Malamute

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Germain Grosdemange, veuf peu sociable vivant dans une ferme isolée des Vosges, se voit contraint d’accepter sur ordre de sa fille unique la présence de quelqu’un à ses côtés pour passer l’hiver. Ce chaperon imposé, c’est Basile, un lointain neveu, conducteur d’engin de damage pour les pistes de skis de la région. Entre le jeune et le vieux, la relation s’avère problématique. Germain vit hanté par ses souvenirs, comme Basile, qui a causé involontairement la mort d’une enfant quelques années plus tôt au volant de sa machine. Alors que la neige s’annonce particulièrement redoutable, Emmanuelle, une nouvelle venue dans l’équipe fait sensation, en sachant piloter mieux que quiconque la nouvelle dameuse. Cette jeune femme habite la ferme juste à côté de celle de Germain, celle de ses parents éleveurs de Malamutes obligés de quitter la région bien des années plus tôt après une série de morts d’animaux d’élevage. Alors que la tempête fait rage et paralyse complètement le village, le passé semble vouloir ressurgir chez le vieil homme…

 

Difficile parfois de savoir précisément ce qui peut attirer dans un roman. Ce n’était pas l’auteur, que je n’avais jamais lu, pas le résumé en page 4, volontairement (?) quasi-inexistant. Peut-être la couverture, et le titre suffisamment mystérieux pour qu’on s’y arrête ? En tout cas, Malamute m’a attiré dès que j’ai posé mes yeux sur lui, et ils ne se sont levés qu’une fois le dernier mot lu. Ne cherchez pas ici d’horreur, de thriller, de polar, ce n’est pas le sujet. Jean-Paul Didierlaurent nous livre un drame campagnard dont on sent poindre l’issue tragique dès les premières pages, mais dont l’écriture soignée en distille savamment les éléments peu à peu, comme figés sous cette couche de neige. Il y a du Clavel dans ce récit, à la façon dont l’auteur jurassien savait traduire sur papier les aléas de la vie du terroir. Un récit dominé ici par deux personnages, Germain tout d’abord, le vieux marginal collectionneur de tranches de bois, notant soigneusement chaque période où la « bête » doit se manifester, et Emmanuelle, fille mal aimée du couple voisin, les « Russkoffs » accusés de tous les maux et qui veut comprendre ce qui a pu se produire. A travers le journal intime de sa mère, on devine que le passé de l’un va télescoper l’avenir de l’autre.

Je remercie les éditions Au Diable Vauvert pour leur confiance.

Jean-Paul Didierlaurent -Malamute - Editions Au Diable Vauvert - Janvier 2021, 18 €

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