Marouflages

Troisième recueil déjà pour notre orfèvre de la SF poétique. Rappelez-vous mon commentaire enthousiaste pour le second, Espaces insécables. Celui-ci est nettement plus bref : trois nouvelles seulement.

La préface est d’une autre orfèvre en la matière, Joëlle Wintrebert. « Sylvie nous a fait le coup du phénix » écrit-elle joliment. En effet, notre auteure est rare, mais d’autant plus précieuse. Et ce nouveau rebondissement délectera les amateurs de perles. La première est illustre : il s’agit du texte fameux Les Yeux d’Elsa, paru initialement dans le n°37 de la revue Galaxies en 2005, et qui remporta pas moins de trois prix, dont le Grand Prix de l’Imaginaire en 2007. Texte très émouvant, décrivant pudiquement les élans improbables entre un pêcheur et un dauphin. A nouveau, admirons le style de Sylvie Laîné, tout en petites touches délicates, qui finit par brosser un paysage tant pittoresque (dans le bon sens du mot) que mental, de cette aventure plutôt extra-ordinaire.

Les deux nouvelles qui suivent sont bien plus courtes. Le Prix du billet est un instantané de vie quotidienne. Hera attend son ’amoureux’ Peter sur le quai de la gare. Elle rencontre une certaine Yata, qui la grise de mots curieux et fantasques. Elles se quittent. C’est tout, c’est beaucoup, et étrange comme la vie. Fidèle à ton pas balancé termine ce petit recueil. Nouvelle "clin d’oeil" parce que dédiée à « Ayerdunyach » ? Toujours aussi poétique et bien écrite. Certes. Mais je ne puis m’empêcher de trouver Espaces insécables supérieur par le foisonnement de l’inspiration. Comme Sganarelle, je suis un peu l’ « amoureux trahi ». Ce troisième recueil me fait espérer le quatrième.

Sylvie Laîné, Marouflages, ActuSF, Orangis 2009, couv. de Gilles Francescano, 103 p., 8 €.