Feu de Dieu (Le)

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Franx est un homme averti. Les désordres météorologiques, la planète en surchauffe et l’étude des textes anciens lui font pressentir une catastrophe écologique qui mettra en péril l’humanité.

Anticipant les évènements, Franx a transformé sa ferme, "Le feu de Dieu" en une sorte d’Arche de Noé à la façon des survivalistes, mouvement en vogue aux Etats-Unis et ailleurs alors que la guerre froide menaçait.

Franx a tout prévu sauf l’heure de l’extinction des feux.

Et ne voyant rien venir, ses compagnons d’infortune le lâchent peu à peu. Vivre dans l’attente du pire met les nerfs à vif. Dans son arche, devenu un bunker pour une communauté qui ne s’est pas vraiment choisie pour vivre ensemble mais par réaction à une paranoïa, tout se délite. Les uns ont décidé de jeter l’éponge et de reprendre le chemin des villes. Tant et si bien, que même Franx est prêt à renoncer à son projet de survivance rien que pour sauver son couple.

Alors qu’il est à Paris pour organiser un séjour de vacances pour sa famille, la réalité le rattrape. Sa femme et ses enfants sont seuls dans l’arche-bunker avec Jim, un parasite qui profitait de cette aubaine communautaire pour vivre à peu de frais. Jim, surnommé le
« grax » par les enfants, se révèle alors sous son véritable jour, un dangereux prédateur.

Frank n’a d’autre choix que tenter de rejoindre sa famille alors que le monde s’enfonce dans les ténèbres tant physiques que psychologiques. En chemin, il fera une rencontre lumineuse, une fillette muette, Surya.
La route est longue et difficile. Toutes les infrastructures sont détruites et les humains se comportent comme des prédateurs les uns envers les autres.

Zoé, la fille de Franx, une adolescente de 12 ans, écrit son journal à la manière d’Anne Frank, ce qui nous permet de suivre la réclusion de la famille dans le bunker.

Toute la narration du cheminement de Franx et de Surya nous fait penser à « La route » de Cormac McCarthy.

Comme quoi, quand certaines idées sont dans l’air du temps, chaque auteur les décline à sa manière.

Et incontestablement, j’ai été clouée dans le cœur par Cormac McCarthy, qui est donc toujours à l’esprit en filigrane de ma lecture de Bordage. C’est sans doute la raison pour laquelle je ne me suis pas laissée emportée comme à chaque lecture d’un Bordage.

Mon cœur est resté à distance, en réserve.

Mon autre réserve, c’est le personnage de Franx. Difficile de croire que cet homme généreux ait pu instaurer une communauté tellement rigoureuse qu’elle n’est pas loin de ressembler à une secte.
Néanmoins, pour ceux qui n’ont pas lu « La route », n’hésitez pas à suivre Franx et son errance dans une France dont la géographie est bouleversée. Ce roman sombre est illuminé par des accélérations de battements de cœur.

Le feu de Dieu par Pierre Bordage, illustré par Olivier Fontvieille, Au Diable Vauvert

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