Les sorcières

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On a tendance à voir les sorcières comme d’affreuses bonnes femmes au nez crochu, au menton en galoche et chevauchant un balais. Mais cette vision n’est qu’imagée. Comme le disait très justement Jean-Louis Fetjaine, auteur entre autre de la trilogie des Elfes dont je reparlerai, au cours d’une interview dans Phénix Mag, à l’origine, celles qui étaient considérées comme sorcières étaient très souvent des druidesses qui ne voulaient pas renier leurs pratiques au profit du christianisme. D’ailleurs cette religion a instruit énormément de procès en sorcellerie dans les siècles qui ont suivi, et est même allée jusqu’à sacrifier des chats, surtout noirs, sous prétexte que c’étaient les compagnons attitrés des sorcières. Tous les excès ont été possibles dans ce domaine.

En tout cas, s’il en est bien une qui ne correspond pas à la caricature évoquée plus haut, c’est certainement Veronica Lake, dans le film du réalisateur français René Clément « Ma femme est une sorcière », datant de 1942. Veronika Lake, actrice à la mèche blonde tombant subtilement sur l’œil, campa dans ce film une sorcière fort séduisante, à l’origine condamnée au bûcher pour sorcellerie au XVIIème siècle en compagnie de son père, et qui revient sur terre au XXème pour épouser le descendant de son exécuteur. Bien sûr, tout cela donnera lieu à moult scènes rocambolesques, et inspirera la série TV « Ma sorcière bien aimée », avec les inénarrables Samantha et Jean-Pierre.


Plus sérieux et plus dramatique est le film de Raymond Rouleau sorti en 1957 : « Les sorcières de Salem ». Adapté d’une pièce de l’écrivain américain, Arthur Miller, l’histoire est inspirée par des événements s’étant produits au XVIIème siècle en Nouvelle-Angleterre, époque et région résolument puritaines. Là encore ils est question de sorcières, mais dans sa pièce, Arthur Miller visait le maccarthysme qui sévissait dans les années 50 aux USA, et la chasse en question concerne plutôt des gens accusés de communisme par une commission d’enquête pétrie d’obsessions.

En tout cas, le merveilleux film de Raymond Rouleau qui compte parmi les acteurs, Yves Montand et Simone Signoret, tous deux s’étant engagés au cours de leur vie pour défendre des causes sensibles, est là pour rappeler que des sorcières, on peut en rechercher en tout temps et en tout lieu lorsque certains régimes politiques sont en place, et peut encore donner un sérieux avertissement par les jours qui courent.


Avec « Les sorcières d’Eastwick » de George Miller en 1987, nous retrouvons tous les ingrédients de ce genre de thème : une petite ville puritaine comme les USA en ont le secret, des antécédents de sorcellerie dans ces lieux, et trois jeunes femmes risquant d’amener toutes sortes de fantasmes sur elles. Et là encore, avec Nicholson, personnage déjanté de « Shining », le décor est planté.

Et comme j’aime bien ajouter une petite touche musicale, cette fois-ci ce sera le groupe Redbone qui, en 1971 a fait un tabac durant l’été avec son tube « The witch queen of New Orleans ». « La reine sorcière de La Nouvelle Orléans », tout un programme et pas seulement musical, la Louisiane étant une contrée mystérieuse et le berceau du jazz et du blues, musiques ô combien ensorcelantes !


N’oublions pas que la magie n’est pas forcément noire, mais peut être blanche. Dans cet ordre d’idées, les sorcières sont susceptibles d’amener bonheur et réconfort. Et ainsi, on imagine très bien les druidesses préparant dans leurs chaudrons des potions miraculeuses plutôt que des filtres maléfiques. Et pensons aussi aux guérisseuses, ces femmes dotées de pouvoirs qui échappent au rationnel, venant parfois au secours de la médecine.

Sorcière est un terme finalement générique qui, selon l’emploi que l’on en fait, touche au Merveilleux comme au plus noir des fantastiques. Mais rien de définitif et d’irrémédiablement établi.

Pour ce thème :

- Le DVD du film « Ma femme est une sorcière » de René Clair.

- Le DVD du film « Les sorcières de Salem » de Raymond Rouleau.

- Le DVD du film « Les sorcières d’Eastwick » de George Miller.

- Le CD du groupe Redbone « The witch queen of New Orleans ».