Chambre des morts (La)

Réalisateur: 

La porte des secrets


La rançon

En pleine nuit, Vigo et Sylvain, deux informaticiens au chômage et en état d’ébriété, renversent, avec leur voiture, un homme surgi de nulle part. Lorsqu’ils sortent du véhicule pour juger de l’étendue des dégâts, ils constatent que le malheureux est mort sur le coup et ils trouvent, à ses côtés, un sac contenant deux millions d’euros. Ils sont dans un lieu désert (le parking d’une zone industrielle), au beau milieu de la nuit, une fortune à portée de main et sans aucun témoin à l’horizon. Alors que faire : appeler la police ou profiter de l’occasion ? Après une brève discussion particulièrement animée qui les oppose, Vigo et Sylvain décident finalement de se débarrasser du corps et de garder l’argent. Le lendemain matin, dans un entrepôt situé à quelques mètres du lieu du tragique accident, la police retrouve le corps de Mélodie, une fillette aveugle. Lorsque cette macabre découverte fait la Une du journal télévisé, Vigo et Sylvain réalisent que l’argent, qu’ils ont dérobé la nuit précédente, était vraisemblablement celui de la rançon qui aurait pu sauver la vie de la fillette et que le ravisseur les a peut-être même vus dérober le magot mais il est trop tard pour faire marche arrière. L’enquête criminelle est à peine commencée qu’une autre gamine est enlevée, diabétique cette fois-ci, et ses heures sont donc comptées. A l’hôtel de police de Dunkerque, le compte à rebours est engagé. C’est sous les ordres du Lieutenant Moreno que Lucie, une jeune brigadier de 26 ans, participe à sa première enquête. Très vite, la jeune recrue est obsédée par cette enquête qui la confronte, bien malgré elle, aux démons de son passé. En raison de ce qu’elle a vécu dans son enfance, elle a une approche très singulière de cette enquête. Grâce à ses intuitions et à sa capacité de déduction, elle semble deviner les motivations et prévoir les agissements du “tueur”.


Les diaboliques

La Chambre Des Morts est basée sur l’effet papillon de trois histoires qui s’enchevêtrent avec, comme élément original, l’intrusion “accidentelle” de deux chômeurs dans le duel classique opposant la police au serial killer. Vigo et Sylvain se retrouvent confrontés à un choix éthique : prendre en douce cet argent “tombé du ciel” et considérer ce signe du destin comme une seconde chance qui leur est offerte ou prévenir la police ce qui aurait pour eux la fâcheuse conséquence de se retrouver en prison pour homicide involontaire et conduite en état d’ivresse. Comme ils ignorent à ce moment-là tout de l’enlèvement de la première petite fille et de la demande de rançon, ils n’ont aucune idée de la chaîne de catastrophes que leur choix de garder l’argent va alors provoquer.

L’intrigue complexe est à entrées multiples et comporte plusieurs rebondissements où se télescope et s’enchevêtre le destin de plusieurs personnages qui n’ont, a priori, aucun lien entre eux mais qui, hasard ou coïncidence, vont se retrouver embringuer dans la même galère en l’espace de très peu de temps. Pour chacun des “couples” du film (Lucie-Moreno, Vigo–Sylvain, Annabelle–Alex), il y a un moment particulier où tout bascule et où, face à un choix décisif, chaque individu, poussé dans ses derniers retranchements, finit par révéler sa vraie personnalité.


Alfred Lot prend le parti de changer de point de vue en cours d’intrigue en passant successivement de l’accident de voiture au nouvel enlèvement d’enfant et à l’enquête policière qui en découle pour basculer ensuite dans le monde de folie du “tueur”. L’action se déroule dans une grande variété de décors (champ d’éoliennes, terril, entrepôt, commissariat, domiciles des principaux protagonistes, antre du tueur, zoo, atelier du taxidermiste, ...) et est entrecoupée de flashs-back servant à nous livrer des informations et nous faire entrapercevoir les blessures du passé de certains personnages. L’horreur est ici volontairement plus psychologique que visuelle et la mise en scène n’exploite jamais le filon du gore mais préfère faire fonctionner l’imagination (plus ou moins fertile) du spectateur en utilisant l’impact du hors-champ ainsi que les non-dits. Si, en situant l’action dans le Nord de la France et en l’ancrant dans le quotidien des différents protagonistes de l’histoire, le film contourne effectivement le sensationnalisme “hollywoodien” souvent lié aux serial killers fétichistes, on n’évite ici malheureusement pas les clichés du genre avec des duos de personnages qui, confrontés à une même situation, vont systématiquement réagir de façon exactement opposée : l’un vers le Bien et l’autre vers le Mal, comme si, dans la vie courante, il n’y avait jamais de “juste milieu”. En outre, même si Mélanie Laurent s’en tire avec les honneurs dans son interprétation du rôle de Lucie, il est bien difficile au spectateur de croire à son histoire et de pouvoir, en outre, s’identifier à l’un des personnages.

La Chambre Des Morts

Réalisation : Alfred Lot

Avec : Mélanie Laurent, Eric Caravaca, Gilles Lellouche, Jonathan Zaccaï, Laurence Côte, Céline Sallette.

Sortie le 14 novembre 2007

Durée : 1 h 58

Sections: 
Type: