Escales en Utopie

Qui ne connaît pas Michel Jeury qui, (50 ans après son premier roman distingué par un prix de la SF française en 1960, Aux Étoiles du destin, inclus dans ce volume, après un grand nombre d’oeuvres importantes parues au Fleuve noir, chez Kesselring comme Poney-Dragon, ici repris ou chez Encre, comme L’Univers-ombre, ici repris, sans oublier les nombreux titres majeurs publiés par Ailleurs et demain, récemment réédités), revient à la SF avec May le monde, chez Ailleurs et demain ?

En remettant en librairie trois oeuvres importantes et difficilement trouvables, ce volume, riche aussi de trois nouvelles qui complètent l’univers des romans et des deux postfaces qui rappellent l’univers de Michel Jeury, est nécessaire à toute bibliothèque.

Les romans sont assez différents. Deux d’entre eux datent de la fin des années 70 (respectivement 1978 et 1979), tandis que le troisième, paru autrefois sous le pseudonyme d’Albert Higon, est le premier roman écrit par Michel Jeury, paru qu’après de nombreux refus et un changement de titre, en 1960, dans la collection Le Rayon fantastique de Hachette et Gallimard.

Poney-dragon est plus proche d’une dystopie que d’une utopie : le héros est un visiteur du futur qui essaye de prévenir l’instauration d’une dictature appuyée sur la menace d’une arme secrète, le poney-dragon du titre, dont l’usage devrait provoquer une catastrophe. D’ailleurs les voyageurs ne peuvent pas atteindre le futur au-delà de la date où l’effondrement de la dictature aurait entraîné l’emploi de poney-dragon...

Terrego, le monde sur lequel se passe L’Univers-ombre, est une véritable utopie, menacée par un empire voisin. Le voyageur venu de la Terre pourra-t-il empêcher la destruction de cette utopie ?

Quant aux Étoiles du destin, elles nous montrent le terrien arrivé par hasard dans la société plus évoluée que la nôtre, celle des Jelmaus, qui devient l’instrument providentiel du destin afin de sauver les Jelmaus de l’anéantissement par des êtres différents, qui vivraient à rebrousse-temps. L’ambiance de ce roman me rappelle ceux de Carsac, parus à la même époque, mais le héros de Jeury, et la description des sociétés, est assez différent de ceux de Carsac...

Si, ces trois romans et les trois nouvelles qui les suivent sont loin de présenter toute la richesse de l’imaginaire de Jeury, ils en fournissent un bon aperçu. Je l’ai écrit plus haut : un volume indispensable à toute bonne bibliothèque de SF. Comme d’autres de la même collection...

Escales en Utopie de Michel Jeury, couv. de Miguel Coimbra, postfaces de Richard Comballot et Joëlle Wintrebert, Bragelonne