Teddy Ted 1899 Deadstone

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Desert du Mojave. La Frontière des Grands Espaces. Dans son ranch isolé, Teddy Ted n’est plus que l’ombre de lui-même, vieux cowboy fatigué, presque lassé de la vie, qui semble accomplir les gestes quotidiens avec une sorte d’automatisme vain. Tous les jours, il prend son cheval et s’éloigne au milieu de nulle part. Il semble attendre… Mais attendre quoi ? Un jour débarque une jeune fille blessée, pourchassée par les adjoints du shérif. Teddy S’interpose, la sauve, l’emmène chez lui. Elle se nomme April Johnson, et elle va réveiller des souvenirs douloureux chez le vieil homme. Une dernière chevauchée s’impose pour être en paix avec lui-même, et tourner la page.

Créée en 1963 par le scénariste Jacques Kamb et dessinée par Yves Roy, avant d’être reprise par Roger Lécureux et Gérald Forton (le nom du personnage est une allitération inspirée du Lucky Luke), la série des Teddy Ted est parue chez Vaillant en 1963 puis en chez Pif entre 1972 et 1975. Elle est récitée en intégralité chez Hibou grâce à la passion de l’éditeur. Ici, une page se tourne avec la dixième aventure. Un peu à la façon de L’aventure immobile présentant Blake et Mortimer vieillissant, Gérald Forton, le crayon toujours aussi impressionnant à ses 90 ans, nous livre un western crépusculaire, une fin d’époque, un Unforgiven de Clint Eastwood sur papier. Teddy Ted n’est plus le fringant cowboy aux yeux clairs qu’il a été, c’est une homme meurtri, hanté par ses souvenirs. À l’encrage, exercice difficile, on retrouve Philippe Cottarel, qui prend le parti osé d’un trait beaucoup plus épais, plus sombre, d’une nécessité impérieuse, crépusculaire comme la vie du héros, contrastant avec celui plus fin marquant les souvenirs de Teddy comme dans un rêve. Pari réussi, qui colle au mieux à l’atmosphère d’abord empreinte de nostalgie, puis glauque dans le ville de Deadstone avec un ultime gunfight comme dans tout western qui se respecte. Nous ne sommes pas dans un monde de beauté, la réalité est là, crue, violente. Là encore, la comparaison avec le film de Clint Eastwood est évidente, avec ses couleurs sombres et saturées, et son atmosphère poisseuse et détrempée. On en vient presque à se dire « déjà » lorsqu’on referme l’album, en se disant qu’on aurait bien chevauché encore avec Teddy dans sa dernière aventure à la nostalgie poignante.

 

Teddy Ted 1899 Deadstone

Scénario : FORTON Gérald, COTTAREL Philippe

Desssin : FORTON Gérald, COTTAREL 

Editeur : Hibou https://www.editionshibou.com/

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