Pauline Verdier a disparu

Quand une jeune fille, invisibilisée au collège, devient le centre de l'attention.

Un soir, Simon aperçoit une fille de sa classe parmi les SDF installés à l'entrée du métro. C'est Pauline, une élève un peu transparente à qui personne ne parle jamais. Lorsqu'il apprend le lendemain qu'elle est absente au collège, Simon s'inquiète. Et s'il lui était arrivé quelque chose de grave ? Il embarque alors de force son meilleur ami Sofiane, désinvolte et pas très concerné, sur les traces de la mystérieuse Pauline Verdier.

Malgré d'indéniables qualités, je n'ai pas été complètement emportée par ce roman jeunesse. Commençons déjà par le positif.

Le roman se veut résolument moderne et ancré dans la réalité, qu'il s'agisse de la façon de parler des personnages, de leurs préoccupations ou de leur façon d'envisager le monde. Comme tous les ados du monde, Simon et Sofiane sont égocentrés et tournés principalement vers leur petite personne. Ils mènent une vie assez ordinaire, sans éclat mais sans tragédie non plus. Leurs journées se passent entre les cours, les devoirs, les jeux vidéo, les séries... Ils sont à peu près intégrés dans leur communauté et en comprennent les codes.

La disparition de Pauline puis sa réapparition vont jeter un pavé dans la mare, dont seul Simon voit les conséquences dans un premier temps. J'ai énormément apprécié que l'autrice ne fasse pas le choix à ce moment-là de faire de Simon une sorte de chevalier en armure étincelante, prêt à voler au secours d'une princesse adorable en détresse. Au contraire, le jeune garçon reste un gamin un peu trouillard, qui mène ses recherches sans grande conviction et sans bien comprendre lui-même pourquoi. Quant à Pauline, elle est la grande réussite du livre. Ni mignonne, ni attirante, elle est aux antipodes des personnages féminins stéréotypés que l'on retrouve encore trop dans la littérature jeunesse.

Pauline n'est pas sympathique, elle est agressive et repousse avec force toutes les tentatives d'approche des deux compères. Elle démonte à elle seule l'image romantisée, héritée du 19e siècle, qui veut qu'une fille malheureuse et cabossée par la vie arbore un doux sourire en permanence et soit d'une gentillesse à toute épreuve.

Simon et Sofiane vont plonger dans un monde fait de violence, de douleur, de maltraitance. Ils vont découvrir la réalité quotidienne des ados malmenés par la vie, l'hôpital psychiatrique et ses problèmes, les problèmes sociaux... Et jamais Pauline ne va leur simplifier la tâche.

Agnès Debacker, par petites touches, propose aux ados à la fois de réaliser leur chance et de s'intéresser aux autres, vraiment s'intéresser et passer outre la facade protectrice que chacun arbore.

J'ai trouvé dommage que la fin arrive un peu trop vite et ne résolve rien. On reste sur sa faim, comme s'il manquait un chapitre.

Pauline Verdier a disparu d'Agnès Debacker, Syros, ISBN 978-2748537963, 7,95€