Tè Mawon

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Voilà un livre qui pose problème : c’est un futur dystopique presque semblable à beaucoup d’autres et, en même temps, écrit partiellement en créole et situé dans les îles, cette Lanvil, future mégalopole caribéenne, il veut marquer la différence de l’afrofuturisme. Et, comme la langue d’Esope, cette particularité est, à la fois, la meilleure et la pire des choses. La meilleure s’il s’agit de rappeler qu’il n’y a pas que la vision « occidentale », celle de l’homme blanc, et que les Africains ou les Caribéens ont les mêmes cauchemars à venir. Si ce rappel est un ajout, d’autres faces de la mosaïque « cyberpunk », que le cauchemar ne se limitera pas à Paris, New York et Londres. La pire si, comme les différentes formes de communautarisme le proposent, il s’agirait de substituer les cauchemars « décolonialistes » aux cauchemars « blancs », et, sous prétexte d’(in)clusion, d’exclure la part universelle du cauchemar dont ce roman est une des faces, une des pierres de la mosaïque.

La ville géante, désormais hors sol, qu’est Lanvil, dont les quartiers rappellent, par quelques acronymes, les villes et les pays disparus, comme PAP (Port-au-Prince), FDF (Fort-de-France), etc.

 

Et il y a l’anwo, les étages supérieurs, où habitent les riches et les puissants, et l’anba, les étages inférieurs, des exploités et des hors-la-loi. Pat et sa bande de « débouya » vivent de magouilles anba, mais Ézié et Lonia, traductrices c’est-à-dire programmeuses d’ordinateur, infiltrent les « corpolitiques » d’anwo. Tous cherchent à retrouver le Tout-Monde, la terre disparue, et à renverser l’ordre établi...

 

« Roman choral irrigué par une langue hybridée et vibrionnante, Tè mawon ouvre la voie à une science-fiction caribéenne francophone », qui s’inscrit dans cette branche afrofuturiste qui ajoute à l’arbre de la science-fiction de nouvelles branches fleuries. Pourvu qu’on ne prétende pas le séparer du reste de l’arbre ou oublier qu’il en est une branche issue des mêmes racines que les autres...

 

Tè Mawon, de Michael Roch, La Volte, 2022, 215 p., couverture de Corinne Billon, 18€, ISBN 978-2-37049-189-3

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