Iain M. Banks R.I.P

Décidément, 2013 est une mauvaise année pour la science-fiction. Après le décès de Jack Vance, voici celui de Iain M. Banks. Deux de mes auteurs préférés viennent de s’en aller pour un monde, on l’espère, meilleur.
Au mois d’avril dernier, Iain Banks avait annoncé son cancer et ajouté qu’il ne survivrait peut-être pas jusqu’à la fin de l’année. Il avait un cancer avancé de la vésicule biliaire, qui s’était propagé au foie et au pancréas. Iain Banks est décédé le 9 juin 2013 à l’âge de 59 ans. D’origine écossaise, Iain Menzies Banks était né à Dunfermline dans le File (une région située dans l’Est de l’Écosse) le 16 février 1954.
Après des études d’anglais et de philosophie à l’université de Stirling, il travaille dans un cabinet d’avocats


Son premier livre n’avait rien à voir avec la science-fiction. Le seigneur des guêpes tient du thriller fantastique et de la folie. À l’époque, son éditeur (Macmilan) lui conseille d’écrire un livre par an. L’auteur va s’y tenir.

Avec Entrefer, Banks aborde le rêve et propose un livre beaucoup plus psychologique qui se passe sur un pont sans fin. Mais c’est avec « L’usage des armes » qu’il a commencé à créer la Culture en 1987.
Banks s’est impliqué dans la production théâtrale, et a écrit la musique de la pièce « The curse of Iain Banks » qui a été jouée en 1999 à l’Edimbourg Fringe festival. Sur le plan politique, il a aussi milité en défaveur du premier ministre Tony Blair. À l’époque, l’Angleterre avait participé à l’invasion de l’Irak. En signe de protestation, Bank a coupé son passeport. Dans son livre « Raw spirit », il reviendra sur ses préoccupations concernant l’Irak.

Iain Banks nous lègue une belle œuvre, composée majoritairement de livres de science-fiction qui se rapportent à la Culture. Certains d’entre eux n’ont pas encore été traduits et édités en français. Au total 27 livres :

2013 – The Quarry

2012 - The hydrogen sonata (La sonate d’hydrogène)

2012 - Stonemouth

2010 - Surface Detail (Les enfers virtuels)

2009 - Transition

2008 - Matter (Trames)

2007 - The Steep Approach to Garbadale

2004 - The Algebraist (L’algébriste)

2003 - Raw Spirit : In Search of the perfect dram

2002 - Dead Air

2000 - Look to Windward (Le sens du vent)

1999 - The Business (Le business)

1998 - Inversions

1997 - A Song of Stone

1996 - Excession

1995 - Whit, Little

1994 - Feersum Endjinn (Effroyabl Ange1)

1993 - Complicity

1993 - Against a Dark Background (La plage de verre)

1992 - The Crow Road

1990 - The Use of Weapons (L’usage des armes)

1989 - The State of the Art (L’état des arts)

1989 - Canal Dreams

1988 - The Player of Games (L’homme des jeux)

1987 - Espedair Street

1987 - Consider Phlebas (Une forme de guerre)

1986 - The Bridge (Entrefer)

1985 - Walking on Glass

1984 - The Wasp Factory (Le seigneur des guêpes)

Banks signait ses livres de deux manières différentes, suivant qu’il s’agissait de littérature générale ou de science-fiction. Dans le premier cas, il était connu sous le nom de « Iain Banks » tandis que dans le second cas il signait « Iain M. Banks ». Le M fait référence à son prénom Menzies.

Son apport à la science-fiction est immense. Il a renouvelé le space opera en intégrant une forme d’humour, d’ironie, voire de second degré. Sa vision d’une civilisation galactique est unique, démesurée, mais tellement originale qu’un lecteur ne se contentera jamais de ne lire qu’un seul livre de la Culture.

Mais à quoi ressemble cette Culture ?

La Culture est une société galactique sans lois, mais avec bon nombre de principes, de protocoles, d’usages et coutumes à respecter. Ce n’est pas la plus ancienne ni la plus grande civilisation, mais elle tend à s’élargir en intégrant tous les peuples qu’elle croise dans son expansion. Parfois cela génère des conflits armés, parfois l’intégration se fait en douceur. Dans tous les cas, la Culture arrive à ses fins. C’est une civilisation dans laquelle il n’est pas nécessaire de travailler pour vivre. Ce sont des mentaux qui la gèrent pour le compte des humains. Ils se présentent sous la forme d’IA intégrée à un vaisseau ou sous forme de petit drone qui utilise l’antigravité pour se déplacer. Les mentaux sont retors, au point de parfois devenir très dangereux. Ils ne s’investissent pas toujours eux-mêmes et font appel à des humains auxquels ils accordent une grande liberté de mouvement. La Culture respecte l’individu et le place au centre de toutes les attentions. Les mentaux font tout ce qu’ils peuvent pour assurer aux humains cette liberté qui leur est chère. Mais parfois, les intérêts politiques et économiques prennent le pas sur les considérations humaines, et la Culture peut devenir très dangereuse.

Dans cet univers créé de toute pièce, chaque livre du cycle se focalise sur des races différentes, et parfois des époques différentes. Le lecteur n’est jamais perdu, car rapidement il retrouve les services « Circonstances spéciales » et « Contacts » qui sont le fil conducteur de tout le cycle.
Iain Banks est un auteur important en science-fiction, incontournable en space opera, et intéressant en mainstream. Il avait apporté un renouveau au genre et s’était imposé comme un des chefs de file anglo-saxons.

Toute sa production n’est pas du même niveau, mais elle reste néanmoins très originale.

Espérons que ces derniers livres non encore traduits ne le resteront pas longtemps. La disparition de Banks crée un vide dans le paysage de la science-fiction anglo-saxonne qui ne risque pas de se remplir de si tôt. A lire ou à relire, l’œuvre de Iain M. Banks est importante.

C’était un de mes auteurs préférés.

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