Galaxies nouvelle série n° 40

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Après le très réussi n° 39, le numéro suivant renoue avec le succès, mais de manière fort différente. La SF japonaise, on connaissait un peu, d’accord. Mais... la cosmanthropie ? Là, on cale, c’est sûr. Alors voilà, le dossier de ce n° 40, c’est « l’adaptation de l’homme à l’espace, au vide, sans scaphandre, ni aucune autre protection que celle de son corps, modifié, évolué » (P. Gevart). Le coordonateur est Jean-Pierre Laigle, éditeur, critique, écrivain, uchroniste et traducteur bien connu du milieu.

 

Très classiquement, le numéro commence par un historique du genre, de Raymond Z. Gallun à Peter F. Hamilton en passant par Van Vogt, poursuit par des interviews (Jorge Luiz Calife, Laurent Genefort et Linda Nagata) et termine par quatre nouvelles. Pavel Amnouel, auteur azéri, suit les expériences génétiques de modifications humaines dans Je suis le parcours. Si l’Ontarienne Michèle Laframboise déçoit quelque peu dans l’allégorique La cousine Entropie, Laigle lui-même décrit les étonnantes aventures d’un naufragé de l’espace sur une planète où il fera connaissance avec un peuple aussi heureux que les Eloïs de Wells. Mais, qui sont-ils vraiment ? Il l’apprendra avant de devenir une sorte de patriarche (Les larves). Excellent texte, bien écrit. C’est le cas aussi de La chanson de l’infini de l’Espagnol Domingo Santos : seul dans l’espace, un astronaute perdu entend le chant des étoiles... Serait-ce celui des sirènes du vide ?

 

Trois petites études intéressantes aussi, dans ce numéro : sur Henri Bessières, pilier de la collection « Anticipation » au Fleuve noir, sur Kirlian Camero, groupe rock italien à forte influence science-fictive, et sur La mer souterraine, roman très inconnu, écrit en 1923 par l’encore plus inconnu Édouard de Keyser.

 

Tout cela ne doit pas nous faire négliger les nouvelles liminaires , sans connotations cosmanthropiques. L’intérêt du Guide ultime pour une stratégie gagnante de formation des prix sur le marché des paris extraterrestres (T.R. Napper) réside plus dans son titre que dans le corps du texte. Ce n’est pas le cas du très percutant L’article 3.14 du mystérieux T’Jores Bloontje, qui transpose en milieu galactique les innombrables discussions de l’Union européenne : quorum, présences, votes, traductions. Voilà une petite nouvelle réussie et très amusante à lire, jusqu’à ses notes en bas de page. L’insaisissable Gulzar Joby, enfin, nous interroge, entre autres questions angoissantes, sur l’avenir des livres papier dans un monde maritime complètement déjanté, où œuvre aussi un certain Souverain des Esprits Industrieux. Jouissif.

 

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