Punk samouraï

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Kakari Jûnoshin, samouraï errant sans but, tue par désœuvrement un vieillard aveugle en plein milieu d’une rue. Alors qu’un autre samouraï lui demande de se justifier, il se lance dans une explication farfelue où il est question d’une secte d’allumés, la faction harafrite des agitateurs de l’épigastre, dont les membres sont persuadés d'être retenus dans les entrailles d’un tænia géant et, pour pouvoir s’en sortir, doivent impérativement se lancer dans une série d’ondulations abdominales pour être expulsés par l’anus du ver géant (sic…) Aussi absurde que puisse être son idée, elle parait plausible au second samouraï qui s’empresse de faire remonter l’histoire jusqu’au maître du fief en passant par ses proches conseillers. Chacun y voit rapidement l’occasion de redorer son blason. Comme l’affaire traine en longueur et que les agitateurs de l’épigastre ne semblent pas pressés, le maitre décide de prendre les devants en recrutant justement des volontaires. Mais la situation va bientôt échapper à tout ce petit monde.

Voilà sans doute possible le roman le plus allumé qu’il me sera donné de lire cette année, et difficile de faire mieux ! (ou pire!) Sous titré « …Raââh, je me meurs… », l’histoire se déroule dans un Japon médiéval et féodal. Vont se croiser un seigneur aussi bourré de principes que lâche, des samouraïs plus idiots les uns que les autres, des membres de secte encore plus fous, une armée de singes commandée par l’un d’entre eux qui parle et se comporte comme un humain et ambitionne de devenir samouraï… Dans ce foutoir sans nom, on y parle aussi bien de Jimmy Cliff, de Bob Marley et de Franck Zappa que de Winnie l’Ourson. Je ne pratique pas le japonais, mais le traducteur s’en est donné à cœur-joie pour en rajouter encore, passant ainsi d’une citation de la reine des neiges à un extrait du Cid, en glissant par une célèbre phrase de Jacques Chirac. Les situations, les dialogues, tout est absolument barré, au point qu’on en vient à se demander ce qui a bien pu passer par la tête de l’auteur pour en arriver là. Si on ajoute une pointe de fantastique avec un type capable de faire léviter ses victimes et des singes soldats, on atteint le summum. Les samouraïs s’écharpent, se gavent, fuient leurs obligations, certains se font pipi dessus ou se mettent à pleurer devant le danger. C’est idiot, c’est du grand n’importe quoi, mais c’est jouissif. SI vous n’avez pas peur de l’absurde, alors jetez-vous sur cet OLNI - objet livresque non identifié - de Ko Mashida, publié chez Actes Sud que je remercie pour ce grand moment de délire jubilatoire.

 

Ko Mashida - Punk samouraï - Éditions Actes Sud - Mars 2021, 23 €

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