Récidive

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Il fut un temps ou Hanah Baxter s’appelait Hanah Kardec, vivant son existence insouciante de petite fille à l’abri des murailles de la cité corsaire de Saint Malo. Jusqu’à ce qu’un jour, pour une raison qu’elle ignore, Erwan Kardec tue son épouse, sa mère, et l’enterre dans le jardin. Traumatisée, la petite fille finit par le dénoncer et Kardec est enfermé au centre pénitentiaire de Rennes. La jeune Hanah est recueillie chez les religieuses, avant de partir à sa majorité. Elle refait sa vie aux Etats-Unis et devient la profiteuse que l’on connait.

Debut 2014, Erwan Kardec sort de prison après vingt-cinq ans passés derrière les barreaux. Libération anticipée en raison d’une maladie au stade terminal. Encore nourri d’une haine féroce envers celle qu’il estime responsable de sa captivité, Kardec ne rêve que de vengeance. À New York, Hanah, qui a appris la libération du monstre, sait qu’elle n’a pas le choix : si elle veut connaître la vérité, elle doit se rendre en France et se confronter une ultime fois à son père…

 

En 2015, je découvrais la profiteuse Hanah Baxter dans une terrible histoire de trafic d’albinos au Kenya. Dès les premières pages, j'étais sous le charme, parce que Sonja Delzongle avait su créer un personnage atypique dans le monde du polar. Nous étions loin des clichés des héros surfaits, invincibles, sourire Colgate et gâchette facile, mais aussi des alcooliques récurrents en proie à leurs démons internes. L’auteure nous dressait le portrait d’une femme dans la quarantaine, accro à l’héroïne et à son pendule, homosexuelle, à la fois forte et fragile. Pour moi, c’est un carton. Sa force réside justement dans cette atypie. Dans Récidive, Hanah a vieilli, on la sent peut-être plus posée, plus réfléchie, à un carrefour de son existence (changements relationnels, envie d’un tatouage…). L’occasion pour elle de découvrir enfin son passé, voire qui elle est réellement.

Mené de main de maitre, Récidive tire aussi sa force dans la double narration : passé pour Hanah et présent pour Kardec, les chapitres s’alternant  et conférant une sorte d’inéluctabilité à l’affrontement. Tandis qu’Hanah vit sa vie de citoyenne new-yorkaise, son père sombre dans la folie (mais l’avait-elle seulement quitté ?). Si la rencontre entre ces deux êtres ne survient que dans les derniers chapitres, l’affrontement est déjà tangible sur le papier.

Sonja Delzongle installe un climat noir, très noir, dont on se dit que personne n’en sortira tout à fait indemne. Un récit brillant. À l’instar des Anglo-saxons, qui qualifient certaines de leurs auteurs de « reines du polar », comme Camilla Lackberg, PD James , Patricia Cornwell ou Mo Hayder, Sonja Delzongle n’a pas à rougir de son talent qui la met à mon sens parmi nos meilleurs reines françaises du polar. Et forcément, la dernière page tournée, on en redemande.

 

Récidive - Sonja Delzongle - Editions Denoël 2017

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