Longue Terre (La)

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Ce roman, peut-être destiné à être prolongé puisque le volume est paru avec l’indication vol. 1 en Angleterre, mêle astucieusement les idées de hard science de Stephen Baxter et les plaisanteries et les allusions aux légendes et aux réalités actuelles de Terry Pratchett. Le point de départ est celui de Tout et n’importe quoi, de Damon Knight : l’apparition soudaine d’un artefact va bouleverser le monde. Ici, c’est un curieux montage électronique autour d’une pomme de terre qui permet à son utilisateur de voyager dans des Terres « parallèles », presque semblables à la « Primeterre », mais inhabitées, se succédant le long d’un axe, que l’inventeur du Passeur a décidé arbitrairement d’orienter Est-Ouest. Tous ceux qui ne trouvent pas leur place sur la Primeterre vont se ruer à la conquête de cette longue terre. Les gouvernements essaient, tant bien que mal, d’organiser ce qu’ils peuvent. Et certains groupes, en particulier une multinationale, essaient de comprendre et de contrôler ce nouvel univers.

Les nombreux mystères de ce multivers ne seront pas expliqués dans ce roman, qui se contente de multiplier les découvertes bizarres et inattendues : le fait que le fer ne peut pas « passer » d’un monde à un autre ; l’existence de certaines espèces humanoïdes, que les découvreurs baptiseront « trolls » (les gentils) et « elfes » (les tueurs), qui peuvent voyager entre les mondes, mais évitent le nôtre, en tout cas depuis un certain temps ; l’existence de « passeurs-nés » qui peuvent voyager sans l’appareil, et sans les nausées liées au passage, dont le héros principal du roman, le jeune Josué Valienté ; ou celle de « phobiques », incapables de voyager.
Recruté par une société, Josué va devoir accompagner dans son exploration de la longue terre une intelligence artificielle, Lobsang, qui se prétend la réincarnation d’un réparateur de motocyclettes tibétain. Exploration qu’ils feront à bord d’un dirigeable spécial contrôlé par Lobsang. Et qui multipliera les surprises, tant pour les explorateurs que pour le lecteur...

Alors le dit lecteur peut aussi se complaire à essayer de ne pas rater les innombrables références à des idées déjà vues, à des textes de science-fiction auxquels se réfèrent à l’occasion Josué et Lobsang, sans oublier celle que constitue le personnage même de Lobsang (qui ne prétend pas avoir été lama....). Il y a de quoi faire et de quoi justifier un certain nombre de crises de fou rire... N’ai-je pas lu récemment une critique qui reprochait son manque d’humour à Baxter ? Je crois d’ailleurs que, pour ce que j’ai lu de l’œuvre de Baxter, cette critique était, au moins, excessive. Mais là la question ne se pose pas. Il se peut qu’une partie de cet humour vienne de Pratchett, je ne crois malgré tout pas qu’il en soit le seul responsable, mais le résultat est tout à fait réussi.

Si jamais la longue terre se rallonge d’un deuxième volume, il sera temps de se reposer les nombreuses questions théoriques que ce volume laisse ouvertes. Pourquoi pas ? Josué et Lobsang (et une jeune demoiselle rencontrée par Josué) fourniraient des héros récurrents tout à fait intéressants....

La longue terre, par Terry Pratchett et Stephen Baxter, traduit par Mikael Cabon, illustré par Raphaël Defossez, L’Atalante, 2013, 381 p., ISBN 978-2-84172637-0

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