Sanctuaire du Gondwana (Le)

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Yves Sente et André Juillard poursuivent ici le double album des Sarcophages du Sixième Continent, avec le numéro 18, Le Sanctuaire de Gondwana. Souvenez vous : à la fin de ses aventures précédentes, Mortimer est ramené à la civilisation, tandis que Olrik, enfermé dans son sarcophage s’enfonce dans la banquise.

De retour à Londres au début du nouvel opus, Mortimer semble affaibli et ressent de terribles maux de tête, accompagnés parfois des pertes de mémoire. Mais, entouré de Blake et de Nastasia, (souvenez vous de cette belle Russe embauchée par Mortimer à la fin de l’épisode La Machination Voronov), il recommence à travailler autour d’une mystérieuse roche ramenée du Pôle Sud et qui porte des traces d’une civilisation disparue bien avant les premiers pas supposés de l’homme sur Terre. Cette recherche va entraîner le savant, rejoint par Sarah Summertown, un autre amour de jeunesse de notre savant barbu, dans une aventure africaine près du lac Ngorongoro (Tanzanie).

Après La Machination Voronov (2000), puis Les sarcophages du Sixième Continent tome 1 (2003) et tome 2 (2004), Sente et Juillard nous livrent donc leur quatrième album de Black et Mortimer (adaptations de l’œuvre de Jacobs interrompues par le second intermède Ted Benoit/Jean Van Hamme et L’Etrange rendez-vous en 2001).

Il faut le reconnaître, cette aventure au long cours ressemble à du Jacobs bien au-delà du trait, de la mise en scène et du rythme. En particulier grâce à un exotisme archéologique digne du Mystère de la Grande Pyramide ou de l’Enigme de l’Atlantide. La "patte" Sente-Juillard, à qui l’on doit enfin l’arrivée des femmes au premier plan des aventures de Black et Mortimer depuis la Machination Voronov, intègre ici une simple esquisse de l’intimité de ces personnages, Mortimer et Miss Summertown, plus fine et plus ambiguë en tout cas, que dans les deux précédents tomes.

Edgar P. Jacobs est mort le 20 février 1987. Pourtant plus de 25 ans après, les aventures de ces héros continuent à être publiées. Je ne reviendrai pas longtemps sur le débat qui oppose ceux qui pensent que rien n’empêche des personnages de continuer à vivre après la mort de leur créateur, et ceux qui estiment qu’il s’agit d’un crime de lèse-majesté.

Le fait est, cependant, que l’on peut et même que l’on doit s’interroger, non sur la qualité intrinsèque d’un nouvel album, mais sur le respect d’un univers. Selon moi, cette histoire post-jacobsienne est sans doute l’une de celles, après la Machination Voronov, à rentrer facilement dans le moule laissé par le génial créateur. Mais le prétexte fantastique ou l’anticipation scientifique du Maître se bornaient toujours aux limites du probable voire du plausible, sinon de l’acceptable. Or ici, la fin est entachée d’une résolution fantastique pour ne pas dire fantaisiste voire simpliste, je n’ose pas dire bâclée. Heureusement pourtant, le coup de tonnerre scénaristique ultime, digne des rebondissements orchestrés par l’infâme Olrik, fait pencher la balance du bon côté.

En résumé une aventure à suivre et à recommander aux fans comme aux néophytes.

Le sanctuaire du Gondwana

Les Aventures de Black et Mortimer d’après Edgar Philip Jacobs

Publication : mars 2008

Nombre de pages : 54

Dessin : André Juillard

Scénario : Yves Sente

Editions Black et Mortimer

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