Nathy 02

Auteur / Scénariste: 

Vous nous revenez enfin avec un dyptique Sang d’ombre dont le tome 1 sort en numérique ce 2 juillet et en broché le 17 septembre. Pourquoi ce silence ?

Enfin ? Mon dernier livre n’a que deux ans… Entre-temps, j’ai travaillé au tome III de Dark-Side et je suis en train de le revisiter complètement, la première version ne me satisfaisant pas.

Mais le nerf de la guerre, c’est le temps. Quand j’en ai marre de ne pas écrire, je me pose et je m’impose de le faire, même si c’est au détriment d’autre chose. Les journées ne font que 24h.

 

Question traditionnelle : comment êtes-vous entrée en écriture ?

Oh là… En réalité j’ai toujours aimé l’écriture, mais j’ai arrêté pendant des années. Comme beaucoup d’ados, j’ai griffonné quelques trucs accompagnés de dessins. Puis, j’ai déménagé et j’ai arrêté d’écrire pendant des années. Au milieu de la trentaine, l’envie est revenue. J’étais fascinée par le côté immortel qui traverse les siècles, les époques, les civilisations. J’avais donc dans l’idée d’écrire une histoire avec un personnage qui traverse les époques… mais je n’étais pas sûre d’y parvenir. J’ai même demandé à un copain s’il était intéressé pour écrire sous ma direction en gros. Et puis, ça ne s’est pas fait, mais il m’a demandé pourquoi je ne m’y essayais pas. C’est comme ça que je me suis lancée et que ma nouvelle La chasse a vu le jour, puis j’en ai rédigé une autre… jusqu’au jour où je suis arrivée sur le forum de « The Dark Moon » qui était consacré au roman éponyme. Parmi les membres, plusieurs filles écrivaient, toutes des férues de romans fantastiques, et surtout de bit-lit.

À vrai dire, le côté bonenfant du l’immortel sexy m’agaçait un peu. Je me suis alors dit que j’allais leur écrire une nouvelle où le vampire est certes attirant, mais pas le gentil chevalier servant. C’est ainsi que Cathal et Dark-Side ont vu le jour.

 

Pourquoi être résolument tournée vers cet univers fantastique ?

Peut-être parce qu’il me correspond. J’aime le genre fantastique, la fantasy et la science-fiction depuis mon enfance. C’est pareil côté graphisme. Donc, pour moi, la démarche allait quasiment de soi. Et puis, j’avais envie d’utiliser un vampire intemporel qui sorte de la mode bit-lit… Mon projet de livre remonte à une quinzaine d’années environ. J’ai fait des recherches, j’ai fréquenté quelques communautés de vampyrs sur le net et d’autres, tous consacrés à des thèmes surnaturels.

 

Quels sont vos auteurs de prédilection ? Et pourquoi ? Vous ont-ils d’une quelconque manière influencée dans votre écriture ?

Hormis le fait que j’aime la littérature du XIXe, surtout le côté romantique, mais aussi fantastique de cette époque, j’ai aussi lu pas mal d’auteurs de la première moitié du XXe. Je suis un peu dépassée par la littérature actuelle, je l’avoue. Puisque j’écris des romans vampiriques (entre autres), beaucoup doivent s’imaginer que je lis un tas de bit-lit. En fait, je ne connais pas la plupart des auteurs du genre ; il en va de même pour la romance.

 

Les auteurs qui m’ont le plus marquée et dont j’ai lu et re-relu les ouvrages en ma possession… Il y en a quelques-uns…

De Baudelaire à Maupassant, en passant par De Nerval ou Edgar A. Poe. Les auteurs qui m’ont véritablement marquée sont, dans le désordre, Abraham Meritt, Jean Ray, Lovecraft, Koontz, Raymond Feist et Sire Cédric, sans oublier Anne Rice…

D’ailleurs, et je pense que ça peut porter à sourire, j’ai longtemps été fâchée avec les vampires. C’était ma petite phobie perso jusqu’à ce que j’ouvre Entretien avec un vampire. J’avais lu Stoker parce que j’avais éclusé la bibliothèque de ma sœur et qu’il ne restait que celui-là. Je n’aimais pas les histoires de vampires, mais alors pas du tout… J’avais bien regardé quelques films comme Les prédateurs ou Vampire, vous avez dit vampire, mais, en gros, ça s’arrêtait là. Donc, si aujourd’hui, j’écris des histoires de vampires c’est, entre autres, la faute de Anne Rice.

 

Que lisez-vous pour le moment ?

En fait, je lis de tout au gré de mon humeur. Quand j’ai envie de lire un truc léger qui ne me prend pas la tête juste pour m’évader, mais sans prétention, je prends de temps en temps un roman de bit-lit… Attendez, il faut que je regarde le titre, j’ai déjà oublié… Ah oui c’est la série De mon sang de je ne sais plus qui[1]… Après, j’ai prévu de passer à un auteur français dont je viens d’acheter le livre : Le sang sur la lame d’Olivier Gay… Et je crois que j’ai à peu près 150 e-books en tous genres qui m’attendent…

 

Le peuple ichorien est riche et complexe. Pouvez-vous, en quelques mots, nous décrire la société ichorienne, sa genèse et son organisation ?

La société ichorienne, vaste sujet, il faudrait un livre…

En gros, c’est la société regroupant tous les vampires, quelles que soient leurs origines.

Au sommet, on a les Néos, les vampires primordiaux, en fait. Quoique… si je réponds vraiment sur leurs origines je vais spoiler un de mes futurs livres… Les Néos sont nés au sein d’une civilisation aujourd’hui disparue, celle des Nyréens et des Sotrans, des Hyperboréens, en quelque sorte. Ceux ne sont pas des Homo Sapiens, mais des humanoïdes. Les Néos sont tous nés « vampires » pour une raison mystérieuse.

Après, il y a tous les vampires par contamination, puisque la mutation est due à un rétrovirus. Ceux qui ont ainsi muté sont d’origine humaine, puis il y a les vampires-nés (aussi d’origine humaine) mais dont soit la mère a ingéré du sang pendant sa grossesse soit l’enfant a des ancêtres ichoriens chez ses deux parents… Vive la génétique !

Cette communauté ichorienne est organisée en clans avec, à la tête de chacun de ceux-ci, des dirigeants. Ils sont tous vassaux de celui d’Edern, leur souverain, un Néos qui n’est ni plus ni moins que le prince de Nyrée.

Un Conseil l’aide dans sa tâche, ainsi qu’une armée avec un généralissime : Cathal. Par contre, il existe aussi des vampires indépendants qui ne vivent pas au sein d’un clan, mais tous dépendent d’Edern et du Conseil. La société ichorienne vit dans l’ombre, même si des humains partagent leur quotidien. C’est une société secrète…

 

Quel est votre personnage préféré ou duquel vous vous sentez le plus proche parmi tous ceux que vous avez créés ? Expliquez-nous pourquoi.

Longtemps, mon personnage de prédilection a été Cathal… Peut-être parce que c’est le premier que j’ai créé. Un guerrier brutal, mais droit dans ses baskets, un brin colérique, un peu à mon image, en somme… Et puis, j’ai créé Swann…

Cela va peut-être vous paraître amusant, mais je me sens plus proche de mes vampires que des héroïnes humaines. Nous avons tous notre part de noirceur et, quelque part, il y a un petit peu de moi dans tous mes personnages… Ainsi, je partage avec Swann l’amour de l’art sous toutes ses expressions.

 

Dans quel ordre nous recommanderiez-vous de lire vos écrits (romans et nouvelles) ?

Lucrezia, Dark-Side 1, Dark-Side 2, Anamorphose, Dark-Side 3, Sang d’ombre

En réalité, on peut lire les livres en respectant leur date de sortie, mais, par contre, il vaut mieux suivre les Dark-Side dans l’ordre sous peine de ne rien comprendre. Donc, on peut lire Sang d’ombre sans avoir lu les autres… L’index en début d’ouvrage permet de s’y retrouver.

Funestes murmures, lui, est un recueil indépendant qui n’a rien avoir avec les vampires, pareil pour Couleur de sang.

 

Peut-on qualifier Sang d’ombre de hors série ou, au contraire, occupe-t-il une place particulière dans la fresque que vous êtes en train de réaliser ? Expliquez en quoi.

On peut le lire à part, sans soucis.

 

Swann et Angie sont loin d’être des héros de tout repos, car ils ont leurs travers, et pas des moindres puisque Swann, Prince, brillant juriste et artiste aux multiples talents, est dépendant de diverses substances. Quant à Angie, elle est déchirée et psychologiquement instable à cause de l’horreur qu’elle a vécue. Elle développe par ailleurs une tendance à l’automutilation. Comment vit-on au quotidien avec de tels personnages ? Comment les fait-on vivre et évoluer envers et contre tout ?

Tu en poses de ces questions… (Rires. Je sais… Si je ne posais pas de questions embêtantes, les lecteurs s’ennuyeraient, Nathy…)

Ils sont tout le temps dans ma tête… Je ne risque pas de les oublier… Je pense beaucoup à eux quand je ne dors pas. Et qu’est-ce que je pourrais bien leur faire faire, leur faire vivre… Et puis, ça vient tout seul, au fil de la plume. Mais c’est vrai que, pour moi, ils sont presque vivants. Ils ont tous une histoire, une personnalité. Je les imagine dans diverses situations… J’aime bien torturer mes personnages… Aller chercher ce qu’il y a de plus sombre dans l’humanité, mais aussi ce qu’il y a de plus beau, parfois.

 

Vous préparez le second tome de Sang d’ombre pour mars 2017. Peut-on espérer une éclaircie pour nos héros ?

Ah, ah… Mystère, mystère… Je ne dirai rien…. Motus et bouche cousue.

 

Vous revêtez diverses casquettes : graphiste et illustratrice 3D, auteur, directrice de maison d’édition et vous avez, à l’occasion de la rédaction de Sang d’ombre, ressorti vos crayons… Comment arrivez-vous à cumuler le tout ?

On m’a parfois demandé en plaisantant (j’espère bien) si je n’étais pas un vampire… Attention, je mords.

Comment ? Je ne sais pas. En fait, j’essaie de m’organiser et, surtout, j’ai le soutien des directeurs littéraires de Lune-Écarlate, de mon compagnon et, quand je me rends compte que l’un prend trop le pas sur le reste, je me mets un coup de pied virtuel aux fesses… Sinon, j’aurais cessé d’écrire et la 3D en pâtirait encore plus, par conséquent, mon compte en banque aussi, puisque c’est ce qui paye les factures...

 

C’est une grande aventure et un pari risqué, à l’heure actuelle, de fonder sa propre maison d’édition quand on considère le peu de chance que l’on a face à ces multinationales du best-seller. Racontez-nous la naissance et le parcours de Lune-Écarlate Éditions.

Oui, il y a des jours où je me dis : « Mais, ma pauvre fille, tu es complètement cinglée. Tu n’avais déjà pas assez de choses à faire que d’en ajouter une de plus ? ».

Lune-Écarlate est née… Euh, sur un coup de tête, je sais, c’est pas bien… Dark-Side venait d’être annulé par son éditeur et les lecteurs l’attendaient. Je me faisais un peu harceler, il faut bien le dire… Et je me suis dit ce roman ne pouvait pas rester là, même si, à la base, avant Anamorphose, je n’avais jamais songé à l’édition. J’écrivais très égoïstement pour moi seule.

Bref, j’ai donc décidé de monter cette petite maison d’édition qui devait publier essentiellement du fantastique/horreur et des livres graphiques. Mon compagnon avait monté Cyngen peu de temps avant, et on a réuni les deux maisons…

 

Au départ on ne devait faire que du numérique et, de fil en aiguille, à la demande de Christophe Collins et de mes lecteurs, le papier a vu le jour. Pour finir, en 2015, j’ai signé un contrat d’impression à la demande et de distribution avec Hachette, en espérant que les livres se feraient davantage connaître du public… Pour le moment, cela reste très confidentiel en termes de vente.

 

Votre maison d’édition publie d’excellents auteurs et a récemment élargi la gamme des textes qu’elle propose à la romance et au roman historique. Comment opère-t-on le choix des manuscrits ? Faites-vous des appels à textes ou vous laissez-vous séduire au gré de ce que l’on vous envoie ? Quelle est votre ligne éditoriale ? Comment sélectionnez-vous vos auteurs ?

Je ne pouvais pas tout faire seule. C’était évident, ni même avec mon compagnon. J’ai donc constitué un comité de lecture, puis, avec Marc Bailly, on a mis en place un système avec des directeurs de collection qui gèrent donc leurs choix. Je leur fais confiance. Pour ma part, je ne gère que la collection « Pleine Lune », consacrée aux loups-garous et aux vampires.

Nous faisions beaucoup d’appels à textes. On organise aussi des speed-writing, mais c’est difficile pour les auteurs et, au final, nous avons peu de participants, et encore moins de textes susceptibles de combler le public.

 

Choisir un manuscrit, toute une affaire… Il faut que le style de l’auteur plaise, mais aussi le contenu en lui-même. Donc on regarde tout, l’histoire, le style, la maîtrise de la langue… la pertinence.

Et puis, nous avons eu de formidables correctrices qui sont venues (certaines sont parties) nous aider. Sans leur collaboration, jamais on n’aurait pu sortir tous ces livres, car choisir un texte, c’est bien, mais il y a tout le travail éditorial derrière à faire… De temps en temps, il y a aussi des volontaires qui font des bêta-lectures, il ne faut pas les oublier.

 

Critique de Sang d'ombre ici

 

[1] Ndlr : Amanda Hocking.

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