Joyeux anniversaire de Cath Bardy

Mélanie alluma son ordinateur et se connecta à Tchatori, son logiciel de messagerie instantanée. Elle sourit en constatant qu’Aiden était déjà en ligne. Sans tarder, elle engagea une conversation privée.

@Mel : Salut !

@Aidy : Hey ! Tu rentres tôt, ce soir.

@Mel : Oui, mon dernier cours a été annulé. Tu fais quoi de beau ?

@Aidy : Je lis Entretien avec un vampire d’Anne Rice.

@Mel : Excellent choix de lecture !

@Aidy : Je sais. J’ai très bon goût ;)

@Mel : Et des chevilles surdimensionnées, surtout XD

 

Pendant les heures qui suivirent, ils continuèrent de parler, débattant tantôt de qui était le vampire le plus intéressant dans la saga d’Anne Rice, tantôt se racontant leur journée.

Mélanie était en dernière année de licence de Droit. Elle approchait des vingt-et-un ans et habitait seule dans son petit studio étudiant, en résidence universitaire. Elle avait rencontré Aiden quelques mois plus tôt sur un forum de jeux de rôles. Ils avaient d’abord parlé par le biais de leurs personnages. Puis, ils avaient commencé à échanger des messages privés et en étaient venus naturellement à se parler par messagerie instantanée. Ils avaient même fait des visiophonies quelques fois.

Depuis quelques temps, l’étudiante passait le plus clair de son temps libre à discuter avec le jeune homme. Elle avait ainsi appris qu’il habitait à une cinquantaine de kilomètres de chez elle. Il avait vingt-six ans et tenait le bar que lui avaient légué ses parents, morts dans un accident de voiture.

 

@Mel : Bon, ce n’est pas tout, mais j’ai cours demain. Il est déjà minuit passé, je ne vais pas savoir me lever.

@Aidy : En toute logique, nous sommes déjà demain ;)

@Mel : *tire la langue*

@Aidy : Quelle maturité ! On ne croirait pas que tu vas avoir 21 ans ce week-end :p

@Aidy : D’ailleurs… Je voulais te proposer de venir faire un tour par chez moi pour ton anniversaire. Je t’offrirai un verre pour fêter ça, évidemment ;)

 

Mélanie hésita avant de répondre. Était-ce une bonne idée ? Comme tout le monde, on lui avait dit et répété de se méfier des étrangers. Plus encore, en tant que fille, on lui avait appris que c’était une mauvaise idée de se retrouver seule chez un garçon qu’elle ne connaissait pas. Sans compter qu’elle avait rencontré Aiden sur internet et qu’elle ne l’avait jamais vu en chair et en os. Mais cela faisait des mois qu’ils parlaient ensemble pratiquement tous les jours. Et puis ils s’étaient déjà vus par webcam. Elle savait donc qu’il n’avait pas menti sur son âge. Elle n’avait pas affaire à un vieux pervers.

@Aidy : Je ne t’oblige à rien, tu sais ? Si tu ne veux pas, je ne vais pas me vexer. Je me suis simplement dit que ça pourrait être sympa de le fêter ensemble, en vrai plutôt que par écrans interposés. Mais je comprends très bien si tu ne préfères pas.

@Mel : Non, ce n’est pas ça. C’est juste que c’est un peu soudain, je ne m’y attendais pas. Je trouve que c’est une très bonne idée :)

 

Ainsi s’échangèrent-ils leurs numéros de téléphone et se mirent-ils d’accord pour passer la soirée du samedi et une partie du dimanche ensemble. Comme ils comptaient boire, le jeune homme avait proposé de l’héberger pour qu’elle n’ait pas à reprendre le volant pour rentrer chez elle.

Le samedi après-midi, Mélanie monta dans sa voiture et programma l’adresse d’Aiden dans son GPS. Elle envoya un texto au jeune homme pour l’avertir de son départ et démarra. Un peu moins d’une heure plus tard, elle arrivait enfin à destination. Quelle idée d’habiter dans un village entouré de champs et accessible uniquement par les petites routes de campagne ! Aiden l’attendait sur le trottoir devant chez lui mais ne l’avait pas encore remarquée. Elle en profita donc pour le détailler à son aise. Il paraissait plus grand que sur la photo qu’il lui avait envoyée. En revanche, ses cheveux noirs étaient un peu plus courts, eux. Il avait ses lunettes aux montures noires épaisses qui lui donnaient un air plus sérieux sans être froid. Malgré le printemps plutôt timide de ce début du mois de mai, il portait un débardeur et un jean noir. Ainsi, elle remarqua qu’il avait un tatouage sur l’intérieur de l’avant-bras droit. Mais elle ne parvenait pas à le distinguer de là où elle se trouvait.

Elle hésita un instant. Était-ce réellement une bonne idée ? Et si Aiden n’était pas le gentil garçon qu’il laissait paraître derrière son écran ? Elle se mit mentalement une claque. Pourquoi toujours penser au pire ? Il n’était pas possible de jouer ainsi la comédie pendant tant de mois. Elle se décida alors et descendit de la voiture pour se diriger vers le jeune homme qui l’accueillit avec un grand sourire et une étreinte amicale et chaleureuse.

— Je suis content que tu sois venue ! Donne-moi ton sac, je vais te montrer ta chambre.

Après un rapide tour de l’appartement, ils se rendirent au bar.

— Au fait, tu ne travailles pas aujourd’hui ? demanda Mélanie une fois sur place.

— Non, c’est Antoine, mon meilleur barman, qui tient la boutique pour le week-end. Tu veux boire quelque chose ?

— Euh… Un Ice Tea, s’il te plait.

— Sérieusement ? s’exclama Aiden, presque choqué. T’as vingt-et-un ans aujourd’hui, faut fêter ça !

— Il est dix-huit heures. Si je commence à boire maintenant, je vais devoir me coucher à l’heure des poules.

— On n’est pas obligés de boire non-stop. Juste un verre maintenant, et on boira vraiment ce soir.

Mélanie réfléchit quelques secondes et finit par céder.

— D’accord, je vais prendre une Piña Colada, alors.

Ils s’installèrent au comptoir et Aiden commanda pour eux deux. La jeune femme regarda Antoine. C’était un homme de moins de trente ans, blond, longiligne et qui semblait très doué avec ses mains, à en juger par la dextérité avec laquelle il préparait leurs cocktails. Et elle ne put que confirmer ses talents lorsqu’elle goûta sa boisson.

Le reste de la soirée se passa vraiment bien : ils discutèrent un peu plus d’une heure autour de leurs verres et Aiden l’invita ensuite à dîner dans un restaurant japonais, avant de retourner au bar où ils restèrent jusqu’à plus de trois heures du matin. À vrai dire, c’était surtout parce que Mélanie était tellement fatiguée qu’elle peinait à marcher droit. Gentleman, le jeune homme lui offrit son bras pour l’aider.

De retour à l’appartement, il dut presque la porter jusqu’à la chambre, ses yeux se fermant tout seul.

— Je pensais que tu exagérais quand tu disais ne pas tenir l’alcool, mais je suis forcé d’admettre que tu n’es pas très bonne copine de beuverie, s’amusa Aiden.

— J’suis pas saoule, j’suis juste crevée. J’ai fait d’la route, moi, j’te rappelle, répondit Mélanie avec une voix un peu pâteuse.

— Oui, oui, bien sûr. Allez, couche-toi sur le lit avant de finir par dormir par terre.

Elle ne se fit pas prier et s’étala de tout son long sur les couvertures. Moins d’une minute plus tard, son esprit était déjà parti ailleurs.

Lorsqu’elle se réveilla, le soleil était haut dans le ciel et un rayon venait l’éblouir désagréablement. Elle ronchonna, mécontente d’être réveillée aussi violemment. Surtout qu’elle avait l’impression qu’un marteau-piqueur avait élu domicile dans sa tête. Elle remarqua qu’elle avait dormi toute habillée. Mais ses chaussures étaient sur le sol. Elle ne se souvenait pas les avoir retirées, pourtant. Enfin, elle avait du mal à se souvenir de tous les détails de la fin de la soirée, en fait. Plus jamais elle ne boirait autant, se promit-elle. Trois verres dans la même soirée, c’était définitivement trop pour elle.

Prudemment, Mélanie se leva et marcha pieds nus jusqu’à la cuisine où elle trouva le maître des lieux.

— Ah ! La belle au bois dormant daigne enfin ouvrir les yeux, se moqua ce dernier. Je t’ai préparé une aspirine et un verre d’eau à côté de la cafetière. J’espère que tu as faim, je suis en train de terminer le déjeuner. Comme il est déjà deux heures de l’après-midi, je me suis dit qu’on allait sauter le petit-déj’.

La jeune femme, qui avait déjà avalé son cachet et finissait son verre d’eau, s’étouffa dans sa gorgée aux derniers mots.

— Quoi ? Tu plaisantes ? Je n’ai quand même pas dormi tant que ça...

— Je suis très sérieux, répondit Aiden en pointant du doigt l’horloge digitale de son four.

Il lui laissa le temps de digérer l’information avant de lui proposer de prendre une douche pendant qu’il finissait de préparer à manger. Encore un peu sous le choc, l’étudiante s’enferma dans la salle de bain et se regarda dans le miroir. Ses yeux bleus semblaient ternes, ses longs cheveux blonds bouclés étaient emmêlés comme si elle ne les avait pas brossés depuis des jours et son teint était pâle. Presque translucide, se dit-elle en voyant le réseau de veines bleutées qui ressortait au-dessus de sa poitrine et dans son cou. En fait, elle avait l’air aussi fatiguée qu’elle l’était réellement. Comment pouvait-on dormir plus de dix heures et avoir l’impression d’avoir fait une nuit blanche ? Surtout qu’elle avait l’habitude de dormir peu. Il n’était pas rare qu’elle révise tard pour se lever ensuite aux aurores. Elle finit par hausser les épaules, mettant tout cela sur le compte de l’alcool. Vraiment, ne plus jamais boire plus d’un verre. Ça ne lui réussissait pas du tout.

Une fois dans la cabine de douche, alors qu’elle était en train de se savonner, elle se mit mentalement des claques. Mais qu’est-ce qui lui avait pris ? Aller pour le week-end chez un homme qu’elle avait rencontré sur internet et boire au point de s’effondrer... Quelle imbécile ! Autant porter directement un t-shirt avec l’inscription « kidnappez-moi, violez-moi et tuez-moi », ça irait plus vite. Elle avait vraiment de la chance qu’Aiden se soit révélé être quelqu’un de confiance.

Mélanie était en train de se rincer, quand elle se rendit compte que quelque chose n’allait pas. Regardant au sol, elle vit que l’eau ne s’écoulait plus par la bande d’évacuation. Son premier réflexe fut donc de couper l’arrivée d’eau. Mais sans succès. Elle avait beau tourner les robinets dans tous les sens, cela n’avait aucun effet. Elle tenta alors de sortir de la douche, mais la porte refusa de s’ouvrir.

— C’est quoi ce délire ? commença-t-elle à paniquer.

Le niveau de l’eau lui arrivait maintenant à mi-cuisses. Elle s’appuya de tout son poids sur la porte, la frappa de toutes ses forces en criant, mais rien n’y fit. Elle ferma les yeux et commença à désespérer. Avec tout le bruit qu’elle avait fait, il était impossible qu’Aiden ne l’ait pas entendue.

Soudain, un coup retentit à la porte de la salle de bain.

— Mél’ ? Le repas est presque prêt.

L’étudiante ouvrit les yeux dans un sursaut. L’eau ne coulait plus du pommeau de douche et il n’y avait plus aucune trace de l’inondation dont elle était victime quelques secondes plus tôt. Un peu tremblante, elle poussa doucement la porte de la cabine qui s’ouvrit sans aucun problème.

— Mélanie ? l’appela la voix d’Aiden avec un note d’inquiétude.

— Euh… Oui ! Oui, excuse-moi. J’ai fini, j’arrive dans une minute.

Se pouvait-il qu’elle fût si fatiguée qu’elle s’était endormie dans la douche ? C’était en tout cas l’explication la plus plausible qu’elle parvenait à trouver en cet instant. Séchée et habillée de ses vêtements de rechange, elle rejoignit son hôte à table.

— Ça sent super bon ! s’exclama-t-elle.

— Ce n’est pas grand-chose. Un poulet rôti et des pommes de terre sautées, c’est à la portée de tout le monde. Et puis, attends d’avoir goûté. Si ça se trouve, il n’y a que l’odeur qui est bonne.

Ils rirent de la plaisanterie et se mirent à manger. Le plat était finalement autant un bonheur pour les papilles que pour le nez.

— Au fait, tu as bien dormi ? demanda Aiden pour briser un silence qui s’éternisait.

— Je suppose que oui. Je ne me souviens même pas m’être couchée, en fait.

— Je veux bien te croire. Tu t’es endormie en un temps record ! À peine allongée que tu dormais déjà. Par contre, tu n’as pas l’air très reposée.

— Oui, je t’avoue que je me sens encore fatiguée.

— Tu peux rester un peu plus longtemps, si tu veux. Je ne travaille pas non plus demain.

— Non, j’ai cours. Je vais bientôt avoir des partiels, je ne peux pas me permettre de sécher maintenant. Et puis, mes amies risquent de s’inquiéter si elles ne me voient pas en cours.

Aiden n’insista pas et ils finirent de manger tranquillement.

— Je te remercie pour ton accueil et ce week-end vraiment sympathique, finit par dire Mélanie en fin d’après-midi. Mais je dois vraiment y aller.

— Tu es sûre ? Parce que tu n’as pas vraiment l’air en forme pour faire une heure de route. Je me sentirai coupable, s’il t’arrive quelque chose sur le chemin du retour.

— Ne t’inquiète pas, ça va aller. Je vais me passer un coup d’eau sur le visage, et ça ira mieux.

La jeune femme retourna dans la salle de bain. Elle fit couler l’eau dans ses mains et s’aspergea le visage pour se rafraîchir. Lorsqu’elle se redressa, elle crut voir quelqu’un derrière elle dans le miroir. Sursautant, elle se retourna vivement. Mais il n’y avait rien.

— Bon sang, tu perds la tête, ma pauvre fille…

Elle fit à nouveau volte-face et se figea d’horreur. Là, dans la glace, se tenait une ombre dans son dos, ayant une forme plus ou moins humaine. Elle aurait voulu crier, mais n’en eut pas le temps : les bras de l’ombre l’avaient déjà enserrée au niveau de la taille et du cou, l’étranglant peu à peu. Elle tenta de se débattre en vain. Elle n’arrivait pas à attraper ce qui la tenait pour se défaire de la prise. C’était comme vouloir saisir de la fumée.

— Cela ne sert à rien de te débattre, lui dit la chose qui l’emprisonnait d’une voix gutturale, comme venant d’outre-tombe.

La panique montait tandis que son souffle et sa conscience lui échappaient. Malgré sa lutte pour s’en sortir, ses paupières se fermèrent et le noir l’envahit. Mais elle se sentit tout à coup secouée et elle entendit une voix l’appeler. Elle ouvrit les yeux et prit une vive goulée d’air en se redressant.

— Mélanie ? Ça va ?

Aiden la regardait avec les sourcils froncés, montrant clairement son inquiétude.

— Que s’est-il passé ? demanda l’étudiante, le souffle encore court.

— Je ne sais pas. Je t’ai trouvée inconsciente sur le sol. Tu as probablement fait un malaise.

Il l’aida à se relever et lui offrit un verre de jus d’orange une fois qu’elle fut installée sur le canapé.

— Merci. Je suis désolée.

— Désolée de quoi ?

— De te causer du souci.

— Ne t’en fais pas pour ça. Tu vas rester ici cette nuit encore pour te reposer et tu n’auras qu’à repartir demain matin, quand tu seras plus en forme.

Mélanie hésita. Elle avait l’impression d’abuser de l’hospitalité de son ami. Et elle commençait aussi à s’inquiéter d’être de plus en plus fatiguée. Elle n’avait jamais eu de problème de santé particulier. Pourquoi, tout à coup, se retrouvait-elle presque totalement vidée de ses forces ? Elle n’avait pourtant rien fait qui puisse justifier un tel épuisement.

— En fait, je ne te laisse pas vraiment le choix. Il est hors de question que je te laisse reprendre le volant dans ton état.

— Ça me gêne vraiment de m’imposer ainsi chez toi.

— Je t’assure que ça ne me pose aucun problème. Je pourrais t’appeler un taxi. Mais, sans parler du prix astronomique de la course, il resterait la question de ta voiture. Et je serai vraiment plus rassuré que tu ne sois pas seule. Je me sens un peu responsable. Je n’aurais pas dû te pousser à boire hier soir.

L’étudiante finit par abdiquer. Elle-même n’avait pas très envie de se retrouver seule après les deux dernières expériences qu’elle avait vécues. En rendant le verre à Aiden, elle remarqua à nouveau son tatouage et pris le temps de le détailler un instant. C’était une suite de lignes horizontales à proximité du poignet, comme les barreaux d’une échelle. Il y en avait quatre. Mais la plus proche du coude semblait en partie effacée.

— Il est étrange ton tatouage, releva-t-elle. Quelle est sa signification ?

— Mon tatouage ? s’étonna le jeune homme.

Il regarda son avant-bras quand Mélanie le lui montra du doigt.

— Oh ! Ça ! C’est… un délire d’adolescent bourré. Franchement sans importance.

N’ayant pas le courage d’insister pour satisfaire sa curiosité, elle s’endormit quelques minutes plus tard, sur le canapé. Ce fut la sonnerie de son téléphone qui la réveilla. Elle aurait voulu répondre, mais son bras refusait de bouger. Il semblait si lourd.

— Allô ?

Elle reconnut la voix d’Aiden. Celui-ci avait dû décrocher à sa place. Sans doute pour ne pas la réveiller.

— Je suis un ami. Elle est passée chez moi pour fêter son anniversaire samedi. Elle a oublié son téléphone.

Il y eut une courte pause avant que le jeune homme reprenne :

— Elle n’est pas venue en cours ? Pourtant, elle est repartie hier en début d’après-midi. Mais il est vrai que je lui ai laissé un message hier soir sur Tchatori, resté sans réponse, pour la prévenir que son portable était resté chez moi. Je comptais justement le lui apporter ce soir.

Quoi ? Mais qu’est-ce qu’il racontait ? Pourquoi mentait-il à l’une de ses amies ? Le rythme cardiaque de Mélanie s’affola. Et si, finalement, Aiden n’était pas celui qu’elle pensait ? S’il s’était joué d’elle ? Elle se força à ouvrir les yeux. Il lui fallut quelques secondes pour que sa vision floue revienne à la normale en s’habituant à la lumière. Le jeune homme n’était pas loin d’elle et était sur le point de raccrocher. Elle eut tout juste le temps de remarquer un détail troublant sur le tatouage de son hôte : la quatrième barre était presque totalement effacée. Comment était-ce possible ?

— Aiden ? l’appela-t-elle faiblement.

Elle reconnaissait à peine sa voix tant elle était éraillée. Le susnommé se tourna vers elle et fronça les sourcils.

— T’es une battante, toi, hein ? Rendors-toi, ça ira plus vite. Plus tu luttes, plus tu souffriras.

— De quoi… tu parles ? Et ton... tatouage ?

— Ne cherche pas à comprendre. Ferme les yeux et laisse-toi aller. C’est presque fini.

Non. Mélanie ne voulait pas abandonner. Elle voulait savoir ce qui était en train de lui arriver. Elle tenta de bouger, sans succès. Chaque muscle de corps était si endolori qu’elle avait l’impression d’être passée sous un bus. Un geignement traversa ses lèvres.

— Chut, fit Aiden en s’asseyant à côté d’elle et en lui caressant les cheveux doucement. Ça va aller mieux très bientôt.

Plus les secondes s’égrenaient, plus elle se sentait partir. Malgré la panique qui l’habitait, son rythme cardiaque chutait dangereusement. Jusqu’au moment où elle ne put lutter davantage.

 

Aiden regarda la jeune femme qui venait d’expirer son dernier souffle. Il jeta un coup d’œil à son avant-bras. Il ne restait plus que trois traits. Encore trois personnes à vider de leur énergie et il serait enfin libre. Il ne serait plus dépendant de la confrérie. Il serait assez puissant et n’aurait plus besoin d’obéir à ces imbéciles qui étouffaient leurs capacités. Il saurait les mener à la liberté.

Mais l’heure n’était pas encore à la jubilation. Il lui fallait effacer les preuves et maquiller la mort de Mélanie en accident. Il n’était pas rare que de jeunes gens ayant trop bu s’endorment au volant et finissent dans un arbre.

 

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