Trilogie de l'espace (La)

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Derrière ce titre se cachent trois romans d’Arthur C. Clarke parus entre 1951 et 1955. Il s’agit de Les iles de l’espace, Les sables de Mars et Lumière cendrée. Trois histoires que Milady a eu la bonne idée de réédité sous la forme d’une intégrale en format poche (mais la poche doit être grande). Reste que cette initiative peut combler la disparition de la collection "Trésor de la science-fiction" chez Bragelonne. Je dirai même que ce serait une excellente idée de nous rééditer les classiques du genre en intégrale Milady. Le format est pratique et le prix démocratique. Si on peut y insérer une plus longue préface, un petit essai, une ou deux nouvelles, ce serait magnifique.


Il s’agit ici des premiers livres de science-fiction de Clarke. Dès le début, on constate qu’il se focalise principalement sur la hard science. Ses histoires sont plausibles et se basent sur le développement de la technologie des années cinquante et suivantes. Si on ne tient pas compte du côté naïf de ces histoires, Clarke reste un excellent visionnaire. Ce qu’il décrit n’est malheureusement toujours pas réalisé par notre civilisation. C’est comme si nous ne nous intéressions plus à l’espace.

Donc, voici trois romans de science-fiction qui ont plus d’un demi-siècle. Sont-ils encore lisibles ? Eh bien oui ! Mais il faut les lire en tenant compte du contexte de l’époque. Disons qu’il s’agit davantage de livres qui s’adressent à un public d’adolescents qui veut découvrir les vicissitudes de la conquête spatiale.

Les iles de l’espace

Ce livre raconte l’histoire d’un adolescent qui gagne un jeu télévisé. Son prix, un séjour dans l’endroit de ses rêves. Et lorsqu’il indique qu’il veut aller dans la station spatiale la plus proche de la Terre, il surprend les organisateurs du concours, car ce voyage coute dix fois ce qui était prévu au départ. L’adolescent va donc connaitre les joies de l’apesanteur et de la vie à bord d’une station spatiale. Il aura l’occasion d’embarquer à bord d’une fusée et de voyager dans le système solaire. Récit typique des années cinquante, un peu comme Robert Heinlein savait le faire. Gentil, mais pas impérissable.

Les sables de Mars

C’est le cœur de cette intégrale et aussi le meilleur des trois romans. Un écrivain fait partie de l’équipage de l’Ares, un vaisseau qui se rend sur Mars. Là-bas, une petite ville existe déjà. Lors d’une expédition qui fait suite à une panne d’avion, notre écrivain va découvrir des Martiens, sorte de kangourous. L’équipe sur Mars développe aussi un projet secret : transformer un des satellites de Mars en soleil. Livre intéressant, toujours basé sur des technologies réalistes, comme Clarke sait le faire. Ici aussi, l’auteur nous décrit tous les problèmes qu’une telle aventure entraine. Problème humain, problème technologique, problème de société. Aujourd’hui, on lira davantage un livre de Bova, Robinson ou Baxter. Mais Clarke a le mérite d’avoir été un des pionniers.

Lumière cendrée

Ce roman nous fait visiter les installations lunaires au XXIIème siècle. La Terre et la Lune doivent faire face à la Fédération, constituée des autres colonies spatiales dans le système solaire. En dehors de visiter la Lune, ce roman se traine. Il faut attendre les cinquante dernières pages pour que l’histoire démarre enfin. C’est le plus mauvais livre de cette intégrale. Le conflit se déroule tellement vite que le lecteur risque de rester sur sa faim. Et la seule issue à cette histoire, c’est que la Terre et ses colonies dissidentes doivent s’entendre pour pouvoir évoluer conjointement. Un livre qu’il est préférable de lire en diagonale !

Dans les trois romans, on remarque que la colonisation de l’espace a déjà commencé. L’adolescent embarque à bord de stations spatiales et vaisseaux déjà en fonction depuis longtemps. Il en est de même sur Mars où une petite ville existe déjà. Les installations lunaires sont aussi bien implantées dans le dernier livre. Donc, un univers cohérent qu’Arthur C. Clarke nous fait découvrir.

Personnellement j’aime bien ce genre de réédition sous un format intégral, Omnibus, de classiques de la science-fiction (parfois dépassés). Cela permet aux nouvelles générations de se familiariser avec les auteurs et les livres qui ont été à l’origine du genre. Avec Arthur C. Clarke, c’est principalement la hard science qui est à l’honneur. La conquête spatiale et la rencontre avec d’autres civilisations ont toujours été sa préoccupation majeure. Son principal défaut est un manque évident de chaleur dans ses livres. Les rapports humains ne sont pas vraiment très développés, et c’est ce qui m’a toujours déplu chez lui. Tout n’est pas que technologie.

Il y a de fortes chances que si vous aimez lire les auteurs contemporains de science-fiction, vous allez trouver cette intégrale dépassée. Et c’est normal. Mais le but ici est bien de proposer aux lecteurs trois livres qui ne sont plus disponibles, si ce n’est en occasion dans diverses éditions. À travers ces trois livres, on remarque que 2001 l’odyssée de l’espace ou Rendez-vous avec Rama suivent la même démarche intellectuelle chez Arthur C. Clarke. Même un peu dépassés, ces livres contiennent encore l’esprit d’aventure, de conquête qui nous fait défaut dans le domaine spatial. Aujourd’hui, on optera davantage pour des auteurs comme Stephen Baxter ou Alastair Reynolds qui sont plus en phase avec ce qu’on recherche. Mais avant eux, il y avait un certain Arthur C. Clarke.

Je ne voudrais pas oublier Manchu qui illustre cette intégrale avec le vaisseau des sables de Mars. Comme d’habitude, il nous livre une illustration qui colle parfaitement à l’histoire.

À conseiller à ceux qui veulent découvrir l’auteur à travers ses premiers romans. À conseiller aussi aux nostalgiques de cette époque. En tout cas, une intégrale intéressante pour qui veut se remettre dans le contexte de l’époque où ces textes ont été écrits.

La trilogie de l’espace d’Arthur C. Clarke, Milady, 2011, 715 pages, illustration de Manchu

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