Solaris

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Solaris, mystérieuse planète éclairée par deux soleils, un rouge et un bleu, qui se livrent chacun à de violents phénomènes d’attraction. Solaris, planète déserte, hostile, sans aucune forme de vie propre, excepté cet océan immense, qui en recouvre les trois quarts, et qui semble doué de raisonnement et de capacité de réactions… Depuis des années les scientifiques se heurtent à cette énigme absolue : comment entrer en contact avec cet unique être ? Envoyé sur place afin de poursuivre les études, le docteur Kris Kelvin trouve une station spatiale en piteux état. Son ami et mentor Gibarian s’est donné la mort, ne subsistent que deux scientifiques sur place, Snaut et Sartorius, qui vivent cloitrés et se méfient de tout. Alors que les deux savants refusent catégoriquement de s’exprimer sur ce qu’il se passe sur la base, Kelvin est témoin d’un phénomène surréaliste : l’apparition d’une femme noire extérieure au vaisseau. Plus tard, alors qu’il se réveille d’une nuit agitée, il se retrouve face à Harey, la femme qu’il a aimée et qui s’est suicidée après leur séparation. Kelvin comprend que des « visiteurs » surgissent des méandres de son passé, peut-être envoyés par l’océan lui-même, mais dans quel but ?

Plus qu’un simple roman de science-fiction, Solaris se pose en œuvre philosophique immense, à travers le personnage de Kris Kelvin, ses désirs, ses doutes, ses interrogations. Dans un huis-clos étouffant - on a presque l’impression de sentir la chaleur de ses deux soleils et la sensation d’oppression de la station spatiale -, le scientifique s’interroge sur ses propres motivations : a-t-il envie de garder Harey auprès de lui, même s’il sait que ce n’est qu’une copie ? Doit-il rester pour tenter de comprendre ce que des générations de scientifiques avant lui n’ont pas réussi à comprendre, ce fonctionnement de l’océan ? Peut-on vivre en étant prisonnier de son passé ? En parallèle, la prise de conscience bouleversante de Harey de ce qu’elle est, ou plutôt de ce qu’elle ne sera jamais, fait de cette création artificielle le personnage le plus humain de toute cette histoire.

Un conseil : si vous avez vu le film avec le « beau » George Clooney, ou si vous comptiez le voir, oubliez. D’abord les personnages changent, une partie de l’intrigue également, et l’auteur lui-même se révélait assez critique sur le résultat. Préférez la version plus fauchée mais plus fidèle de Tarkovski de 1972.

Solaris fait partie des monuments de la littérature SF, un roman qui devrait faire partie de toute bibliothèque. Mes remerciements renouvelés aux éditions Babel/Acte Sud pour leur confiance.

Stanislas Lem - Solaris - Editions Babel - octobre 2021, 8,50€

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