Almanach des vampires (L') T2

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Étant une grande amatrice de littérature vampirique, j'étais plutôt impatiente de me plonger dans cette anthologie qui se propose de revisiter les plus grands mythes du genre. Dracula, Van Helsing, Carmilla et même Sherlock Holmes ou Fantomas se retrouvent entre les pages de ce recueil, pour le meilleur... mais surtout pour le pire.

Dans l'ensemble, je n'ai pas été convaincue par les nouvelles présentées. J'ai souvent été déçue par le manque d'originalité des histoires et des styles. Le mythe des vampires a été exploré de très nombreuses fois et il me semble d'antant plus ambitieux de reprendre des personnages pré-existants tout en sortant des sentiers battus. Si certains textes, je trouve, y parviennent très bien, je reste déçue par la plupart.

J'ai également été extrêmement surprise par les très nombreuses descriptions féminines dignes d'un SAS qui parcourent ces pages. Je me suis alors penchée sur les auteurs composant cette anthologie pour découvrir que sur 23 nouvelles, moins de 5 avaient été écrites par des femmes, ce à quoi je n'aurais pas fait attention sans ces fameuses descriptions qui rabaissent les femelles à des morceaux de viande propre à faire fantasmer les hommes. Elles sont toutes "d'une beauté extraordinaire", "grandes et sveltes" ou "grandes et élancées" aux "formes parfaites et harmonieuses", aux "traits fascinants" dont les visages ont un "ovale parfait", portent une "combinaison noire qui lui collait au corps" ou des "déshabillés transparents", ont de "pulpeuses lèvres rouges" ou des "lèvres pleines", et des "mamelons doux et fermes" que les hommes palpent et malaxent à loisir et j'en passe. Mention spéciale au texte Les demoiselles de la Minuit qui sous couvert de vampirisme nous expose tous les poncifs du genre en matière de fantasme masculin concernant l'homosexualité féminine. En bref, je ne me suis absolument pas sentie concernée par un certain nombre de textes, ce qui donne quand même à réfléchir sur le manque pathologique d'imagination de certains hommes (pas tous) dès qu'il s'agit de décrire une femme.

 

Pour terminer sur une note positive (quand même), voici les cinq nouvelles que j'ai préférées dans cette anthologie.

5 : La danse de la nuit et de la mort, écrite par Travis Hiltz, pour la rencontre improbable entre le célèbre Fantomas et une petite vampire.

4 : L'aventure du vampire bienveillant, écrit par Frank J. Morlock, qui présente un Sherlock Holmes que j'ai trouvé plutôt convaincant !

3 : Une chambre pour Fingal, de Zatoff. Un texte très court mais percutant.

2 : Tu as dit "vampire", de Dominique Rocher. Un autre texte court mais émouvant et drôle.

1 : À en mourir, de Dola Rosselet. L'ambiance poétique, le style et l'originalité de cette histoire qui s'inspire de Carmilla font de ce texte mon préféré du recueil.

 

L'almanach des vampires, anthologie, illustrée par Mike Hoffman, Rivière Blanche

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Commentaires

Bonjour,

 

Il se trouve que je suis l'auteur des "Demoiselles de la Minuit", et je voudrais préciser quelques points, sans animosité de ma part, par ailleurs.

Déjà, il faut bien comprendre que ce texte est un hommage/parodie aux films de Jean Rollin (En tout cas de ses films de vampires). Tous les éléments de cette histoire sont des allusions à des scènes, des décors,  des situations de ces films. Que ce soit l'homosexualité ambiante, les "voiles transparents" (Récurrents chez Rollin), le château et le cimetière, et la plage de Normandie à la fin. Mais on ne peut bien comprendre cette histoire qu’en connaissant l’univers de Jean Rollin (De même que je traite de façon plus allusive de l’homosexualité féminine dans mon autre texte de cette anthologie « Tu mourras avec délices » : je le fais d’une autre façon, dans l’esprit de « Carmilla » de Sheridan le Fanu).

Ensuite, pourquoi ne pourrait-on pas mettre en scène les fantasmes, masculins ou féminins, qu’on soit homme ou femme ? Le fantastique en lui-même trouve sa source dans nos peurs et nos fantasmes, et en particulier le thème du vampire : fantasme de la beauté éternelle, de l’ambiguïté d’Eros/Thanatos, de l’amour au-delà de la mort. Le vampire, homme ou femme, est une beauté éternelle et mortelle. Après, les hommes fantasmeront plus sur les vampires femmes et les femmes sur les vampires hommes, quand ils sont hétéros, l’inverse s’ils sont LGBT.

Pourquoi est-ce que décrire une femme belle (parce que par essence, un fantasme met en scène une situation idéalisée) serait la rabaisser à être un morceau de viande ? Dans la réalité, qu’on soit homme ou femme, on a du ventre, de la cellulite, les hommes perdent leurs cheveux (j’en sais quelque chose !) ils ne sont pas forcement grands et musclés, ce qui n’empêche pas que  les hommes et les femmes s’aiment avec toutes leurs imperfections. Et pourtant, Il me semble que les femmes fantasment aussi sur des hommes à la beauté idéale, sans pour autant que cela les réduisent à de la viande. J’imagine mal un fantasme féminin sur un petit chauve ventripotent et maniaque,  je trouve ça normal, ça ne rabaisse pas les hommes réels. Et d’ailleurs dans la réalité, Les hommes et les femmes au corps parfait peuvent exister un temps très court dans leur vie, mais, les vampires, que je sache, ça n’existe pas. Ne mélangeons dons pas le réel et l’imaginaire.

Il s’agit de respecter les femmes autant que les hommes dans la réalité, mais de laisser la liberté à l’imaginaire. J’espère que je n’ai pas été trop embrouillé dans mes explications.

 

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