FERNANDEZ Fabien

Ce recueil de nouvelles, rassemblées par Nathalie Dau, surprend par l’érudition qui émane dès la préface d’Helène Pedot. Au fil des tambours, on parcourt les histoires à la découverte d’autres cultures.

Dans le Londres du XIXe siècle, il se trame dans le brouillard des faits étranges et fantastiques. Manfred, psychiatre et criminologue, accompagné de son ami Wolfgang, impulsif dandy mystérieux aux aptitudes encore plus mystérieuses, enquêtent et découvrent ce qu’il se cache sous le vernis apparemment lisse du réel. Des souterrains londoniens aux sombres dédales vénitiens en passant par les plaines glacées et sauvages d’Amérique du Nord, ils rencontreront des créatures aussi effrayantes que fascinantes et réaliseront que les mythes ne meurent jamais : ils se métamorphosent.

Voici un roman fantastique qui prouve qu’il est possible de traiter un sujet somme toute classique, la vengeance posthume d’une femme assassinée, et de réussir un récit bien écrit et intéressant.

Polar ou thriller fantastique, ou début d’une série d’aventures d’une nouvelle héroïne chargée de résoudre des problèmes mi-policiers mi-surnaturels, ce roman est situé dans le cadre particulièrement sinistre de Ciudad Juarez, ville trop célèbre par la multiplication des crimes contre des femmes, que ce soit pour des reventes d’organes, pour des raisons sexuelles ou liées à la lutte entre les cartels de la drogue. Le tout avec la passivité ou la complicité des policiers locaux, misogynes, corrompus ou apeurés de devoir s’attaquer à des gangs puissants.

Une histoire de vampires qui se cherchent et veulent s’allier contre un ennemi commun, paru en 2008 au Calepin jaune et enrichie ici d’autres textes où les vampires apparaissent, sans doute, sous des angles différents. Aux autres récits vampiriques de Charlotte Bousquet, les Contes du clair de lune, dont les vampires sont variés et ont d’autres motivations que Ambre et Lazzo, les auteurs de ces lettres du roman principal, s’ajoutent aussi des oeuvres de Gabriel Triest, Estelle Valls de Gomis, Justine Niogret, Jean Marigny, qui toutes nous offrent des visions différentes du thème.

Londres, époque victorienne. Manfred Gladstone est un jeune psychiatre renommé, directeur d’un asile dans la périphérie de Londres. Son ami Wolfgang Bloodprint est un homme dérangeant aux réactions surprenantes, une sorte d’aristocrate dandy rentier. Wilhelmine est l’intendante de ce dernier, un peu sorcière sur les bords. Quand débarque Ernest, étrange souris d’un mètre de haut douée d’intelligence et de la parole, nos trois amis ne sont aucunement surpris.

Voici un recueil deux fois remarquable. Par la qualité des textes d’abord, mais aussi par sa thématique absolument originale. Le projet « L » comme ’Elle’ ou...’Hell’ (enfer) évoque, comme le dit la préfacière, Léonor Lara, les femmes, leurs blessures, leurs combats. Anthologie féministe ? Non, anthologie de défense des femmes, de leur statut, de leur dignité, assombrie, démolie par la violence conjugale, l’excision (lire La Bouche de Nathalie Dau, très gore) ou le crime d’honneur, pour ne citer que quelques éléments de leur situation dans la société actuelle. Thématique dure, évidemment.