Julian

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Apostat. Fugitif. Conquérant. Il s’appelle Julian Comstock ; il est le neveu du président des États-Unis.

Son père, le général Bryce Comstock, a été pendu pour trahison (on murmure qu’il était innocent de ce crime). Julian est né dans une Amérique à jamais privée de pétrole, une Amérique étendue à soixante états, tenue de main de maître par l’église du Dominion. Un pays en ruine, exsangue, en guerre au Labrador contre les forces mitteleuropéennes, pour les dernières ressources naturelles.

On le connaît désormais sous le nom de Julian l’agnostique ou (comme son oncle) de Julian le Conquérant. Ceci est l’histoire de ce qu’il a cru bon et juste, l’histoire de ses victoires et défaites, militaires et politiques.

Fresque post-apocalyptique, western du XXIIesiècle, fulgurant hommage à Mark Twain, Julian est le plus atypique des romans de Robert Charles Wilson. Une réussite majeure et une critique sans concession des politiques environnementales actuelles.

Robert Charles Wilson est un auteur qui ne cesse de me surprendre : tout en maintenant un niveau d’écriture qui me semble être d’une sacrément bonne qualité, il arrive à diversifier et différencier de manière parfois étonnante ses histoires (chose rare s’il en est). Il remet ça avec Julian, qui ne ressemble à rien de ce qu’il a pu faire jusqu’à présent (ou plutôt à rien de ce que j’ai déjà lu de lui), et par l’ambiance, et par le sujet.

Julian parle d’un futur post-apocalyptique qui, pour modèle de reconstruction après la disparition du pétrole et autres catastrophes, a pris le XIXe siècle, ses technologies naissantes, ses castes et son sentiment religieux. Et sa manière de faire la guerre.

Avant de parler sérieusement de ce livre, je voudrais aborder quelques points négatifs qui ont fait qu’au lieu d’adorer ce roman, je l’ai « juste » aimé. Le premier est un détail de rien du tout, mais qui m’a agacée tout du long : Julian est donc qualifié de nombreuses fois d’apostat, et ses actes d’apostasies. Très jolis mots, mais la définition que je connais d’apostat est celle parlant d’une personne qui a renié sa religion, et plus particulièrement la foi chrétienne. Un infidèle mais qui a été fidèle à la base, et qui s’élève maintenant contre sa religion. Or, d’après ce que j’ai compris, Julian n’a jamais cru en la religion chrétienne, il est agnostique. Dès lors, comment pourrait-il être apostat ? C’est un tout petit point de détail, peu significatif quant au reste de l’histoire, mais il m’a quand même froissée, vu la fréquence d’utilisation de ce mot. Hérétique aurait mieux convenu je trouve. Mais bon, monsieur Wilson devait avoir ses raisons...

Le second défaut n’est plus anecdotique ou personnel, il m’a un peu plus freinée pendant ma lecture. J’ai beaucoup aimé ce livre, mais je l’ai trouvé par moment trop didactique, parfois même trop simpliste dans certains développements. Il se complexifie au fur et à mesure de l’histoire, de manière appréciable même, mais de nombreux points restent parfois un peu trop prévisibles et « faciles » (bien que je soupçonne cela d’être entièrement voulu, histoire de coller aux récits auxquelles ce livre rend hommage). A cela se rajoute le fait que certaines notes en bas de page du narrateur ne sont là que pour expliquer, souvent de manière inutile, des détails ou stratégies abordées dans l’histoire. Cette redondance m’a un peu agacée. Non, pas agacée, déçue, parce que ça donne l’impression que l’auteur n’a pas confiance en la capacité de compréhension et d’interprétation du lecteur, même si c’est dans le cadre d’une mise en scène « pour faire comme si » dans laquelle l’auteur s’adresse à un lecteur du XXIIe siècle (qui n’a donc pas les mêmes connaissances que nous).

Mais passons ces défauts, car ils ont été largement contrebalancés par le plaisir que j’ai pu avoir à lire ce roman. Les parties II et IV mises à part (consacrés à la guerre), j’ai été complètement happée par l’histoire, racontée de manière délicieuse par l’auteur qui transforme ce XXIIe siècle en un XIXe siècle fantasmé (Julian aurait d’ailleurs pu tout autant être une uchronie qu’une dystopie post-apo, quelques éléments mis à part). C’est que Robert Charles Wilson, comme à son habitude, s’attarde surtout sur ses personnages et nous amène à nous attacher à eux. On pourra peut-être regretter que le narrateur soit si naïf et même parfois un peu simplet, mais comme le dit si bien un de ses proches à son sujet : « Tu est l’homme le plus gentil et le plus innocent que je connaisse. Tu rends supportables les laideurs de la vie. Sans toi, elles seraient insoutenables. » (p. 592). Cette phrase résume en fait l’esprit de ce roman. Je déplorais plus haut sa simplicité, mais c’est celle-ci qui le rend si touchant et si attachant. Et si amusant également.

C’est qu’il y a du roman-feuilleton, de l’aventure, des rebondissements abracadabrants et des expériences constructives et « exemplaires » dans ce livre, à l’image de certains récits populaires du siècle qui est ici imité. Cette histoire au goût de science-fiction « légère » fleure bon le rythme et l’innocence des récits du début de l’ère industrielle tout en réussissant à poser une belle critique de cette époque fantasmée ainsi que de la manière dont les abus de nos contemporains pourraient être interprétés dans le futur.

Julian est donc le livre le plus ouvertement « grand public » de Robert Charles Wilson. J’ai certes été un peu refroidie par les deux parties mêlant guerre et western, mais je pense pouvoir dire que celles-ci plairont largement aux amateurs du(des) genre(s). Et que ce livre s’adresse tout autant à des lecteurs recherchant des critiques sociétales intéressantes qu’à d’autres souhaitant se détendre avec une histoire agréable et mouvementée.

Au final, Julian est un roman animé par de grands idéaux et des réflexions pertinentes. Il risque de plaire non seulement aux fans de l’auteur - qui devraient être surpris par celui-ci -, mais également à un plus grand public frileux habituellement en ce qui concerne la science-fiction, tellement il ressemble plus à un récit du XIXe siècle à la Mark Twain et Cie qu’à une histoire sur un futur éventuel (mais pourtant pas improbable).

Julian de Robert Charles Wilson, traduction de Gilles Goullet, illustration de Daylon, Denoël, coll. Lunes d’Encre.

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Commentaires

Julian est un livre raté,dont les critiques dy tirambiq ues...sont etranges...lu j,usqua la derniere ligne...JAMAIS je ne me suis autant ennuyé car s’est mal ecrit et traduit.histoire presque débile... rétablissez l’imprimatur... Comment ai- je pus tenir j’usqua la dernière page ????? Signé : j c Gall