Morte saison

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Alors que les monstres sanguinolents des années soixante-dix et quatre-vingt passent tous sous les fourches caudines du remake – Massacre à la Tronçonneuse, Vendredi 13, Halloween, Les Griffes de la Nuit – va-t-on voir également, en littérature, le retour de l’horreur hardcore née dans la foulée des premiers romans de Stephen King ?

En tous les cas, cette édition française du Off Season de Jack Ketchum pourrait servir de manifeste sans concessions pour une vague de romans destinée aux lecteurs avertis. Que les choses soient claires : ce roman n’est PAS à mettre entre toutes les mains. L’histoire débute dans un patelin perdu du Maine, alors qu’une jeune femme tente d’échapper aux exactions d’une bande d’enfants enragés. Cut sur une jeune auteure new-yorkaise réfugiée, pour terminer son dernier roman, dans une cabane perdue au milieu de nulle part. Le temps pour quelques amis de venir lui rendre une petite visite et tout ce beau monde va subir les attaques sauvages d’une famille de cannibales dégénérés ! Présentée de cette manière, l’histoire prend évidemment des airs série « Z » noyée d’hémoglobine, mais le roman de Ketchum ressemble surtout à une métaphore perverse sur les limites de la sauvagerie et les atours de notre monde « civilisé ».

Morte Saison est un roman à « savourer » au second degré, un œil sur le contexte historique entourant son écriture. Soit le texte écrit par un sale gamin trop heureux de pouvoir foutre un solide boxon dans le monde plutôt tiède de la littérature de genre. Ne manquez d’ailleurs pas à ce propos la postface du roman (qui parait ici dans une version inexpurgée, éditée en 1999 au Etats-Unis) dans laquelle Ketchum raconte par le menu les hilarantes coupes que voulait pratiquer l’éditeur dans le manuscrit d’origine.

Franchement ? Un roman d’une rare violence, d’une sauvagerie aux limites du supportable… Mais un roman qui ne vous laissera pas indifférent, comme certaines productions pâlottes qui se targuent aujourd’hui du label « terreur ».

Jack Ketchum, Morte Saison, traduit par Benoït Domis, illustration de Stéphane Jaegle, 290 p., Bragelonne

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