BAILLY Samantha 01

Auteur / Scénariste: 

Premier thriller, est-ce une évolution naturelle dans ton écriture ?

Cette évolution découle d’un concours de circonstances : les éditions Rageot cherchaient de nouveaux auteurs pour leur collection thriller jeunesse. Guillaume Lebeau, le directeur de collection, m’a proposé de soumettre un synopsis et c’est ainsi que l’histoire a commencé ! Je ne me serais pas naturellement tournée vers ce genre dans l’immédiat, mais j’ai saisi l’occasion en me disant que c’était une nouvelle expérience, un challenge.

Comment t’es venue l’idée de ce roman ?

Pour la première fois, ce n’est pas un roman qui est né d’une idée obsédante, mais je devais trouver une idée pour faire naître un roman. C’était une situation inédite et j’étais assez déstabilisée. Après quelques mois à tourner et retourner certains axes, j’ai finalement opté pour ce que je fais toujours : empoigner une question viscérale. Le Livre des Mutations étant revenu plusieurs fois comme un motif de mes recherches, j’ai donc décidé d’écrire un roman centré sur l’ambiguïté entre hasard et synchronicité.


Le Yi-King, Le livre des mutations, est indispensable dans ton roman. L’utilises-tu dans ta vie personnelle ? Comment en as-tu pris connaissance ?

J’ai découvert Le Livre des Mutations durant mon Master en Littérature Comparée, lors de la rédaction de mon mémoire sur « Les représentations de la mort dans Peter Pan, L’histoire sans fin et À la croisée des mondes ». En épluchant divers ouvrages théoriques sur À la croisée des mondes, j’ai appris que l’Aléthiomètre de Lyra avait été inspiré par ce manuel chinois. Je me souviens avoir lu et relu ce passage sur les liens entre le Yi-King et Pullman, puis j’ai poursuivi ma rédaction. Ensuite, au cours des années suivantes, j’ai retrouvé plusieurs fois des allusions à cet ouvrage. Je l’ai alors étudié et je me suis en parallèle inscrite à un séminaire sur Jung, Freud et Lacan en rapport avec la pensée chinoise. Une façon d’observer et de comprendre une culture différente sous le prisme de la psychanalyse, mais aussi d’aborder Jung, bien connu pour ses théories de l’inconscient collectif et de la synchronicité, et qui a beaucoup utilisé le Yi-King.

Si je l’utilise dans ma propre vie personnelle ? J’ai d’abord fait de nombreux tests pour À pile ou face, afin de tenter de saisir l’ouvrage d’une très grande complexité. C’était un réel défi de parvenir à intégrer le Yi-King dans un roman jeunesse aussi calibré. Contrairement à mon personnage, je n’attends pas une réponse d’une force supérieure. L’aspect divinatoire n’est pas le plus important du Livre des Mutations. Il s’agit plutôt d’une sorte d’amas de réflexions et de maximes sur l’existence. À mon humble avis, il est plus intéressant de voir le Yi-King comme un support permettant de faire jaillir des réflexions.

Philip K. Dick l’a aussi utilisé dans son « Maître du Haut-Château », t’en es-tu inspirée ?

Eh bien non, puisque je viens d’apprendre quelque chose… Mais du coup, je sais quelle est ma prochaine lecture !

La vie de Samantha Bailly est-elle régie par le hasard ?

Je dirais que ma vie est régie par la passion et que je tente de composer au mieux avec les circonstances !

Est-ce difficile d’écrire pour les adolescents ?

Honnêtement, je ne me pose que rarement la question du public. Un concept me frappe, des images viennent et j’écris. Pour À pile ou face, le contexte était différent : je savais que le roman allait être estampillé jeunesse et qu’il y avait également une contrainte de format dans la collection. Cela pose évidemment la question de l’efficacité, de l’économie narrative, du rythme. En revanche, il était essentiel pour moi de conserver un sujet de fond.

Tu écris dans plusieurs genres, un atout, une difficulté ? Une préférence pour un genre en particulier ?

Ni l’un ni l’autre : une nécessité. J’aime naviguer entre différentes zones, expérimenter des atmosphères, des enjeux. En revanche, j’apprécie d’alterner entre des récits ancrés dans la réalité et d’autres se déroulant dans un monde imaginaire. Cela permet d’actionner des ressorts différents et de faire appel à une autre énergie mentale.

Tes projets ?

Stagiaires est un roman contemporain à paraître en 2014 chez Milady. Il s’agit d’une tranche de vie : un roman, six mois de stage. Pour en savoir plus, j’ai mis en ligne une présentation ici.

Dans un tout autre genre, Souvenirs Perdus est une trilogie de fantasy jeunesse dont le premier tome paraîtra en 2014 chez Syros. Je vous invite à vous rendre sur cet article.

Critique de À pile ou face ici.

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