Mystère de la femme sans tête (Le)

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Après Ariane qui fictionnalisait une part de sa jeunesse, Les yeux rouges qui prenaient pour thème les difficiles moments de harcèlements numériques et réels qu’elle a subis, Myriam Leroy est de retour avec ce Mystère d’une femme sans tête, prétexte à une réflexion sur l’histoire, les femmes, les traces que l’on espère laisser ou encore la question centrale de nos actes et leurs conséquences sur nos existences et celles des autres.

 

Difficile de confondre un roman de Myriam Leroy avec celui d’un autre auteur, d’une autre autrice. En trois volumes, celle que l’on connaît aussi comme journaliste et réalisatrice de documentaire possède incontestablement une voix, un sens des mots, de l’expression, de la mise en scène qui flirte avec l’irritant et le sublime.

 

Irritant, parce qu’à force de vouloir joindre son destin à celui de cette immigrée russe dont elle ne découvre la vie qu’à travers des bribes d’informations subjectives, Myriam Leroy finit par trouver du sens et l’écho d’un combat très actuel dans une réalité qui semble peu comparable à la nôtre. Une envie forcenée de défendre sa thèse qui débouche sur des raccourcis et des répétitions qui prennent des allures de leçons trop démonstratives.

Sublime, parce que la façon dont l’autrice entremêle son quotidien, ses questionnements, ses angoisses et ses doutes avec la projection historique des aventures de Marina Chafroff nous offre des vrais moments de grâce, de révolte, d’émotions. Elle nous décrit des moments de bascule, des événements tragiques, des bassesses trop humaines, avec un sens de la formule qui laisse rêveur. La scène où Marina découvre les amis de son mari lancés dans une parodie abjecte de son engagement naïf mais sincère, montre à quel point une époque « révolue » peut servir de reflet éclatant à notre réalité.

 

J’admets sans soucis que les deux paragraphes précédents sont paradoxaux. Et tant pis. L’être humain l’est aussi et ce roman est traversé par une humanité à la fois éclairante et étouffante, par une écriture légère et lourde, par des moments d’émotions vives et des platitudes trop souvent répétées, par une autrice qui (se) cherche un chemin, une raison de vivre et de ressusciter un personnage que l’histoire, la grande comme la petite, a oublié.

Bref, ce roman est un magnifique reflet de notre époque. Une époque en déséquilibre, en souffrance, une époque où d’aucun se cherche sans comprendre comment exister et où d’autres existent sans raison, en pleine lumière, noyés de célébrité pour quelques sottises partagées sur un réseau social.

 

Et si je n’avais qu’un seul conseil à donner à Myriam Leroy, c’est de continuer à écrire. Parce que c’est sans doute cela sa place dans le grand bordel de nos existences.

 

Myriam Leroy, La mystère de la femme sans tête, Editions du Seuil

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