Château d'ombre T1 et T2

Auteur / Scénariste: 
Traducteur: 


Comme je n’ai pas été sage au cours des dernières années, le père Noël me punit régulièrement. Et lorsque ce n’est pas le père Noël, le facteur fait aussi bien l’affaire. Avec Château d’ombre Les Royaumes des marches, tome I et II), j’ai été particulièrement gâté. Merci, merci, je promets d’être VRAIMENT plus sage.

En attendant, il faut bien que je m’y colle à ce texte prétendument modèle du genre, et c’est vrai que dans le genre, le jeune frère et la jeune sœur confrontés au destin maudit, on est bien dans un 6,5 sur l’échelle de Dickens. Avec le talent en moins, mais il y a en échange cette volonté particulièrement anglo-saxonne de vouloir en donner aux autres pour leur argent. Même s’ils ne demandent rien. Et ça c’est un job dans lequel Tad Williams ne triche pas. Il sait torcher une histoire, avec des personnages attachants, et une intrigue classique certes, mais néanmoins bien rodée. Bon pour l’originalité c’est toute autre chose ; mais si l’on veut bien retenir une chose de ce faux-cul de Bettelheim, c’est que les contes de fées ne sont pas là pour nous divertir mais pour nous enseigner les bases de la psychanalyse.


Pour en revenir à Tad Williams et à son dernier forfait : posons-là en quelques phrases l’objet du délit, vous, ça vous fera un bon début, et moi, ça me fera mon article. Les personnages principaux sont, par ordre d’intensité dramatique, le prince Barrick, un pauvre gars pas très doué et atteint par l’acné, et sa sœur jumelle, Briony, ô combien plus pétulante et entreprenante - vous savez ces petites nanas de quarante kilos qui trépignent et provoquent avec des phrases immortelles, style « moi, si j’étais un homme… ». On ne sait pas trop si, plus tard, elle va faire castratrice industrielle ou changer de prénom, brille-au-lit peut-être. Mais en tout cas elle représente ici l’énergie femelle à son plus haut voltage.

Toujours est-il que les jeunots, princes héritiers du royaume des Marches, se retrouvent bien seuls à la tête du pouvoir (le père en prison, le régent assassiné, sad sad). Et surtout au moment où les méchants qui faisaient qu’à rien faire depuis des siècles, se disent : "tiens on va commencer une invasion sournoise". C’est le peuple du crépuscule qui crée d’abord la première angoisse : eux ils ont un business plan du tonnerre et ils veulent envahir le monde. Et pas avec des ordinateurs, ou des douchettes de salles de bain révolutionnaires. Puis, ensuite, il y a les faux alliés, des petits gars de Xand, le royaume d’à côté, qui décident de prendre l’armée des Quars, les troupes de Barrick, à l’irrégulière. Pendant que les autres se tapent le boulot contre les ombres maléfiques, eux, ils viennent leur piquer leur royaume.

Bon, vous l’aurez compris, Barrick prend ses défenses et son olifant pour braire l’air du « à Quar vaillant, rien d’impossible ». Et c’est au lecteur maintenant de se débrouiller.

Dans la série, je conseille quand même pour le cran au-dessus et une plus grande impression de suspense, la saga de Le Guin ou celle d’Elric. Mais, ça bien sûr ce n’est que mon opinion de vieux lecteur sur la fantasy.

Tad Williams, Château d’ombre, Traduction : Jean-Pierre Pugi, Couverture : Mathias Verhasselt Nejib Belhadj Kacem, 728 p., Calmann-Lévy

Type: 

Commentaires

Horreur, je m’aperçois que l’on cite Le Guin (une écrivain comme j’en souhaite peu), alors qu’il faut lire Guin Saga, un morceau de bravoure dont l’un de ces jours, émergeant de ma torpeur actuelle avec la force d’un Etna bavouillant, je dirai tout l’intérêt.

Okubasement votre