Mysterium

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Tout allait bien à Two Rivers, cette petite ville du Michigan. Tout allait bien, c’est-à-dire qu’il ne s’y passait pas grand-chose. Jusqu’au jour où le gouvernement y installa cette espèce de base, sur le site de l’ancienne réserve indienne. Usine d’armement ? Laboratoire de recherche ? Au début, on a pensé que ça ferait redémarrer l’économie, que ça créerait des emplois. Mais non. Le personnel arrivait par camions, était parqué dans des baraques, ne se mêlait pas à la population. Bizarre... Inquiétant, même.

 

Et puis, ce soir-là... Un immense éclair dans le ciel. L’orage ? Non, ce n’était pas la saison. Le lendemain, ébahis, les habitants de Two Rivers découvrirent qu’ils étaient coupés du monde. Leur ville se terminait net, en bordure de forêt. C’est alors qu’apparurent les avions. De vieux coucous de la dernière guerre...

Mysterium n’est pas un des premiers romans de Robert Charles Wilson, mais j’ai l’impression que ce roman possède encore les hésitations et imperfections d’une œuvre de jeunesse...

Wilson débute pourtant sur les chapeaux de roue, nous offrant un récit fluide et très prenant. Je l’ai d’ailleurs commencé après avoir bloqué pendant deux jours sur le début du Fleuve des Dieux et je dois dire que la différence d’écriture est énorme. Celle de Wilson est peut-être parfois un peu « simpliste » (dans le sens peu élaborée, ne vous énervez pas comme ça), mais tellement agréable qu’elle emporte dès la première phrase.

La première partie du roman reste dans cette veine et je me voyais déjà emportée dans une histoire épique que je ne pourrais plus lâcher et qui deviendrait même peut-être un de mes romans préférés de l’auteur. Cependant, j’ai déchanté à la deuxième partie pour ne plus réussir à vraiment entrer dans le récit par après. C’est que pour une fois, Wilson se laisse dépasser par ce qui est sa qualité principale en règle générale : il s’occupe beaucoup trop des personnages et laisse complètement de côté l’explication de son « nouveau monde » qui aurait mérité tellement plus que de simples détails historiques, religieux et vestimentaires. Sans oublier que je n’ai pas réussi à croire un instant à l’explication scientifique donnée au « phénomène », ce qui peut n’être qu’un détail, mais qui reste quand même assez râlant.

Dès lors, je suis sortie déçue de ce roman, même si sa lecture en a été plaisante et que je ne me suis pas ennuyée. C’est que j’ai eu l’impression que, pour une fois, Wilson n’a pas eu le courage de complètement embrasser l’univers qu’il a créé. Mysterium aurait pu être tellement énorme, une sorte de Darwinia à l’envers et en plus hallucinant. Et puis pour finir, non, ça reste juste une petite aventure humaine perdue dans un monde que nous ne comprendrons certainement jamais. C’est tellement dommage...

Au final, Mysterium est un livre agréable, qui se lit vite et bien, mais qui m’a laissée sur ma faim. Une petite déception qui n’a pas pris la mesure de celle d’Ange Mémoire (l’unique roman de l’auteur que je n’ai pas aimé), mais qui n’en reste pas moins la seule autre que j’ai eu avec cet écrivain.

Mysterium de Robert Charles Wilson, traduction de Pierre-Paul Durastanti et Gilles Goullet , illustration de Yayashin, Folio SF, 403 p.

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