Confessions d'un barjo

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Ce roman, l'un des rares romans non-SF que Dick ait pu faire paraître de son vivant, n'en comporte pas moins les principales obsessions de ses autres livres et cela fait un effet bizarre de le découvrir juste après avoir relu Le bal des schizos, avec lequel il partage plusieurs thèmes : le non-héros narrateur (en fait narrateur principal, car les autres personnages sont acteurs principaux, mais parlant à la troisième personne, d'un certain nombre de chapitres) confronté à une femme égoïste et tyrannique, ici la sœur du « barjo » ; les questions sur la réalité et sur la santé mentale des personnages et sur celle de la société entière.

Le dit narrateur principal, Jack Isidore, perdu dans ses obsessions, ses collections et ses fantasmes, mais incapable de conserver un vrai travail et de s'occuper de lui-même, va être recueilli par sa sœur Fay et son beau-frère Charley. Et va assister de manière passive à la désagrégation de leur couple, alors même qu'il est lui-même convaincu de la fin du monde imminente causée par une attaque extra-terrestre qui ne laissera que quelques survivants élus par ceux-ci. Mais si cette fin du monde n'arrive pas à la date annoncée et si Jack se trouve amené à une prise de conscience de sa propre folie, la crise entre Fay et Charley et ses conséquences obligent lecteur et narrateur à se demander qui est le plus « barjo » des différents personnages.

Un roman assez réussi, qui aurait facilement pu être publié comme une histoire de SF – il aurait suffi de présenter les extra-terrestres comme réels –, mais qui n'a que plus de force en gardant sa forme réaliste. Et qui montre que les problèmes abordés dans les romans de SF, tout compte fait, les mêmes que dans ce roman, n'ont rien d'irréel...

 

La postface sur l'influence de P. K. Dick sur le cinéma comporte des analyses intéressantes des qualités des adaptations reconnues d’œuvres de Dick. Mais à vouloir considérer comme « dickien » tout film qui aborde les problèmes de réalité, de perception, de désordres mentaux, paranoïa, schizophrénie ou de simulacres, même quand il s'agit d'adaptations d'œuvres d'autres auteurs qui ont traité des mêmes thèmes, Sam Azulys fait, à son tour, preuve d'une généralisation obsessionnelle : Dick n'est pas propriétaire exclusif des thèmes qu'il a abondamment traités, mais que d'autres auteurs et d'autres penseurs ont abordés de manière parfois proche, parfois très différente. Et une partie des films proposés ne doivent rien, ou peu, à Dick. Cette postface rappelle avec justesse l'importance des adaptations d’œuvres de Dick mais il faut quand même en refuser une partie des affirmations à mon avis excessives...

 

Confessions d'un barjo, par Philip K. Dick, traduit par Nathalie Mège, J'ai lu N° 10591, 2014, 303 p. + postface de Sam Azulys « Panorama sur le cinéma dickien », 6 €, ISBN 978-2-290-03386-9

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