Nos voisins les hommes

La ligne verte

Le printemps est de retour. La tortue Verne et ses amis viennent à peine de sortir de leur long sommeil hivernal lorsqu’ils découvrent avec stupéfaction qu’une grande chose verte a poussé à l’orée de leur bois et a envahi leur territoire. Surgit alors RJ, un raton laveur charismatique et beau-parleur, qui leur apprend qu’il s’agit là d’une “haie”. Cette dernière sert à protéger le domaine enchanté du bien-être, habité par les Humains : des créatures d’un genre particulier qui vivent pour manger au lieu de manger pour vivre comme le font tous les animaux. Après une brève incursion chez ces drôles de voisins qui se déroule plutôt mal, Verne, qui se méfie de RJ et jalouse sa popularité naissante au sein du groupe, est convaincu qu’ils devraient rester de ce coté-ci de la haie mais le roublard RJ arrive, quand même, à persuader les autres membres du groupe que “l’herbe est toujours plus verte ailleurs” et qu’ils n’ont absolument rien à craindre des Humains. Commence alors une grande aventure très mouvementée dans cet étrange univers, appelé “banlieue”.

 

Les Autres

RJ se garde bien de raconter la vérité à la joyeuse petite bande. En réalité, il s’est bêtement fait surprendre par Vincent, un gigantesque ours particulièrement mal léché, au moment où il lui dérobait toute la nourriture que ce dernier avait patiemment mis de côté avant son hibernation. Vincent, qui vient juste de se réveiller de son long sommeil, se montre exceptionnellement magnanime et accorde à RJ un délai d’une semaine pour lui reconstituer l’intégralité de son stock de nourriture, faute de quoi il le tuera. Le délai est bien trop court pour que RJ puisse y arriver tout seul, c’est pourquoi il n’hésite pas un seul instant à manipuler Verne et ses amis dans le but qu’ils l’aident, à leur insu, à calmer la colère de Vincent. Jamais à court d’idées foireuses et, encore moins, d’explications vaseuses, RJ va conduire la petite bande au devant de très sérieux ennuis. RJ est un solitaire qui aimerait bien intégrer la petite bande de Verne mais l’escroc baratineur qui est en lui ne peut résister à l’envie d’exploiter ses nouveaux amis. Il profite de leur grande ignorance et de leur incroyable naïveté pour les entraîner dans des aventures aux conséquences catastrophiques.

 

Famille à louer

A l’opposé, Verne redoute toute forme de changement dans sa vie, en raison de son tempérament casanier. C’est un pragmatique précautionneux mais doté d’un naturel chaleureux. Il se préoccupe, en permanence, du bien-être et de la sécurité de son petit groupe d’amis qu’il considère d’ailleurs comme sa “famille”. Cette dernière se compose de Hammy (un écureuil hyperactif qui se met à idolâtrer RJ, dès leur 1ère rencontre), de Stella (une femelle putois qui voit la vie de façon très désabusée, en raison de l’épouvantable odeur qu’elle dégage et qui fait habituellement fuir tout le monde), Ozzie (un opossum cabotin qui excelle dans l’art de faire le mort) et sa fille Heather (une ado ne supportant pas la grandiloquence et les effets mélos de son père qui se comporte dans la vie quotidienne comme s’il était en perpétuelle représentation), Penny et Lou (un couple modèle de porcs-épics qui incarne ici les valeurs familiales traditionnelles et bien pensantes) ainsi que leur progéniture (Quillo, Bucky et Spike).

 

Après avoir franchi la haie, RJ et son commando de choc devront éviter toutes sortes de pièges et affronter Gladys Sharp, la très pointilleuse Présidente de l’Association des Propriétaires qui veille à la salubrité et au bon fonctionnement du quartier. Horrifiée et scandalisée par l’invasion de ces “nuisibles”, elle va faire appel aux services de Dwayne, l’exterminateur dont l’intervention massive se révèlera aussi futile que lourde de conséquences. De son côté, Stella, qui a été chargée de détourner l’attention de Tiger (le chat persan qui garde la maison que RJ a décidé de dévaliser), va enfin découvrir toute l’étendue de son pouvoir de séduction.

Un monde à part

Le scénario s’inspire de la BD quotidienne, “Over the edge” (titre particulièrement révélateur) qui réjouit, depuis 11 ans déjà, des millions de lecteurs avec ses remarques acides sur l’Homme et ses bien étranges habitudes. La fameuse haie (que la petite bande a curieusement baptisée “Steven”) n’est pas seulement un obstacle matériel mais aussi et surtout une barrière symbolique (à l’instar d’une frontière entre deux pays) entre deux univers foncièrement distincts et différents. Les mœurs étranges et les rituels bizarres pratiqués par les Humains dans cette typique banlieue résidentielle américaine sont ici décrits du point de vue des animaux ce qui leur apporte une saveur toute particulière dans la mesure où les valeurs de vie propres aux deux “espèces” sont complètement à l’opposé, les unes des autres. L’histoire montre également l’impact de l’extension continue des banlieues sur la vie des animaux et les ajustements auxquels ces derniers sont contraints, bien malgré eux, pour s’adapter et survivre dans ce nouvel environnement. En cela, le film fait d’ailleurs penser, par certains aspects, à Pompoko.

Au travers d’une quantité de gags (apparaissant souvent sous la forme de clins d’œil à des blockbusters) et d’une multitude de détails caustiques, on assiste à un discours irrévérencieux sur le consumérisme galopant et à un regard acerbe sur les comportements humains et la société, en général. Grâce à une belle brochette de personnages, hauts en couleur et à la personnalité bien trempée, cette satire grinçante de la société de consommation en profite également pour aborder de nombreux thèmes comme la dénonciation des effets nocifs de la “junk food”, la protection de l’environnement, la peur irraisonnée face à l’inconnu, l’appel à la tolérance, l’entraide entre amis, l’importance de la “famille” (celle du sang et/ou celle qu’on se constitue tout au long de notre vie) ou encore l’art et la manière d’apprendre à vivre en paix et en harmonie avec les autres.

On est incontestablement bluffé par l’extrême beauté du graphisme et de l’animation (surtout en ce qui concerne l’exceptionnel rendu des différents pelages, des expressions des visages ainsi que de la gestuelle des animaux) qui fait en sorte que tous ces animaux nous apparaissent comme étant particulièrement attachants (même Vincent). Malgré la présence d’un incontestable humour pince-sans-rire, on pourra toutefois regretter que Nos Voisins, Les Hommes conserve somme toute, au final, un côté un peu trop “bien pensant” pour un DreamWorks (comparativement, par exemple, aux deux premiers opus de Shrek).

Josèphe Ghenzer

Nos Voisins, Les Hommes

Réalisation : Tim Johnson, Karey Kirkpatrick

Avec les voix de : Bruce Willis, Avril Lavigne, William Shatner, Nick Nolte, Garry Shandling, Steve Carell, Wanda Sykes.

Sortie le 5 Juillet

Durée : 1 h 25

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Commentaires

c trop de la balle g kifé mais le jeu est encore mieuc trop de la balle g kifé mais le jeu est encore mieu