Job d'été


Début août, un job d’été vous attend : « The Bank job ». En français, « Braquage à l’anglaise ». Je vous accorde que la traduction n’est pas finaude. « Emploi de banque », c’était mieux. Surtout que là, pas de braquage. Tout se passe en lousdé, cadré au millimètre. A commencer par la mise en scène.

Pour adapter cette histoire vraie, les producteurs ont fait appel à un vétéran, l’australien Roger Donaldson. Oui, l’homme de « Sens unique » et de « La Recrue ». Celui qui sait filmer les faux semblants et dénouer une intrigue haletante avec un final bluffant.

Bien sûr, il faut être attentif au cours de la mise en place des personnages et de l’intrigue, on n’est pas venu ici pour bouffer du pop corn devant les pitreries de deux Bidochons. Il y a du monde à présenter et un paquet d’enjeux à définir. En deux coups de flash-back et trois scènes d’ouverture montés sur une bande son digne de tout film british qui se respecte, Donaldson nous met au parfum et nous happe dans son univers. On sait qu’il va y avoir du sexe, du rock, des morts, des sentiments, de l’action, de la corruption, de la torture, du chantage. Mettez vos enfants à l’abri dans la salle d’à côté qui projette « Wall-E » et savourez le spectacle.


Dans « The Bank job », on s’attache d’emblée aux personnages. Ma préférence va bien sûr à Martine Love, qui, au-delà du fait qu’elle porte le même nom que le personnage de mes romans et qu’elle a un rôle clef dans l’intrigue, est incarnée par la sublime et trop rare Saffron Burrows. Je rappelle aux amnésiques qu’elle campait une scientifique intransigeante dans « Peur Bleue » et une Andromaque magnifique dans « Troie ». Deux yeux immenses sur un visage aussi fin qu’un camée délicieusement durci par des pommettes saillantes qui semblent étirer une bouche sensuelle, un corps élancé vêtu pour la circonstance à la mode des seventies, une héroïne émouvante et froide, carrément Hitchcockienne quand elle embrasse, bref la grande classe.

Je ne dirai pas que le reste du casting est à la hauteur car elle a une tête de plus que les autres, mais qu’il est impeccable, que ce soit chez les voleurs sous pression, les flics corrompus ou les politiciens pervers.

Ah oui, j’oubliais, dans « The Bank Job », il n’y a pas de gentils. On rencontre des vilains, des très vilains et des super vilains. La dose de cynisme faisant la différence. Et lorsque les voleurs vont s’apercevoir que le butin recèle des effets appartenant à des gens qui possèdent beaucoup plus de pouvoir et de méchanceté qu’eux, on relativise leur malhonnêteté et on a très peur pour eux. Comme quoi, on est toujours le gentil de quelqu’un.

« The Bank Job » nous fait vite oublier qu’il est tiré d’une histoire vraie. C’est un atout. Je n’aime pas l’étiquette « inspiré de faits réels » collée par le service marketing.
Ça pue le fait divers, l’intrigue linéaire, les personnages sans charisme, la conformité à la réalité, tout le contraire de ce que doit être le cinéma, n’en déplaise au jury 2008 de Cannes. Le cinéma, c’est du kiss kiss bang bang, de la love story, des sueurs froides. Roger Donaldson nous offre tout ça. « The Bank Job » nous donne envie de vider les coffres d’une banque, de se faire posséder par une femme fatale, d’aimer son épouse et ses enfants, de défier les autorités et de revoir Saffron Burrows en sous-vêtements affronter des requins dans « Peur Bleue ».