Bazaar

Bazaar est une livre un peu particulier dans la carrière de Stephen King, puisqu’il s’agit du roman où le lecteur assiste, impuissant, à la disparition de Castle Rock, bourgade fictive du Maine qui occupait les recoins de la fiction kingienne jusque là. Disparition... Et quelle disparition, puisque lorsqu’on s’appelle Stephen King, on propose généralement les choses avec panache.

Dans ce cas-ci, tout démarre par l’arrivée, à Castle Rock d’un commerçant particulier, Leland Gaunt, dont la boutique renferme un tas d’objets bien particuliers. Des objets qui, aux yeux des habitants de Castle Rock, ont tous une valeur sentimentale inestimable. Un jeune garçon y trouve la carte de base-ball qu’il rêve d’acquérir, une jeune femme y déniche une statuette du King Elvis Presley, un autre encore y trouvera sans doute la canne à pêche de ses rêves. Mais ce qui est encore plus extraordinaire, c’est que Leland Gaunt vend tous ces objets à des prix défiants toute concurrence. Une vraie aubaine. Une aubaine qui s’accompagne simplement d’une petite clause toute particulière. Pour bénéficier de prix « cassés », chaque acheteur se voit confier une petite tâche insignifiante par le subtil monsieur Gaunt.

Avec autant de malice que Stephen King l’auteur, Gaunt le manipulateur va peu à peu enfermer Castle Rock dans une spirale de violence qui s’achèvera par la quasi destruction de la petite bourgade.

Avec une jubilation évidente et un sens aigu de l’observation, King démonte les travers de l’american way of life et jette à la face des lecteurs ses pires mesquineries... Dans un roman dont le rythme ne faiblit jamais et qui marque, plus encore que Ca, la rupture et la fin d’une période pour le géant de Bangor. Après Bazaar, plus rien ne sera vraiment pareil dans le monde de Stephen King et il entreprendra sa réelle transformation en auteur contemporain de premier plan, tout genre confondu.

Stephen King, Bazaar, Le Livre de Poche, 896 pages