Enfants de Darwin (Les)

Auteur / Scénariste: 
Illustrateur / Dessinateur: 


C’est le genre d’œuvre qu’on aborde avec un respect d’autant plus grand qu’on a déjà lu L’Échelle de Darwin, dont ce livre est la suite, qui raconte l’évolution de la vie des « enfants de Sheva », ces enfants qui sont, peut-être, les premiers représentants de l’espèce qui doit succéder à l’Homo Sapiens Sapiens.

Seulement le lecteur qui parvient à avaler ce nouveau pavé ne peut s’empêcher de remarquer un certain nombre de défauts au livre.

D’abord sur le plan scientifique. Oh, pas pour les hypothèses biologiques sur le fonctionnement des virus, cette partie là est bien étayée et, même si les thèses sur lesquelles s’appuie Greg Bear sont loin d’être confirmées, il n’y a aucun motif de les rejeter, et leur utilisation ne présente aucune incohérence, et le roman ne prétend pas les tester et les prouver.

Non, la science qui est mise à mal à mes yeux, et de façon assez superflue par rapport au reste du livre, c’est la paléontologie. La découverte fabuleuse et totalement invraisemblable qui intervient ici comme un « deus ex machina » est, ici, une remise en cause complète des (trop rares) acquis de la paléontologie. La suspension d’incrédulité nécessaire dans ce livre comme dans tout livre de SF est, là, gravement mise à mal.

Ensuite, le scénario est un peu exagéré ; pour compliquer la situation de ses personnages, Bear a tellement poussé la volonté de refus de l’établissement (gouvernement, sommités scientifiques) et celle de la population, de l’opinion publique, que la fin heureuse du livre en devient totalement irréalisable. Il a trop chargé le plateau des risques pour que le rétablissement de l’équilibre soit possible. Que le gouvernement, le Bureau de gestion des urgences, puisse laisser survivre une communauté Shevite organisée et cachée dans une ville morte n’est pas imaginable, dans notre monde de satellites espions, de drones et autres procédures de recherche. Et les ellipses, le fait que le roman se déroule en plusieurs périodes séparées par une évolution non surveillée de la situation, aggravent le sentiment d’invraisemblance. En tant que roman, celui-ci n’atteint pas un niveau de qualité scénaristique acceptable.

D’autre part les rares aperçus de ce qui aura changé chez les Shevites par rapport à l’Homo Sapiens Sapiens sont trop succincts et trop flous ; bien sûr, présenter des post-humains est normalement impossible, mais, du seul fait qu’il ne s’agit pas vraiment de montrer la société post-humaine, mais bien l’interface entre la société humaine et la nouvelle société, il est indispensable de « lever cette indétermination » (comme on dit en maths).

Ceci étant, le thème est tellement intéressant, je dirais même important, que, malgré ces défauts pourtant majeurs, le livre reste un des plus intéressants depuis longtemps.

Les enfants de Darwin, de Greg Bear, illustration Jackie Paternoster, Livre de Poche n° 27014, 640 p.

Type: