Time Out (In Time)

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Bienvenue dans un monde où le temps a remplacé l’argent. Génétiquement modifiés, les hommes ne vieillissent plus après 25 ans. Mais à partir de cet âge, il faut "gagner" du temps pour rester en vie. Alors que les riches, jeunes et beaux pour l’éternité, accumulent le temps par dizaines d’années, les autres mendient, volent et empruntent les quelques heures qui leur permettront d’échapper à la mort. Un homme, accusé à tort de meurtre, prend la fuite avec une otage qui deviendra son alliée. Plus que jamais, chaque minute compte.

(www.allocine.fr)

Andrew Niccol a frappé fort dans le monde du cinéma avec son premier film, Gattaca (Bienvenue à Gattaca en français)(oui, déjà là, on voit toute l’utilité de la « traduction » de titres de films américains). Il a eu ensuite du mal à reproduire le mélange d’action et de réflexion dont le dosage était parfait dans ce film-là, même si son Lord of War était plus qu’honnête. Le revoici dans un sujet somme toute similaire à celui de Gattaca (l’inégalité sociale dans une société dystopique dirigée par une élite qui exploite le reste du monde), il est donc normal de se demander s’il va à nouveau reproduire son petit miracle. J’ai bien peur que la réponse à cette question soit négative.

 

In Time (ou Time Out en « français »)(comme le disait une des personnes avec qui je suis allée voir ce film : on voit sacrément la nécessité de changer le titre...) souffre du syndrome « The Island » : une histoire de base qui donne l’impression d’être riche et qui aurait en tout cas pu être beaucoup plus exploitée mais qui laisse trop le terrain à des scènes d’actions futiles et à des répliques faciles. Le tout dans un univers quelque peu aseptisé (même la « zone » semble proprette somme toute) et avec des acteurs jouant de manière plutôt caricaturale (je pleure encore sur la perte de Cillian Murphy, qui a échangé son talent contre un chewing-gum. Qui fera un jour comprendre aux Américains à quel point il peut être rebutant de voir quelqu’un mâcher à longueur de temps ?).

In Time est pourtant loin d’être désagréable à regarder. L’action est plaisante, même si on voit venir chaque retournement (et chaque réplique) à des kilomètres à la ronde. Les décors sont intéressants, un peu modernisés mais pas trop. Et, surtout, les vêtements sont bigrement beaux (oui, pardon, on se focalise sur les détails qu’on peut, mais je dois dire avoir été plutôt impressionnée par la garde-robe proposée, remplie de petits détails qui montrent toute l’attention qui a été portée à la chose).

Mais face à ça, on a des acteurs qui font le minimum syndical, quand ils ne sont pas simplement mauvais (quelqu’un devra m’expliquer un jour le pourquoi de la carrière d’Alex Pettyfer, parce que non seulement je ne trouve pas l’acteur très séduisant, mais en plus... qu’est-ce qu’il joue mal !). Une musique lancinante qui manque de subtilité. Et des noms qui auraient quand même mérité, eux, une francisation (un personnage qui s’appelle Fortis, quand même, on peut se demander s’il se ballade en compagnie de Dexia et de BNP Paribas... et un Mr Salas en champion de la feinte cul lourdaude, quand même, il fallait le faire). Mais, surtout, une critique sociétale qui reste en surface des choses, là où elle aurait pu être d’une richesse troublante.

 

Et c’est là que résidera ma plus grosse déception. Je ne sais pas si le peu d’exploitation du thème sociétal de cette histoire de science-fiction est du fait du scénariste, du réalisateur ou du producteur, mais on sent que le sujet allait plus loin à un moment, et qu’on a fait des coupes pour insérer de l’action à la place de la réflexion. J’ai comme l’impression que ça en dit long sur ce qu’Hollywood pense de ses spectateurs. Il est loin le temps de Gattaca me semble-t-il...

Au final, In Time n’est qu’un film d’action (agréable sans être révolutionnaire de ce point de vue-là) qui a complètement raté son sujet science-fictionnesque. A voir comme on irait voir une production de Michael Bay.

In Time (Time Out)
Réalisateur : Andrew Niccol
Avec : Amanda Seyfried, Justin Timberlake, Cillian Murphy
Sorti en Belgique le 23 novembre
Durée : 101 minutes

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