Ad noctum
D’une écriture efficace à 2 mains, ce roman se présente sous la forme trompeuse d’un recueil de nouvelles.
La trame principale porte sur l’exploitation de l’organique en concurrence avec l’exploitation bionique.
La trame secondaire porte sur une guerre sino-américaine. Tel que dans le Maître du Haut-Château de P. K. Dick, le gagnant de la guerre n’est que reflet entre miroirs parallèles. Cette trame s’efface pour d’autres conflits : pour l’eau, pour la suprématie économique et idéologique, etc.
L’influence dickienne se trouve aussi dans "Sexus machina", qui explore la réalité du soi (voir Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?).
Des incursions dans les structures sociales et familiales font écho au Monades urbaines de Robert Silverberg.
Les personnages, vite esquissés, prennent chair, des liens subtils et inattendus se créant entre les différentes histoires.
La structure globale de l’ouvrage est tangrammatique, chaque histoire étant un noeud dans un réseau ayant comme vertex les personnages.
Malgré un noir dominant, la fin laisse entrevoir une lueur d’espoir, espoir que le soleil se lèvera encore demain matin. Et pour cela, quoi de mieux que l’intention pieuse d’une brahmanne ?
Ad Noctum par Ludovic Lamarque et Pierre Portrait, illustré par Manchu, Denoel
Peter Felecan