Mémoires d’une voyante

Il n’est pas vraiment usuel de débuter une intégrale par une œuvre qui n’est ni la première ni une des plus importantes de l’auteur concerné. Mais il est vrai que c’est, en revanche, une des plus méconnues et des moins trouvables, puisque les nouvelles qui constituent cette œuvre sont parues en 1960 dans un hebdomadaire féminin, Confidences.

Ces récits racontent donc un certain nombre de problèmes psychologiques, sentimentaux ou policiers résolus par la narratrice grâce à ses dons de voyance. Dois-je dire que je n’ai pu m’empêcher de penser aux Enquêtes et aventures de Judith Lee, publiées un demi-siècle plus tôt par Richard Marsh, rééditées récemment par Rivière Blanche dans sa collection Baskerville. Il y a une certaine similitude entre les deux narratrices, l’une douée d’une ouïe exceptionnelle, l’autre de voyance, et dans certains problèmes policiers ou sociaux rencontrés. Mais rien n’oblige à penser que Jean-Louis Bouquet ait connu, ou se soit rappelé, de Judith Lee pour créer son personnage : il n’y a probablement qu’un parallélisme agréable pour ceux qui connaissent les deux et qui devrait inciter certains de ceux qui aiment l’une ou l’autre des œuvres à lire l’autre maintenant qu’elles sont toutes deux disponibles.

Sans doute, dans les deux cas d’ailleurs, ces récits fleurent-ils le parfum d’une époque révolue, et que ceux qui en ont connu en tout cas la dernière période retrouveront avec nostalgie.

Sinon d’autres apprécieront les qualités du style de Jean-Louis Bouquet, qu’à l’époque même un hebdomadaire féminin de grande consommation pouvait faire apprécier à ses lectrices. Sans atteindre à la maîtrise du fantastique des Portes des ténèbres, du Visage de feu et des Filles de la nuit, ces Mémoires d’une voyante ne déparent pas l’œuvre de Jean-Louis Bouquet dont les amateurs attendent avec impatience le reste de cette intégrale.

Mémoires d’une voyante, par Jean-Louis Bouquet, Armada, 2016, 201 p., couverture de Vael, 14€, ISBN 979-1-09093-183-1