Mémoires vivaces

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Paru chez Evidence, dans la collection « Raconte-moi une photo »  dirigée par Mac Bailly, Mémoires vivaces est le résultat d’un challenge de l’auteur : mettre des images en mots.

Pour avoir contribué à la collection, cet exercice est tout autant excitant que difficile. Si Christophe précise en préambule qu’il n’est pas un amateur de formes courtes, force est de constater que l’animal s’en sort plus qu’honorablement tout au long de ces quatorze récits mêlant le fantastique et la SF, le thriller, la poésie de l’instant, l’émotion au détour d’une page. Il n’hésite pas non plus à glisser de façon directe ou plus masquée, son amour pour les grands auteurs contemporains du genre, dont Stephen King bien sûr.

Résumer un recueil de nouvelles n’est jamais évident, je vais essayer de vous livrer mon ressenti sur chacune d’entre elles, en peu de mots pour ne rien gâcher du plaisir de votre future lecture.

 

Jamais : une courte nouvelle sur l’instant, l’envie, le désir simple entre deux êtres. Comment résumer la passion qui fait courir et peut sembler faire commettre des gestes non calculés.

Vivre : une nouvelle résolument tournée sur l’horreur, l’indicible comme disait Lovecraft. Un couple, un enfant, un chien. C’est l’enfant qui narre. « Ils » sont là, dehors, ils cherchent à entrer. Le garçon doit se cacher dans la cave… On ne saura pas qui sont ces agresseurs, ni ce qu’ils cherchent, ce qui rend la nouvelle plus percutante en quelques mots. Cet indicible n’est pas innocent, pour moi, il y a du Hodgson, du Jean Ray et du Lovecraft en elle.

Le jardinier : une histoire comme je les aime, en raison de sa chute, très noire et non dénuée d’humour. Parce que Maurice est un jardinier bien spécial.

La dématérialisation d’Eric Martelange : un petit délire sympathique d’anticipation sur l’écriture numérique

L’arbre dans la vallée : un petit conte sur un arbre. Qui rêvait d’aller plus loin, plus haut que n’importe qui. et tant pis si c’est un arbre. Il était une fois…

Les dents de la Meuse : une des nouvelles les plus intéressantes du recueil, à mi-chemin entre fantastique et drame sociétal. Un vieil homme sur un bateau, qui a tout perdu et ne voue plus que le restant de sa misérable existence à la traque de ces fameuses « dents de la Meuse ».

Les ombres de Celine : construite comme un poème,  ces ombres qui s’épaississent et viennent menacer leur propriétaire comme pour mieux lui échapper. Un petit côté ritournelles enfantines dans ce qu’elles peuvent avoir de cruelles.

Jackie : comme Jackie Kennedy, bien sûr. Et une histoire de paradoxe temporel, qui aurait pu être écrite par King lui-même. Comme dans 22/11/63 par exemple

Le grand nettoyage : les « Men in Black » à la sauce Corthouts. Leur mission, surveiller les interférences entre les différents univers et leurs habitants. Désopilant.

Forêt : et si les arbres parlaient avant de finir en étagère Ikéa ? Ils se raconteraient sûrement ce type d’histoire.

Mémoires vivaces : une des plus longues nouvelles du recueil. Thomas Selis, policier, prend en charge l’enquête sur une jeune femme quasi-mutique, ne prononçant que quelques mots d’anglais incompréhensibles. Et une photo à ses côtés, la montrant elle, mais prise bien avant… Puis surgissent des types en uniforme, façon T_1000 pour Sarah Connor. Et Lorna, qui le tire d’un mauvais pas et lui annonce qu’elle vient du futur pour le modifier. De la SF très classique, sans aucun temps mort.

Cent mille dollars : Pour cette somme, le sniper règle vos problèmes, quels qu’ils soient. Même si c’est la CIA qui demande… Enfin, en principe, parce que parfois, la cible est…

Le dernier Hobbit : ma préférée, indiscutablement. Beaucoup d’humour dans cette histoire de deux hommes, Jarvis et Robert, survivants du « Grand Merdier », l’extinction de la race humaine. Leur vie se résume à dégommer une sorte de zombie aussi dangereux qu’un poste électrique. Et puis Jarvis se demande ce qu’est devenu le dernier film réalisé par Peter Jackson, La bataille des cinq armées. La bobine doit exister dans ses studios en Nouvelle-Zélande, non? Pourquoi ne pas s’offrir un ultime road-trip ? A mi-chemin entre Zombieland et les comics de Kirklman et Adlard, Le dernier Hobbit est aussi un bel hommage à ce cinéma qu’affectionne l’auteur.

Le gardien de la côte :  de l’héroic-fantasy avec ce petit quelque chose tout droit sorti de Poudlard. Brian, un jeune gamin de 15 ans à l’esprit vif et nourri avec des dizaines de romans fantastiques, est embarqué dans une histoire où il doit combattre une créature vomie des Enfers et résolue à détruire le monde. Et Brian est l’élu…

 

14 histoires, 14 facettes du talent de l’auteur, qui sait être multiple, aussi à l’aise dans le roman d’aventure (ses Bob Morane sont parmi les meilleurs pour moi), le policier et le thriller (Virtual World est un roman à lire d’urgence), qui nous montre son amour pour le cinéma et les grands auteurs, auteurs à qui il peut se mesurer sans conteste, et sans avoir à rougir.

 

Je le remercie vivement ainsi que les éditions Evidence pour m’avoir permis de me régaler de ces petites douceurs.

 

Mémoires Vivaces - Christophe Corthouts - Evidence Edition, 2019

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