lui vouloir du mal. Il erre de manège en manège jusqu’à un train fantôme dont le wagon ne semble pas vouloir s’arrêter… Un sorte d’allégorie de la mort, un peu trop compliquée à mon goût, comme souvent dans les histoires de cet auteur que j’ai eu l’occasion de lire.

- Le coeur révélateur d'Edgar Poe : le fantastique par un de ses pionniers. Le narrateur raconte comment il a décidé de tuer son voisin, un vieillard, dont il ne supporte pas le regard. Mais tout ne va pas se terminer comme il l’espérait. Une belle histoire d’horreur comme savait si bien les écrire l’auteur de Boston.

- L’amour d’une mère de Brian James Freeman : celle-ci est indiscutablement la perle du noir de ce recueil. le narrateur a tout fait pour assurer une fin de vie pour sa mère malade. Il cherche désespérément une place dans un foyer d’accueil, l’hospice Saint-Clair. Pour son amour il va prendre une décision terrible… je vous laisse le plaisir de découvrir la fin !

- Le manuel du gardien de John Avide Lindqvist : la plus longue de l’anthologie, elle met en scène un gamin imbu de lui-même parce que plutôt bien doté d’un point de vue QI, qui organise des parties de jeux de rôles inspirées de l’univers de Lovecraft. Il décide de créer son propre jeu sur la recherche d’un livre maudit. Tout ne se passera pas comme prévu, bien sûr… jusqu’à une fin à rebondissement. J’avais apprécié le Laisse-moi entrer du même auteur qui confirme ici tout le bien que je pense de lui.

Voilà en résumé les douze nouvelles qui composent ce Shining in the Dark. Assez inégales, je retiendrai surtout Le réseau, Aeliana, La fin de toutes choses, L’attraction des flammes, Le coeur révélateur, L’amour d’une mère et Le manuel du gardien. La nouvelle de Stephen King qui donne sa raison au recueil est publiable, et je suis passé à côté des autres.

Je remercie infiniment ActuSF pour leur confiance

Shining in the Dark - Anthologie - Editions ActuSF- Septembre 2020, 21,90 €

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