GESTIN Sandrine 01

Illustrateur / Dessinateur: 

Dites-nous quelque chose à votre propos ? Qui êtes-vous ?

Je m’appelle Sandrine Gestin, je suis Française d’origine bretonne et travaille dans le monde de l’illustration, uniquement dans l’univers féérique, médiéval, fantastique.

Comment en êtes-vous venu au dessin ?

Je crois que je suis tombée dedans quand j’étais petite. Je dessine depuis que je suis toute petite. Ma mère m’a toujours vue les crayons à la main ; c’était presque naturel. A l’origine, adolescente, j’ai un peu hésité entre la mode, le design et l’illustration.

Vous souvenez-vous encore de vos premiers graphismes ? Les bordures des cahiers ? Que sont-ils devenus ?

Je dessinais à la craie sur un tableau noir que mon père avait fabriqué et je me rappelle qu’on me faisait, déjà à l’époque, des réflexions positives sur ma façon de dessiner.

Je bordais les cahiers, les couvertures, de plein de petits dessins…


Quels étaient les rêves de la petite Sandrine dans sa Bretagne natale ?

Mon rêve était d’être une princesse dans un château, de vivre dans un monde avec des animaux, comme dans les contes de fées.

Pourquoi le dessin et pas l’écriture, la peinture ou la musique ? Quel est, selon vous, le rôle de l’illustrateur dans l’édition ?

J’ai commencé par le dessin et suis seulement arrivée à la peinture vers mes 18 ans. J’ai fait une école d’art graphique où j’ai touché un petit peu à tout et maintenant, je peins à l’huile.
Pour moi, le rôle de l’illustrateur est assez important dans l’édition, surtout en ce qui concerne les couvertures de livres. Une jolie couverture permet de vendre un livre si l’auteur n’est pas très connu ; c’est le premier contact, ce qui fait qu’une personne va aller vers le livre ou non.
Maintenant, il y a aussi des gens qui préfèrent les livres sans image, de manière à pouvoir faire jouer leur imaginaire.

Dessiner peut-il être un acte politique décisif, une forme de subversion ? Ou est-ce le domaine du tag urbain et de la caricature ?

Peut-être pas dans la Fantasy mais les dessins de presse et dessins politiques, évidemment.

Comment est-on choisi pour illustrer un livre ? En fait, ce que je cherche à vous faire expliquer c’est le rôle et le cheminement qui va d’un manuscrit à sa parution, vu d’un œil d’illustrateur. Lisez-vous le texte ou un synopsis ? Quelle est votre liberté de créateur ? Y a-t-il une charte selon les éditeurs qui posent des exigences de style, couleur

Dans la majorité des cas, ce n’est pas l’auteur mais l’éditeur lui-même qui choisit son illustrateur. Souvent, on ne rencontre l’auteur qu’après (en dédicace) et ils peuvent être déçus ou non qu’on leur ait imposé un tel choix. Je ne sais pas trop sur quels critères les éditeurs se basent pour choisir un illustrateur ; il faudrait plutôt leur demander à eux.

On lit le texte quand on peut parce que parfois, le n’est pas fini.

En ce qui me concerne, on ne m’a jamais rien imposé, si ce n’est le format et la place du titre. Sinon, on est vraiment libre de faire ce qu’on veut. Personnellement, je propose une ou deux idées mais la plupart du temps, on n’a même pas à discuter. Au début, j’en faisais beaucoup mais plus le temps passe, j’en fais une et elle est acceptée. C’est un peu du feeling et dès que la proposition est acceptée, je passe à la peinture.

Votre technique préférée ?

La peinture à l’huile.


Avez-vous déjà illustré un livre que vous n’aimiez pas ?

Il y a un livre où je me suis vraiment demandée comment j’allais faire parce que ça se passait dans le désert et il n’y avait aucune description. Parfois, ce n’est pas une question d’aimer ou pas le livre mais on se demande juste comment on va trouver la petite chose qui pourrait être intéressante à mettre en image.

Quel est le livre que vous avez préféré illustrer ?

Il n’y a pas vraiment de livre en particulier. J’ai beaucoup aimé travailler avec les éditions Nestiveqnen. J’ai surtout beaucoup aimé « La reine des glaces ».

Vous abordez aussi des domaines comme la figurine de luxe et aussi les logos pour portables. Quel cheminement pour arriver là ?

En fait, ce sont les gens qui me contactent. Pour les logos, on m’a contactée en me demandant si ça m’intéressait de mettre des images sur les téléphones. Je n’ai rien eu de spécial à faire… c’est juste un support de plus pour moi comme le sont les marque-pages, des T-shirts. Cela a été la même chose pour les figurines ; on m’a contactée suite à une exposition. La société Idyllis, qui faisait de très belles poupées de collection voulait se lancer dans une gamme de figurines et je trouvais cela intéressant de passer de la « deux dimensions » à la « trois dimensions ».

Le brun est votre couleur préférée, pourtant le bleu y très largement présent. Comment expliquez-vous le peu de rouge et de vert ? Surtout le rouge qui est souvent la couleur « maléfique » dans le fantastique.

Je ne sais pas si vous avez vu l’une de mes peintures, exposé ici … Ce tableau est entièrement rouge. J’adore le rouge, c’est l’une de mes couleurs préférées (d’ailleurs, chez moi, tout est rouge profond) mais c’est une couleur qui est très difficile à peindre à l’huile parce que, pour entrer un peu dans la technique, ces couleurs profondes sont extrêmement fluides et très difficiles à utiliser. Je trouve qu’en peinture, c’est une couleur qui est très agressive et très liée à ce qui est sombre et démoniaque et moi, j’essaie justement de prendre le contre-pied de cela et aller dans la féerie avec les couleurs plus claires ; c’est une vraie démarche de ma part de ne pas trop me laisser aller dans les images sombres.

Vos dessins relèvent en majorité du monde imaginaire. Faites-vous aussi des natures mortes, des portraits ?

Non, j’en ai faites quelques-unes quand j’étais étudiante et j’aimais beaucoup ça. J’aimerais bien en faire mais maintenant, je n’ai plus du tout le temps de faire des choses plus classique.

Outre illustrer les œuvres des autres, vous créez un calendrier et avez un Artbook sorti fin 2008. Des expériences mémorables ?

Oui, le Artbook est quelque chose que je construis dans ma tête depuis au moins 7 ou 8 ans.
Pour moi, c’était important de prendre par la main les gens qui aiment mon travail et de leur expliquer un peu quel a été mon cheminement et que ce n’est pas si compliqué que ça. On y arrive doucement, petit à petit. Moi, j’étais une jeune fille timide qui écrivais tout sur un petit bout de papier, quand je téléphonais aux éditeurs et donc je voulais démontrer que même quand on n’a pas trop confiance en soi, quand on est timide mais qu’on a quand même une petite voix dans la tête en soi qui te dit « Tu peux y arriver », on y arrive et j’avais envie de faire ce cheminement avec mon Artbook.

Le calendrier, c’était le même principe que pour les logos du téléphone et les statuettes ; on m’a proposé et j’ai accepté avec plaisir.

J’ai comme l’impression que vous avez trouvé un vrai complice de plume à votre art de pinceau dans la personne d’Edouard Brasey.

Oui, c’est vrai qu’on s’entend bien tous les deux avec Le Pré aux Clercs et on travaille tous les deux, sur les encyclopédies du merveilleux. Je suis très contente de travailler avec lui.

Avez-vous une anecdote sur votre profession ou sur la création d’une des illustrations à nous raconter ?

J’ai un souvenir très précis de l’une de mes toiles mais ce n’est pas une anecdote très drôle. C’est « Galadriel » qui est un profil dans les tons bleus. J’étais en train de peindre la joue quand j’ai appris à la radio qu’un avion était entré dans les tours du World Trade Center. J’ai mis deux heures avant de me décider d’aller voir les images à la télé parce que je n’arrivais pas à y croire. Je me rappelle que j’ai continué à peindre en pleurant. Cette toile est liée à l’idée des larmes.


Quel est votre auteur d’Imaginaire préféré ?

Orson Scott Card. Que ce soit dans la science-fiction ou dans la fantasy…« La Stratégie ‘Ender’ », « Alvin le Faiseur » …

Quel est votre auteur de littérature générale préféré ?

J’aime bien Amélie Nothomb, Anna Gavalda pour ce qui est des livres récents mais celui qui m’a réellement amené à la lecture, c’est Alan Poe.

Quel est votre roman d’Imaginaire préféré ?

« Les chroniques d’Alvin le Faiseur » ou « La stratégie ‘Ender’ », sans hésitation.

Quel est votre roman hors fantastique préféré ?

J’aime beaucoup les livres d’Amélie Nothomb ; c’est toujours une surprise. Il n’y a pas vraiment de titre qui me vienne à l’esprit.

Quel est votre film d’Imaginaire préféré ?

Là, y en a un beaucoup. Le premier qui m’a complètement estomaqué, c’est « Dark Crystal », puis « Legend », « Blade Runner »… incroyable…

Quel est votre film hors fantastique préféré ?

« La ligne verte ». C’est un petit peu fantastique mais ce n’est pas ce côté-là qui est marqué. C’est l’aspect humain.

Quel est votre principal trait de caractère ?

Je suis patiente.

Qu’est-ce qui vous énerve ?

Les machines qui ne marchent pas. (Rires. NDLR : Sandrine Gestin venait de perdre une heure à chercher un distributeur d’argent à travers toute la ville, le plus proche ne fonctionnait pas !)

Outre l’écriture, quels sont vos hobbies ?

L’équitation et les animaux en général ; j’ai 3 chats, 1 chien et 2 chevaux.

Quel est le don que vous regrettez de ne pas avoir ?

J’aurais aimé faire plus de musique.

Quel est votre rêve de bonheur ?

Avoir des enfants.

Par quoi êtes-vous fasciné ?

Les animaux parce que pour moi, c’est un mystère. Quand je regarde mon chien dans les yeux, j’essaie de comprendre jusqu’où va son intelligence, jusqu’où va sa compréhension et jusqu’où on peut communiquer, dans les gestes ou dans les mots et je crois que si je n’écrivais pas et ne peignais pas, je travaillerai avec les animaux.

Vos héros dans la vie réelle ?

Pas de Héro en particulier. J’essaye d’être l’héroïne de ma propre vie…

Si vous rencontriez le génie de la lampe, quels vœux formuleriez-vous ? (3)

Le premier, c’est d’être heureuse jusqu’à la fin de ma vie ; je n’en aurais pas besoin d’autre parce que quand on est heureux, on est comblé.

Votre vie est-elle à l’image de ce que vous espériez ?

Je n’ai vraiment pas fait de rêve. Sur certains aspects, ma vie est mieux que je ne l’aurais espérée parce que je n’aurais pas pensé trouver tout de suite l’homme de ma vie. Or, je l’ai trouvé très tôt dans ma vie et nous sommes toujours heureux ensemble….
Je n’aurais pas osé rêver vivre de mon métier et c’est le cas maintenant. Il y a donc beaucoup de choses qui sont arrivées et qui sont mieux que ce que j’aurais pu oser rêver.
Par contre, j’aimerais habiter un manoir, ce qui n’est pas encore le cas.

Citez-nous 5 choses qui vous plaisent.

- la nourriture japonaise, surtout les sashimis saumon

- les animaux

- la musique de Lisa Gerrard et de Loreena Mac Kennith

- les forêts bretonnes

- Tous ce qui est celte…

Cinq choses qui vous déplaisent

- les machines qui ne fonctionnent pas

- la viande rouge

Beaucoup de choses me déplaisent et, fondamentalement, je trouve qu’il y a toujours du bon dans le mauvais. J’essaie souvent de voir le bon côté, même dans les mauvaises choses. Quand on s’énerve sur quelque chose, ça veut dire qu’on n’est pas encore maître de soi-même.

Par exemple, il y a quelques temps, j’ai eu un petit accident avec ma voiture mais je n’ai pas été blessée, donc il n’y avait pas lieu de s’énerver....

Last but not least une question classique : vos projets ?

Continuer les encyclopédies qui sont en cours. Là, on travaille sur le tome 2 de « L’encyclopédie du légendaire » avec Edouard Brasey. Il va également y avoir un calendrier 2010, des agendas du merveilleux : un scolaire et un normal. Enfin, pour Noël, il y aura un nouveau livre chez Au Bord des Continents…

Type: