La vengeance

La vengeance est un plat qui se mange froid, dit-on ; c’est sans doute vrai dans les trois œuvres que je vous propose.


Ainsi dans « La mariée était en noir », un must en la matière, le personnage joué par Jeanne Moreau, venge la mort de son fiancé, assassiné le jour de leurs noces, d’une façon méticuleuse et calculée. Elle remonte les pistes, et fait justice elle-même avec une froideur qui glace.

Il s’agit d’une adaptation réalisée par François Truffaut en 1967, d’un chef-d’œuvre de Maître William Irish, l’un de mes auteurs de polars favoris. Une véritable complicité s’était installée entre Truffaut et l’écrivain, si bien que tout en étant transposées en France, la trame et la subtilité du roman sont scrupuleusement respectées, et au final on nous offre un classique du film noir.

Il en est de même de « L’été meurtrier » (1983), de Jacques Becker. Là c’est du Sébastien Japrisot cuvée 1978, et du meilleur. Tout est bon dans l’histoire. Une jeune femme née d’un viol veut venger sa mère en mettant au point une infernale machination. Le problème, c’est qu’elle se trompe du départ, et évidemment tout tourne au pire des drames.
Adaptée au cinéma, l’histoire nous permet de goûter au charme de la Provence en été, avec une Isabelle Adjani libérant une sensualité débridée, et un Alain Souchon absolument émouvant. Un excellent roman donne très souvent un excellent film, surtout lorsque l’on respecte le sujet. Mais j’ai cru lire quelque part que le très regretté Sébastien Japrisot avait supervisé le tout.

Autre histoire de vengeance : « Tchao Pantin » de Claude Berri. Sorti en 1983, ce film est connu pour avoir révélé un Coluche insoupçonné. Un Coluche qui jouait un rôle dramatique, celui du pompiste Lambert, et en plus qui le jouait très bien.

Le fameux Lambert recueille dans ses bras le dernier souffle de Richard Anconina qui offre de ce fait une prestation plutôt limitée dans ce film, et il n’en faut pas plus pour que ressurgisse le passé. Le pompiste qui est en fait un ancien flic part donc en chasse pour venger le petit dealer que joue Anconina, mais en même temps régler ses comptes avec son passé. La présence d’Agnès Soral en punkette très convaincante donne encore plus de relief au film qui est une adaptation d’un roman d’Alain Page.


La vengeance est un concept qui remonte sans doute aux origines de l’Humanité. L’Histoire, les grands textes religieux y font souvent référence. Le jeune garçon qui reçoit un coup de pied de la part d’un camarade dans la cour de récréation, cherche à la rendre. Un pays qui perd une guerre, y retourne également dans de nombreux cas.

Pour le polar, le thème de la vengeance est bien sûr un thème en or. Il permet de ficeler et de baliser une intrigue, de faire monter crescendo le suspense, en un mot, d’emballer complètement le lecteur ou le spectateur.

Mais il y a des polars mieux réussis que d’autres dans ce genre ; qui savent économiser l’hémoglobine tout en restant efficace ; qui mettent en scène des personnages entiers, qui vibrent jusqu’au dénouement, et nous emportent évidemment.

C’est le cas des trois titres choisis :

- « La mariée était en noir » de William Irish - Folio.

- « L’été meurtrier » de Sébastien Japrisot - Folio.

- Le DVD du film « Tchao Pantin » de Calude Berri.

Août 2007