Freddy, les griffes de la nuit

Réalisateur: 

Good night and good luck



Nuit de terreur

Nancy, Kris, Quentin, Jesse et Dean habitent dans Elm Street, une rue banale située au cœur d’une banlieue résidentielle tout ce qu’il y a de plus tranquille mais depuis quelques temps, ces cinq jeunes gens sont hantés chaque nuit par le même cauchemar récurrent dans lequel un homme à la voix caverneuse prend un malin plaisir à les terroriser. Ce mystérieux inconnu à l’horrible faciès règne en maître absolu sur leurs nuits. Il habite et contrôle leurs rêves dès qu’ils s’assoupissent. Ses proies ne peuvent lui échapper qu’en se réveillant. Si au réveil, elles se sentent un temps soulagées d’avoir échappé de peu au pire, elles ne tardent pas à être à nouveau terriblement angoissées rien qu’à l’idée de se rendormir.


Lorsque l’un des jeunes meurt de mort violente, les quatre autres comprennent que leur pire cauchemar est devenu réalité et qu’ils ne pourront survivre qu’aussi longtemps qu’ils arriveront à résister au sommeil. Au fil de leurs cauchemars, les survivants tentent de reconstituer le puzzle à partir de divers éléments qui ressurgissent progressivement du fin fond de leurs mémoires mais ils se heurtent au silence coupable de leurs parents. Le temps leur est compté car on ne peut éternellement rester éveillé. Leur seul espoir est d’affronter leur pire cauchemar nommé Freddy Krueger.

Génération perdue

L’intrigue de ce remake tourne, cette fois-ci, autour de cinq personnages dont trois se font assez rapidement massacrer par Freddy : Kris, une jolie blonde extravertie, et ses deux boyfriends (Dean, son nouveau petit copain qui sera le 1er à donner l’alerte, et Jess, son ex, qui sait ce qu’il se passe mais refuse d’y croire tout en faisant son possible pour ne pas céder à la fatigue).
Restent alors Nancy (une artiste introvertie qui gagne sa vie comme serveuse dans la cafétéria servant de lieu de rendez-vous aux ados du coin) sur laquelle le boogeyman semble faire une fixation et Quentin qui tente de résister au sommeil en se bourrant de stimulants en tout genre (psychotropes et adrénaline) ce qui le met à cran et le rend de plus en plus instable. Les deux survivants devront allier leurs forces pour tenter de rester éveillés afin d’enquêter sur ce qui s’est déroulé à Springwood bien des années auparavant.

Crime et châtiment

Cette fois-ci, les trois adultes qui sont à la tête des familles endeuillées, devenues à leur tour meurtrières et dont la haine a engendré le croquemitaine, sont Alan (le père de Quentin qui est conseiller pédagogique au lycée de Springwood), Gwen (la mère de Nancy qui est médecin) et Nora (la mère de Kris qui est hôtesse de l’air). Dans le passé, Freddy Krueger travaillait en tant que jardinier et gardien à l’école maternelle où allaient ses victimes actuelles lorsqu’elles n’étaient encore que de très jeunes enfants.
Mort dans d’atroces souffrances après avoir été aspergé d’essence et brûlé au 3ème degré par plusieurs parents en colère, regroupés en milice pour se faire justice, ce tueur d’enfants se venge bien des années plus tard après avoir acquis la faculté de décimer leurs ados dans leurs rêves. Les secrets bien gardés et les mensonges savamment entretenus par ce groupe de parents ont fini par conduire leur progéniture tout droit dans les griffes de leur tortionnaire. C’est ainsi que la nouvelle génération va payer pour les fautes commises par leurs parents.

Le grand sommeil

C’est en 1985 que Wes Craven nous faisait découvrir le croquemitaine, devenu depuis lors le plus iconique du cinéma horrifique : le sadique Freddy Krueger qui prenait un malin plaisir à terrifier ses victimes durant leur sommeil tout en faisant de l’humour particulièrement macabre.


Extrêmement reconnaissable aussi bien par son physique avec son visage atrocement brûlé que par son accoutrement (avec son pull rayé rouge et vert en piteux état, son grand chapeau fedora passablement usagé sous lequel il dissimule en partie son visage gravement défiguré et, bien évidemment, sa main droite gantée munie de quatre longues griffes d’acier plus tranchantes que des lames de rasoir), ce boogeyman d’exception ne tarda pas à devenir culte et à enthousiasmer les aficionados du cinéma horrifique, engendrant non seulement de nombreuses suites (dont un cross-over où il y affrontait Jason Voorhees) ainsi qu’une série TV mais aussi bon nombre d’autres films qui s’y réfèrent fortement (parmi lesquels on trouve principalement la saga des Scream). L’idée de génie de Craven, inspirée par une série de faits divers de l’époque, avait été de créer un criminel sadique dont la spécificité réside dans sa capacité de s’attaquer à ses victimes pendant leur sommeil, période pendant laquelle elles sont totalement sans défense. Dans la mesure où personne ne peut rester en permanence éveillé, ce n’est donc qu’une simple question de temps avant qu’elles ne passent de vie à trépas. Il suffit juste à Freddy d’être patient et d’attendre quelques jours pour arriver à ses fins. Les proies qu’il a choisies tentent désespérément de lutter contre le sommeil tandis que la frontière entre rêve et réalité va en s’amenuisant jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

Le sous-sol de la peur

Dans cette nouvelle version, l’antre de Freddy est une ancienne chaufferie, vaste, fumante et bruyante qui se trouve au sous-sol de l’école maternelle où il commit dans le passé ses premières exactions à l’encontre d’enfants innocents.
Le scénario reprend ici la structure et bon nombre d’éléments clés présents dans l’original (comme la séquence où la silhouette de Freddy sort d’un mur, celle où une de ses victimes se retrouve collée au plafond avant de se faire éventrer alors qu’elle est en lévitation au-dessus du lit dans lequel elle s’est endormie ou celle dans laquelle Nancy est en train de prendre un bain moussant et où la main griffue de Freddy émerge lentement de l’eau alors que la jeune femme avait fini par s’assouplir un bref instant) tout en se permettant quelques libertés car, même si la principale proie de Freddy pour laquelle il semble éprouver une certaine attirance se prénomme toujours Nancy (bien que portant maintenant un autre nom de famille que Thompson), les personnages sont différents (exit ici les anciens Glenn, Tina et Tod) tandis que Freddy n’est désormais plus un simple tueur d’enfants mais est maintenant devenu un pédophile (sorte de “déviance” du scénario, histoire d’être un peu plus dans l’air du temps).

C’est maintenant au tour de Jackie Earle Haley (qui s’était récemment fait remarquer sous les traits mouvants du Rorschach des Watchmen) de se glisser dans la peau de Freddy à la place de Robert Englund, son légendaire prédécesseur. Pour incarner son personnage dont le visage et une bonne partie du corps ont été gravement brûlés, il lui a fallu endurer de longues et fastidieuses séances de maquillage. Par la suite, des effets visuels sont venus compléter l’ensemble afin de creuser un peu plus ses traits de son visage défiguré par des brûlures au 3ème degré et d’en accentuer les reliefs.


De son côté, après avoir fait carrière en tournant de nombreuses pubs et divers vidéo clips, Samuel Bayer (dont c’est ici le 1er long métrage) reprend le flambeau d’une longue liste de réalisateurs qui se sont retrouvés aux commandes d’une des nombreuses suites. Il a opté pour une représentation nettement plus sombre et plus réaliste des séquences oniriques. Il nous montre aussi un Freddy beaucoup plus sérieux (l’humour macabre si caractéristique de la saga a quasiment disparu) et plus torturé, qui semble aussi se montrer un peu plus “humain” pendant un court instant lorsqu’il affronte Nancy et laisse un temps planer le doute sur sa culpabilité dans les évènements passés.

Même s’il n’y a concrètement strictement rien à reprocher à la prestation de Jackie Earle Haley, il est vraiment extrêmement difficile d’envisager quelqu’un d’autre que Robert Englund dans la peau de Freddy (tout comme c’est le cas avec Anthony Hopkins dans celle d’Hannibal Lecter) et on ne peut s’empêcher de faire la comparaison pendant tout le film. Par ailleurs, les acteurs choisis pour jouer les victimes du croquemitaine sont un peu trop âgés pour interpréter des lycéens d’où un manque de crédibilité, d’autant plus que Nancy, déjà rentrée dans vie active et semblant plus âgée que les quatre autres, peut difficilement s’être retrouvée dans la même classe de maternelle que ses petits camarades.

Freddy - Les Griffes De La Nuit

Réalisation : Samuel Bayer

Avec : Jackie Earle Haley, Kyle Gallner, Rooney Mara, Katie Cassidy, Thomas Dekker, Kellan Lutz

Sortie le 12 mai 2010

Durée : 1 h 35

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