Stalker

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Voici la réédition de Stalker des frères Arkadi et Boris Strougatski. Un livre révisé et augmenté qui ressort chez Denoël Lunes d’encre en grand format. Ce n’est pas à proprement parler ma tasse de thé, mais j’avais envie de le lire par curiosité. Ce n’est que le deuxième livre russe que je lis. Les auteurs de l’Est ne m’ont jamais vraiment attiré.

Je ne suis pas tombé dans la même marmite que bon nombre de chroniqueurs qui crient « Oh chef-d’œuvre ! ». Le livre est intéressant, mais de là à le porter aux nues, il y a un pas que je ne franchirai pas.

Livre intéressant pour son style, pour l’ambiance qu’il impose, pour l’approche dans le passé de la visite d’extraterrestres sur notre monde. Mais est-ce vraiment de la science-fiction ? C’est un classique russe que je qualifierais de « light » comparé à la production anglo-saxonne. Pas d’extraterrestre, pas de vaisseau, juste des vestiges qu’ils ont oubliés sur notre bonne vieille planète. A croire que ces extraterrestres ne connaissent pas de « directive première », comme dans Star Trek, qui leur interdirait d’interférer dans le cours naturel du développement d’autres civilisations. Ici ils laissent carrément leurs poubelles sur Terre, sans se soucier de l’impact que cela occasionnera sur notre civilisation. Cela m’a profondément dérangé car j’ai plutôt une culture Star trek.

Dans un futur proche (2019), six zones ont été contaminées par les extraterrestres. Ces zones sont très dangereuses. Les artéfacts qui s’y trouvent peuvent mettre en danger la vie des personnes qui s’y déplacent. Les Stalkers sont des sortes d’explorateurs, de pilleurs de tombe, d’aventuriers, qui se risquent dans une de ces zones à risque. Ils ramènent des artéfacts et les revendent à des scientifiques, à des entreprises, à qui est intéressé par une technologique extraterrestre.

Le livre se découpe en quatre grands chapitres. Le premier écrit à la première personne. Les trois autres sont écrits de manière plus classique. C’est d’ailleurs ma principale critique. J’aurais préféré quatre chapitres écrits à la même personne. Évidemment le premier chapitre nous présente le personnage principal Redrick Shouhart. L’homme n’est pas tout blanc, c’est une sorte de contrebandier qui a fait de la tôle et qui amène des curieux dans la Zone moyennant finances. Au passage, il ramène de la gratte sur lequel il se fait encore du blé. Le second chapitre nous présente Redrick, cinq ans plus tard, et un vieux Stalker du nom de Barbridge. Malheureusement pour lui Barbridge va devoir être amputé des jambes parce qu’il a marché dans quelque chose qu’il n’aurait pas dû. Le vieux briscard a découvert l’endroit où se trouvait la boule d’or, un artefact qui peut réaliser les souhaits. Le troisième chapitre nous présente une autre relation de Redrick, il s’agit de Nounane, un représentant d’équipementier électronique, qui rachète les artéfacts pour sa compagnie. En somme un receleur technologique. Le quatrième chapitre nous ramène dans la Zone en compagnie de Redrick, à la recherche de la boule d’or.

Stalker n’est pas à proprement parlé un roman. Mais plutôt quatre nouvelles se passant à quatre époques différentes de la vie de Redrick. On a droit à un langage châtié, bien restitué dans cette traduction. Il faut saluer le boulot des traducteurs.

Par curiosité, j’ai regardé le film après avoir lu le livre. L’adaptation cinématographique d’Andreï Tarkovski n’a pas grand-chose à voir avec le roman. Il s’agit d’une mission dans la zone alors que le livre nous présente plutôt quatre nouvelles qui sont reliées entre elle par un personnage principal. Je ne vais donc pas m’étendre sur le film, qui se regarde. Personnellement je l’ai vu en russe sous-titré anglais.

Reste un livre qui sort des sentiers battus de la science-fiction occidentale. Une histoire intéressante malgré tout. Mais pas un chef-d’œuvre. Un livre d’ambiance, pas trop épais, qui se lit facilement, au ton caustique, à l’humour morbide.

Même si ce n’est pas ce que je préfère, je conseille ce livre à ceux qui veulent découvrir une facette russe de la science-fiction. Je ne regrette pas de l’avoir lu. J’ai même apprécié sa lecture, mais ce n’est pas le genre de livre que j’ai envie de relire.

La réédition de ce livre s’adressera plutôt à ceux qui ont raté le livre dans sa version Présence du futur chez Denoël ou à ceux qui veulent une version complète non censurée. La collection Lunes d’encre convient tout à fait pour cette réédition. Je ne pense pas que les lecteurs seront nombreux parce que c’est tout de même un peu dépassé. Mais pour les amateurs de science-fiction, je leur conseillerai de ne pas mourir idiots en découvrant ce classique russe qui date de 1972. Vu sa faible épaisseur, il aurait pu ressortir directement chez Folio. Espérons que la couverture de Lasth soit reprise dans cette future édition.

Stalker d’Arkadi et Boris Strougatski, Denoël Lunes d’encres, 2010, 224 pages, illustration de Lasth

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