Missy

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Comme souvent, Missy se réveille aux côtés d’un type avachi dans son lit, usé par une nuit de sexe. Elle se lève, s’étire et se coule un bon bain chaud. Le type en profite pour renfiler ses fringues discrètement et disparaître, en claquant la porte. Etait-ce un inconnu, un amant ? Missy ne sait plus, à force. Même si elle est une étoile de cabaret, la nuit, elle redevient chaque matin cette grosse femme dont le monde se contrefout et que les hommes considèrent comme une fille facile. Déprimée, harcelée par son boss, jalousée par les autres strip-teaseuses, elle en a marre de cette vie. Elle prend quinze jours de vacances pour s’offrir un régime forcé. Deux semaines plus tard, son cul est toujours aussi gros, comme elle dit en plaisantant, mais sa taille ressemble à celles des idoles sur les magazines ou la bouffe de régime. Elle se sent prête à remonter sur scène ! Seulement est-ce que cela sera du goût de son boss ? Le public sera-t-il réceptif à ce nouveau look ? Ne risque-t-elle pas de se faire draguer encore plus ? Et puis il y a le « puceau » de la boîte, son plus fidèle spectateur, va-t-il de nouveau la harceler ?

N’en déplaise aux aficionados de la gonflette et des menus à 0%, mais à force de nous imposer leur culture de la minceur, lobbys et « bien pensants » ont fini par mettre à l’écart 99% de la population qui - je suis désolé de vous le dire - fait du gras ! Et le pire, c’est de finir par mettre à l’écart autrui, sous prétexte qu’il ne rentre pas dans le norme. « Missy » en est d’ailleurs le reflet cruel. Victime du message commercial, non seulement, elle ne s’accepte pas, mais exclut le seul gars bien, mais trop timide, du bar.

La bd relève également un pari audacieux. Il n’y a aucun visage de dessiné. Juste une foule d’individus. Vous, moi, tout le monde finalement peut jouer dans cette bd. Telle une métaphore de ce monde, nous devenons ni plus ni moins que ces pantins dans les vitrines de prêt-à-porter. Du coup, notre regard ne s’arrête plus sur les expressions. Il se concentre sur les formes de chaque protagoniste. Inconsciemment, notre cerveau pose un visage, une expression, même simpliste sur chaque tête. Mais c’est les courbes qui nous permettent de différencier chacun. Ce procédé a pour mérite de mettre en évidence les formes généreuses des femmes. Même la plus maigre ne peut nier avoir des hanches et du fessier. Et c’est tant mieux ! Cette bd flirterait même avec le surnaturel, puisqu’en toute franchise, combien comptez-vous de cinéastes et d’auteurs bds qui choisissent des femmes grosses comme héroïnes et osent les montrer nues ?

Une dernière chose concernant le scénario : Attendez-vous à recevoir un choc final sans précédent !

Titre : Missy

Scénario : RIVIERE Benoît

Dessin : PALUKU Hallain

Couleurs : Svart

Editeur : La Boite à bulles

Parution : octobre 2006

Nombre de pages : 78

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