Il suffirait juste… de Christophe Tabard

Ce jour-là, Dominique avait vu comme un signal dans le sourire ironique de cet adolescent avachi dans son cabinet. Il s’était alors levé, avait contourné son bureau et allongé une gifle magistrale au jeune boutonneux arrogant qui venait de lui répéter pour la troisième fois que sa « mère était une grosse conne » et que son « père n’était qu’une merde fasciste ». Il était ensuite retourné s’asseoir, avait griffonné quelques lignes sur une feuille de papier à en-tête de son cabinet puis l’avait tendue à la génitrice présente et pétrifiée d’effroi.

— À administrer avec vigueur chaque fois que le besoin s’en fera ressentir. Vous verrez, il ne s’en portera que mieux... et vous aussi d’ailleurs !

Il les avait raccompagnés et avait poursuivi sa journée, tiraillé entre le bien-être qu’il ressentait et une légère angoisse quant aux conséquences de son acte.

Il n’avait pas dormi de la nuit et dut reconnaître que l’arrivée de la police, le lendemain matin, dans son cabinet, provoqua en lui un immense soulagement ; le père, bien sûr, avait porté plainte et Dominique reconnut sans malice toutes les accusations portées contre lui.

La justice fut assez clémente avec lui. Lorsque le président du tribunal lui demanda de justifier son geste, il s’était alors contenté de répondre « Je ne sais pas mais ça m’a fait beaucoup de bien ». Celui-ci avait alors souri et lui avait collé quelques mois de prison avec sursis plus des dommages et intérêts.

Ses chers confrères du Conseil de l’Ordre, cependant, furent nettement moins cléments que la juridiction civile. Dans leur compte-rendu, ils estimaient « inadmissible de porter la main sur un enfant pour quelque raison que ce soit, d’autant plus en présence de sa mère. Cela va à l’encontre de nos valeurs et de notre morale. Le Conseil ne saurait tolérer de tels agissements ». Ces messieurs avaient estimé qu’une interdiction d’exercer d’au moins 5 années serait souhaitable.

Ils fixèrent finalement le châtiment à 10 ans.

 

Dominique ne fit pas appel. Passé le premier instant de stupeur face à la sévérité du jugement, il se dit que l’occasion était peut-être belle à saisir et qu’il était temps de foutre aux chiottes le structuralisme de ce charlatan de Lacan et, par la fenêtre, Freud, sa mère et celle d’Oedipe.

La psychanalyse ne se fait pas confortablement dans un épais et moelleux fauteuil en cuir. Comment prétendre guérir l’esprit si l’on vit dans une tour d’ivoire dont les briques sont les œuvres d’honnêtes hommes morts au siècle dernier ?

 

Avant d’être déchu de son droit d’exercer, Dominique avait pratiqué 15 ans durant au cœur du onzième arrondissement de Paris, rue de la Roquette. L’enthousiasme du jeune doctorant qu’il était alors s’était peu à peu dilué au fil des visites et des années. Même s’il avait gardé la foi dans son envie d’aider son prochain, il s’était vite rendu compte que la plupart de ses patients étaient des gens qui avaient seulement besoin de parler à quelqu’un. Des Parisiens effrayés de finir leur vie seuls. Des gens qui vivaient dans l’angoisse permanente et avec la peur au ventre ; peur de perdre leur travail, leur femme, leur mari, leur statut social, leur réputation, peur de tout, partout, tout le temps et à tout instant. Le mal du 21ème siècle creusait la tombe de sa profession et l’éloignait des vrais gens en souffrance, là, dehors.

Ce rôle de prêtre ne lui convenait pas. Il ne pourrait rien faire pour les aider tant qu’ils ne s’aideraient pas eux-mêmes. C’était un poncif dont il était convaincu mais il ne pouvait pas leur dire. Alors il se contentait de hocher la tête de temps en temps d’un air grave, d’empocher le montant de la consultation en disant « À la semaine prochaine, Madame Machin » et d’enchaîner avec le patient suivant – qu’il finit rapidement par appeler client.

 

Cette gifle avait été une délivrance. La fin de sa lâcheté. Le prétexte parfait à une remise en question ; il avait tout vendu, réglé ses dettes et donné le reste à une bonne œuvre.

Sans bien et pratiquement aussi nu qu’au premier jour, Dominique installa un bout de carton au pied de l’immeuble même où il avait travaillé durant toutes ces années et s’assit dessus.

 

À hauteur de pots d’échappement, de nains, de chiens et de poussettes, on voit forcément le monde sous un angle différent. C’est parce qu’il aimait les humains qu’il avait décidé de disparaître au milieu d’eux. Peu à peu il s’était fondu avec le bitume, passant du statut de « ce fou de psychanalyste qui s’est installé en bas de chez lui après avoir battu un enfant » à celui de « brave Monsieur Dominique, si charmant, toujours un mot aimable, comment un homme si bien a-t-il pu en arriver là ? ».

Le temps dilue la mémoire et joue toujours en faveur des amnésiques sociaux que sont les humains. Dominique avait fait le choix de la rue. Un choix réfléchi. Médité. Bien pesé. En se libérant des contraintes matérielles pour consacrer son énergie à tenter de soulager les maux de l’esprit, il avait accepté les contraintes et les avait même accueillies avec enthousiasme. Il avait bien conscience que la plupart de ses compagnons d’infortune n’avaient pas fait ce même choix délibéré et que mendier pour vivre n’est pas une vie, comme on dit dans les bureaux climatisés. Mais il avait affronté sans malice les ricanements de ses confrères et le mépris de sa famille et de son entourage.

En revanche, la souveraine ignorance des gens dans la rue l’avait profondément interpellé ; les personnes fuyaient son regard. Il savait que les gens le voyaient mais ne le regardaient pas. Ils s’en éloignaient comme pour conjurer un mauvais sort. Comme pour se persuader qu’en s’écartant suffisamment ils ne finiraient pas comme lui. Ne seraient pas contaminés. C’était assez stupéfiant de vivre cela. Être au ban de la société humaine et invisible au milieu de la foule.

Dominique ne pouvait pas leur en vouloir. Il avait été comme eux, lui aussi. Il ne prêtait qu’une oreille attentive aux interpellations des clochards, donnait rarement de l’argent, pensant qu’ils le boiraient, et ne s’inquiétait pour eux que l’espace d’un instant, certains soirs d’hiver en regardant le journal télévisé expliquer qu’un énième SDF était une nouvelle fois mort de froid dans la capitale.

Aujourd’hui, il ne regardait plus la télévision qu’en de rares occasions et il s’était facilement accoutumé à l’indifférence de ses semblables. Il savait que c’était leur façon de se protéger des agressions du quotidien et il ne leur en voulait pas.

Ce que veulent les gens, c’est être écouté. Personne ne s’écoute à part soi-même, il le savait. Lui-même, autrefois, s’était trop écouté parler et avait même, parfois, réussi à se convaincre d’avoir raison alors qu’il se mentait à lui-même et à son entourage. Il l’avait compris maintenant et s’efforçait d’écouter les autres, attentivement, avec intérêt et sincérité. Il avait la formation professionnelle, le recul nécessaire et le temps, ce qui était un facteur non négligeable au sein d’une société pressée d’aller toujours plus vite que le jour précédent.

 

Dominique avait pris ses habitudes dans un café de la rue Popincourt, près de chez lui. Roger, le patron, était un homme bon et généreux derrière un masque bourru et peu avenant. Un sanguin féru de justice comme il en existe partout où il y a une brasserie auvergnate. Un homme à qui tout le monde parle et que personne n’écoute. Pourtant, un soir, il s’était ouvert à Dominique et lui avait raconté sa vie. L’homme pleurait mais il était heureux. Il était heureux car il sentait qu’il allait mieux. La parole libère l’âme et c’est exactement ce qu’il se produisit ce soir-là : une libération.

La soirée se termina par une accolade au petit matin et, depuis, chaque vendredi, dans l’arrière-salle du café des amis, des gens viennent, boivent un coup et échangent dans un seul but : résoudre leurs problèmes.

Trouver des alternatives au destin que l’on croit gravé dans le marbre.

 

Dominique, bien sûr, était le modérateur de ces soirées animées et prenait son rôle à cœur. Il fallait parfois calmer les passions et les excès de langage. L’alcool, bien sûr, exacerbait les ferveurs mais Roger considérait que ça libérait la parole et qu’il fallait « arroser » comme il disait. Dominique, lui, ne buvait pas. Il se contentait de café. Il savait que ça lui bousillait l’estomac mais il s’en foutait. Il aimait trop ça. C’était sa drogue.

 

— Alors ? Pourquoi ils ne sont pas restés ?

La jeune fille insistait.

— Peut-être parce que ça coûtait trop cher ? osa quelqu’un.

Elle fit la moue.

— Si tu contrôles la Lune, tu contrôles la Terre ! Tu vois pas le potentiel ? Non, non, non, c’est pas une question d’argent ! J’attends une réponse logique !

La dizaine de personnes assemblée dans la salle se regardait d’un air dubitatif. Dominique intervint :

— Selon toi, pourquoi ne sont-ils pas restés ?

L’attention se porta vers la jeune femme blonde. Celle-ci but une gorgée de sa bière et souffla :

— Parce qu’ils ne veulent pas qu’on y reste...

— Qui ça ils ?

Elle observa le groupe, finit d’une traite son verre et ajouta finalement :

— Ils, eux, les autres ! Vous n’êtes tout de même pas assez naïfs pour croire qu’on est seuls dans l’univers !

Certains échangèrent des sourires entendus et quelques rires fusèrent.

— Attention, les petits hommes verts débarquent !

Mais Dominique poursuivit :

— En admettant que tu aies raison, pourquoi, selon toi, nous empêcheraient-ils de poser de nouveau le pied sur la Lune ? Pourquoi nous auraient-ils permis de le faire et, d’un coup, décidé que là c’était fini ?

— Parce que l’être humain est trop con. Ils nous ont laissé nous amuser mais, peut-être qu’on a commencé à vouloir amener du nucléaire là-haut... Peut-être qu’ils ont vu qu’on allait faire comme partout où l’on passe, qu’on allait tout casser et ils ont posé leur véto.

Le silence attentif avait remplacé les moqueries et l’assemblée était maintenant toute ouïe. La jeune femme s’enhardit alors dans sa démonstration.

— Christophe Colomb s’est fait chier à naviguer 67 jours sans savoir s’il arriverait quelque part vivant et pourtant, malgré les embûches, la soif, la peur, les risques de mutinerie et le scorbut, ils y sont arrivés. Et ils y sont restés. On trouve des humains dans les endroits les plus inhospitaliers de la Terre. Même en Antarctique. J’y suis, j’y reste ! Alors, je repose ma question, 3 jours de voyage sans risque, soutenus par une technologie en perpétuelle évolution et les meilleurs ingénieurs de la planète, des perspectives de profits énormes, sans parler de l’intérêt scientifique, militaire ou simplement la nature expansionniste de l’homme, pourquoi ne sont-ils pas restés ? Selon moi, la réponse la plus raisonnable est qu’une force supérieure, très supérieure, a sifflé la fin de la récré.

 

Le rasoir d’Ockham.

 

Et il en avait vu des gens étranges. Qui pourraient être qualifiés de fous selon les critères universitaires et autres DSM-5 mais qui, au fond, avaient leur propre logique. Est fou le gaucher qui doit vivre dans un monde de droitier ? Bien sûr que non, mais il aura un comportement différent des droitiers car le monde qui l’entoure n’a pas été bâti selon ses critères de gaucher et les tire-bouchons tourneront toujours dans le même sens sans que cela n’émeuve les droitiers. Il en va de même pour toute personne ayant des phobies, des craintes ou des peurs qui peuvent nous sembler irrationnelles simplement parce qu’on ne peut pas imaginer être à la place de l’autre.

Dans son monde.

Un jeune homme s’était présenté lors d’une de ces réunions avec une valise à chaque main ; l’une marquée du signe + à la craie blanche et l’autre du signe - . Devant les regards interrogateurs et sans lâcher ses valises bien qu’il fût assis, il exposa une théorie selon laquelle ses deux bagages étaient en fait de puissants aimants, l’un négatif et l’autre positif, maintenant ainsi l’harmonie au milieu et permettant à ses cellules de vibrer à la bonne fréquence. Il pensait que si tous les gens adoptaient son idée, le monde s’en porterait beaucoup mieux.

De son point de vue, c’était tout à fait exact. Il paraissait en bonne santé et plein d’entrain. Hormis ces deux valises, il n’avait rien d’un psychopathe et présentait bien. Seulement, devant un collège de scientifiques, il n’aurait pas passé les dix premières minutes de l’entretien et aurait reçu rapidement sa chemise blanche en cadeau de bienvenue.

Dominique, d’ailleurs, s’étonnait qu’il n’y ait pas plus de gens enfermés vu le nombre de cas.

 

— Ce qui serait bien, c’est qu’ils débarquent une bonne fois pour toute et qu’on en finisse !

La jeune femme avait poursuivi avant d’entamer sa seconde bière.

— Et qu’on en finisse avec quoi ? demanda Roseline, une habituée de ces soirées, plutôt réservée d’habitude.

Son thé noir devant elle, son sac à main serré sur les genoux, la quinquagénaire attendait fébrilement une réponse. Roseline était une angoissée de nature. Elle avait abordé Dominique au début de ces sessions en le suppliant presque de l’aider. Depuis toujours, chaque année, elle apprenait par cœur les noms, adresses et numéros de téléphone de la lettre A du bottin parisien ; avec l’avènement des téléphones portables, de moins en moins de gens sont répertoriés dans l’annuaire qui ne contient que des lignes fixes. De plus, la généralisation de l’Internet allait, selon ce qu’elle avait entendu dire, faire disparaître le support papier. Un drame qu’elle ne surmonterait jamais si une telle chose se produisait. Dominique avait réussi à la rassurer, après de nombreuses démarches, en lui montrant certains documents officiels indiquant que la version papier du bottin ne disparaîtrait jamais et qu’Internet ne lui enlèverait jamais ça. Elle avait paru rassurée et, depuis, ne manquait plus une seule de ces réunions du vendredi.

Mais les promesses n’engagent que ceux qui y croient.

 

— Ça fait des dizaines d’années qu’ils nous espionnent et nous surveillent, ils font des expériences sur nous, ils testent nos armements, font joujou dans les nuages. Pourquoi les gouvernements disent que ça n’existe pas alors qu’il y a des centaines de milliers de témoignages chaque année à travers le monde ? De plus en plus de photos et de vidéos qui tournent, merci le numérique et les téléphones ! Parce qu’ils ont la trouille et qu’ils savent parfaitement que quand ils débarqueront, ce sera la fin pour nous. Ça explique leur comportement d’irresponsable vis-à-vis de l’environnement, la course au profit immédiat, l’enrichissement personnel, la corruption généralisée, etc. Ils s’en foutent parce qu’ils savent ! Alors ils en profitent avant la fin, c’est la curée générale !

Roseline était blanche comme un linge.

— Mais... mais... la fin... comment ça la fin ? Comme ça, d’un coup ?

— Vous croyez vraiment qu’ils sont en train de nous étudier par intérêt empirique ? Vous pensez vraiment que des gars développés comme eux seraient venus de si loin pour faire copain copain avec les singes primitifs que nous sommes ? Réveillez-vous madame, notre espèce n’est pas la seule prédatrice dans l’univers et vous pouvez être sûre qu’ils viendront pour nos ressources, rien d’autre. Et si nous étions à leur niveau de technologie, nous ferions la même chose à des peuplades inférieures à nous. Nous le faisons déjà entre nous sur cette planète...

Roseline interrogea Dominique du regard mais celui-ci se contenta de lui sourire.

— Pourquoi ne seraient-ils pas altruistes ? lui lança Paul debout au fond de la salle.

La jeune femme le regarda d’un air navré.

— Même Loth, le neveu d’Abraham, a été incapable de trouver 10 Justes pour empêcher la destruction de Sodome. Personne n’est altruiste à part les saints dans de vieux livres poussiéreux. Je te pose la même question : trouve-moi 10 Justes sur cette planète qui justifieraient de ne pas exterminer la race humaine et alors je reconnaîtrai que mes idées ne sont que pures divagations. Mais je sais d’avance que tu ne les trouveras jamais...

Paul, debout au milieu des autres convives assis, ne répondit pas. C’était déjà suffisamment étonnant qu’il soit intervenu. Le quadragénaire moustachu semblait pétrifié. Dominique connaissait son histoire et savait que les propos de la jeune femme avaient dû le toucher, lui qui, par amitié, ne s’était pas assis depuis plus de 5 ans. Son meilleur ami, suite à un accident bête, avait eu le coccyx fracturé et n’avait pas pu s’asseoir durant de longs mois. Paul, par solidarité, l’avait imité. Cependant, alors qu’une fois guéri son ami avait repris le cours normal de sa vie, lui avait continué, mangeant, travaillant, lisant debout. Il avait même aménagé sa voiture de façon à pouvoir conduire couché. Sa femme avait bien essayé de le raisonner mais il ne voulait plus s’asseoir. Il prétendait, désormais, vivre selon ce point de vue. Prendre de la hauteur. Une bonne raison pour son épouse de quitter le foyer conjugal avec les enfants sous le bras et de ne plus revenir. Voilà où mène l’amitié.

— Ne soyez pas naïfs, reprit la jeune femme, chacun d’entre nous n’agit que par pur égoïsme. La plupart du temps c’est inconscient, j’en conviens, mais ça n’empêche que ça s’appelle quand même de l’égoïsme.

— Et les médecins qui risquent leurs vies en Afrique ou ailleurs pour venir en aide à tous ces gens qui souffrent, vous ne pouvez pas les qualifier d’égoïstes, mademoiselle !

Roseline s’était levée de sa chaise.

— Des dépressifs qui se font du bien en voyant plus misérables qu’eux...

Sa réponse provoqua un brouhaha dans l’assistance mais la jeune femme ne se laissa pas déstabiliser.

— Ils roulent en 4x4 grand luxe, sont hébergés dans des hôtels 5 étoiles, touchent un salaire honteux dans des pays où tout le monde crève puis, au bout de trois mois de mission, reviennent à Paris raconter leurs exploits de sauveurs de l’humanité dans les dîners en ville. Ont-ils vaincu la faim, la misère ou les maladies depuis le temps ? Non. Ils ont juste rassuré leur pauvre ego occidental, c’est tout.

 

La démonstration ne manquait pas de sel et Dominique comprenait parfaitement ce qu’elle voulait dire. Lui-même était dans ce cas et il dût admettre qu’elle n’avait pas tort. Mais comment dépasser tout cela ? Comment aller au-delà de sa propre personne ? Comment s’abandonner à l’autre pour être juste ?

L’amour.

Là se trouve le sentiment d’accéder à un échelon supérieur.

La jeune femme se leva. Elle avait l’air épuisée.

— J’ai un peu trop bu, je vais rentrer chez moi.

Elle prit ses affaires et bredouilla :

— Excusez-moi si je vous ai choqués. J’ai eu une journée de merde aujourd’hui.

Dominique s’approcha d’elle et l’aida à passer son manteau.

— Ne t’excuse pas. Jamais personne ne pourra t’en vouloir de dire ce que tu penses, à part les imbéciles.

— Et c’est pas ce qui manque, lui lança-t-elle au moment de franchir la porte tout en le saluant de la main.

 

« Oui, c’est pas ce qui manque... » répéta Dominique tout en regardant passer les gens à travers les vitres du café. « Mais peut-être que parmi eux, là, dehors, se trouvent 10 Justes qui s’ignorent. Il suffirait juste qu’ils se réveillent. Il suffirait juste... »

 

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