Soif (La)

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Elise Hermansen, une jeune Norvégienne à la recherche d’une relation via Tinder, est retrouvée chez elle, sauvagement assassinée. Elle semble avoir été mordue cruellement et vidée d’une partie de son sang. Le plus étrange, c’est que son appartement était verrouillé de l’intérieur. Les témoins l’ayant vue rentrer seule sont rares, l’agresseur a pu se procurer ses clés pour lui tendre un piège. Alors que l’enquête patine, un deuxième crime est bientôt commis, avec la même sauvagerie. Le chef de la police demande l’aide de l’ex-inspecteur Harry Hole. Mais celui-ci, désormais enseignant à l’académie, a réussi à vaincre son alcoolisme et ne désire plus que mener une existence tranquille auprès de son épouse à la santé très fragile. Intérieurement cependant, les démons sont toujours présents. Et les traces qu’abandonne le tueur derrière lui font comprendre à Hole qu’un des criminels les plus retors, qui lui a échappé jusque là, est de retour.

Les polars nordiques, les polars où il ne se passe jamais rien de palpitant, serait-on tenté de dire, mais cela est totalement faux, bien entendu. Car il s’en passe des choses dans le roman de Jo Nesbø, visiblement l’auteur de thriller préféré de Michael Connelly (c’est lui qui le dit). Contrairement à la plupart de leurs confrères anglo-saxons et même français, les auteurs nordiques distillent une action lente, pesante, avec cette impression que chaque situation, chaque geste, chaque parole, est soigneusement pesé avant d’être écrit.

J’ai pu constater cela chez des auteurs comme Indridason par exemple, ou Jonasson.  Lire l’un d’entre eux, c’est parfois avoir l’impression de passer du 45 au 33 tours de nos défuntes platines disque. De Nesbø, j’avais lu auparavant Soleil de nuit, un excellent thriller au demeurant. Ici, mieux vaut tard que jamais, je découvre le personnage fétiche de l’auteur, un flic couturé autant dans l’âme et le coeur que dans la peau. Le flic alcoolique dans les polars n’a rien de très original, ici c’est plutôt l’aspect de déchéance physique du personnage, persistant même après l’abstinence, qui est réussie. L’auteur ne se complait pas dans la description sordide de crimes plus sanglants et gores les uns que les autres, il suggère plus qu’il ne dévoile crûment. Hole ne souhaite pas revenir sur le devant de la scène, on le sent réticent, plus spectateur qu’acteur, entouré d’autres policiers qui tentent de faire leur travail.

Le roman recèle de nombreux personnages qui ont tous leur importance dans le récit et qui vont venir se télescoper au cours des pages. On est plus dans le thriller d’introspection que dans le thriller d’action, ce qui rend ce livre d’autant plus réussi puisqu’on ne s’y ennuie jamais.

La soif est ma deuxième incursion dans le monde de l’écrivain norvégien, et du coup ce ne sera pas la dernière. Pour peu que vous vous attachiez plus à la psychologie des personnages qu’à l’action pure et dure, ce livre est sans conteste fait pour vous. Avis aux amateurs !

La soif - Jo Nesbø - Éditions Folio policier - Juin 2019 - Trad. Céline Roman-Monnier

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