Sexocide des sorcières (Le)

Auteur / Scénariste: 

Ce pamphlet datant de 1999 qui reparaît aujourd’hui, précédé d’une préface de Taous Merakchi sur son actualité, est un des premiers textes qui ait mis l’accent sur le caractère gynocide, plus encore de gynophobe, de la chasse aux sorcières.

Il est effectivement essentiel que, presque dès le début, on ait parlé de chasse aux sorcières et non aux sorciers et qu’on emploie l’expression même quand ce sont des mâles qui en sont la cible. Ce sont les chasseurs de sorcières qui, dans cette guerre aux croyances, mais aussi aux connaissances médicales et écologiques anciennes, ont introduit les mythes sexuels, le mélange avec des actes érotiques supposés perpétrés lors des « sabbats » (terme montrant le caractère antisémite de cette nouvelle forme d’Inquisition) et ont systématiquement visé les femmes auxquelles l’Église et la Faculté entendaient enlever tout droit à la médecine ou à la zoologie.

Qu’une grande partie des Pères de l’ Église, depuis Paul, et contrairement à Jésus tel qu’il pourrait avoir existé, ait eu pour but ultime la disparition totale de la moitié féminine de l’humanité ou, à tout le moins, la disparition des droits des femmes, c’est ce qu’évoque Françoise d’Eaubonne.

Et les actes et déclarations des actuels « fondamentalistes » des différentes religions (et pas seulement de celles des trois Livres) ne font, hélas, qu’aggraver cette prégnance de la notion de gynocide.

Le mot sexocide est impropre : il n’existe pas, sauf dans quelques fantasmes masculins – et, il est vrai, dans un roman de Françoise d’Eaubonne –, de volonté féminine de faire disparaître les mâles, c’est le terme gynocide, aussi proche de génocide que la notion l’est, qui correspond à cette volonté, affirmée par certains du seizième au dix-huitième siècle, de faire disparaître les femmes, à tout le moins de la vie scientifique, médicale et politique. Volonté qui, hélas, réapparait chez les « fondamentalistes », les « incels » et nombre de politiciens...

 

Le sexocide des sorcières, par Françoise d’Eaubonne, Au Diable Vauvert, collection Nouvelles Lunes, 2023, 107 pages,12€, ISBN 979-10-207-0595-9

Type: