Docteur Sleep

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Le petit Dany Torrance est désormais adulte. Il a échappé au sort de son père alcoolique et travaille en tant qu’aide-soignant dans un hospice où il utilise ses pouvoirs surnaturels pour apaiser la souffrance des mourants. D’où son surnom : Docteur Sleep. Il rencontre Abra, fillette de 12 ans, pourchassée par un étrange groupe de voyageurs qui traversent les États-Unis en se nourrissant de la lumière des enfants télépathes…

Il faut sans doute s’appeler Stephen King pour proposer la suite d’un roman plus de 35 ans après sa parution originale ! Avec Docteur Sleep, le lecteur est donc invité à suivre la vie de Dany Torrance, le petit garçon de Shining, alors qu’il s’apprête à aider une fillette engagée dans une lutte à mort contre une communauté de « vampires » nourris aux ondes psychiques des enfants télépathes. Shining, dans l’esprit d’un certain nombre de personne, c’est avant tout l’incroyable adaptation cinématographique de Stanley Kubrick… Les plans à la steadycam, le jeu d’acteur époustouflant de Jack Nicholson, la mise en scène millimétrée… Reste que cette version, davantage dédiée à la folie qui s’empare du personnage principal enfermé dans ses doutes d’écrivain, n’a jamais plu au Maître de Bangor, convaincu que les racines de la terreur, dans son roman, étaient bien plongées dans le terreau surnaturel d’un hôtel hanté.
Avec Docteur Sleep, King décide donc de remettre les pendules à l’heure, annonce la couleur dans les premières pages (en offrant un rôle important au personnage de Halloran, mort dans le long métrage…) et pousse le curseur du surnaturel et de l’horreur fantastique.

Rythmé, plus sec et enlevé que la plupart de ses dernières productions, ce roman est un roller-coaster, un coup de poing dans la figure, une expérience sensorielle et sentimentale, dans lequel King parvient, pour la première fois ou presque, à allier la force qu’il peut concentrer dans ses nouvelles et le souffle épique de certains de ces romans les plus réussis.

Docteur Sleep est, vous l’aurez compris, une réussite de plus à accrocher au tableau de chasse de Stephen King, l’œuvre d’un écrivain en pleine possession de ses moyens.

Docteur Sleep par Stephen King, Albin Michel

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Commentaires

"The Shining" (avec le pronom et un seul "n"), merci...

En tant que grand fan du King, j’attendais beaucoup de ce dernier opus. A signaler une chose rare dans le monde littéraire : un auteur mythique qui se penche après trente ans sur sa propre mythologie pour en forger une suite. Danny a grandi, ses fantômes aussi nous dit-on. Et c’est vrai aussi pour le reste. King a muri, il a grandi. Ses obsessions se sont déplacées, ses émotions d’écrivain aussi à n’en pas douter. J’étais emballé, mais dès qu’est apparu les références au 11 Septembre, j’ai été déçu. C’était comme trop. Trop gros, trop évident. Incontournable dans la conscience américaine actuelle, j’en conviens, mais cela faisait comme une incursion trop réelle dans l’univers clos qu’était les livres de King à l’époque de Shining.
Du coup j’ai été déçu. Le style reste brillant, et King un incroyable narrateur de terreur et de violence (car son livre est très violent et particulièrement malsain : je vous met au défi d’oublier le personnage de Rose Claque !) mais la magie horrifique qu’il y avait dans les titres mythiques Simetierre, Shining, et autres s’est évaporée dans la fumée, hélas.