Noir comme l'orage
Avec son dernier roman en date, Sonja Delzongle explore le milieu peu connu de la foudre, de ses effets et de la kéraunopathologie (la science qui étudie la fulguration chez l’être vivant). C’est le point de départ d’une enquête policière, qui débute au cours du mois de juin sur l’île de Ré, peu avant la pleine saison touristique. Juste après un orage violent, deux randonneurs à vélo découvrent les corps de quatre personnes emmaillotées dans de l’aluminium et attachées à des piquets de métal. Tout porte à croire qu’ils ont été assassinés par la foudre. Le policier chargé de l’enquête, le capitaine Max Fontaine, est un flic besogneux mais tourmenté par un passé transgenre compliqué. Bientôt, une cinquième victime, cette fois à Oléron, donne à l’affaire une autre envergure, puisqu’il s’agit de Gustave Lang, un des cinq spécialistes de la kéraunopathologie, et qui avait ouvert un centre de recherche et d’étude des effets de la foudre non loin de là.
Ce n’est pas le premier roman de l’auteure que je lis, et je n’ai pas été surpris de retrouver une écriture nerveuse et tendue, avec un démarrage sur les chapeaux de roue. Cette histoire de morts par foudre interposée est suffisamment tordue pour me rendre enthousiaste. Par contre, je dois admettre que Sonja Delzongle m’a un peu perdu en cours de lecture avec la multiplication des fausses pistes, mais surtout parce que je n’ai pas réussi à m’attacher réellement aux personnages, Max en premier. Je n’ai pas éprouvé d’empathie pour son passé et ses souffrances, sans doute parce que par moments il se révèle plutôt brut, lui-même peu aimable avec les personnes qui l’entourent ou les témoins qu'il interroge. Certains comme la policière Farida, à la limite de la caricature. Finalement, celle qui indiscutablement sort du lot, c’est Bénédicte Saint-Roch, la jeune rescapée d’un foudroiement et dont le psychisme perturbé vire à la schizophrénie. Un personnage comme l’auteure sait si bien les ciseler et qui sonne bien plus juste que les autres.
Le dénouement de toute cette incroyable affaire, sur fond de vengeance, est rondement mené et nous replonge dans le polar pur et dur. L’épilogue survenant quelques temps plus tard ne m’a pas paru apporter un plus à ce roman déjà bien fourni.
Je remercie les éditions Fleuve noir pour leur confiance.
Sonja Delzongle - Noir comme l’orage - Éditions Fleuve noir, janvier 2024, version numérique