Etranges Floraisons : anthologie de fantastique botanique

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Neuf auteurs, neuf nouvelles, pour un recueil qui a pour point de départ le végétal sous toutes ses formes, mais avec un maître mot : la menace que la plante peut constituer. Tour à tour empreint de polar, de terreur, de fantastique et d’émotion, chaque récit nous parle des plantes telles que ne pourrions pas les concevoir. Elles sont au centre du récit, elles en constituent le point d’orgue. Quelque soit le protagoniste de l’histoire, c’est toujours face au végétal que son existence se trouvera changée. Difficile de faire plus éclectique dans le genre et la sensibilité de chacun des auteurs, ayant abordé le thème de bien des façons différentes. Comme il est compliqué de résumé l’ensemble, voici un petit aperçu de ce qui vous attend au fil des pages.

- Mon amie la Rose de Philippe Gontier : une histoire en forme de polar, où un homme, prêt à tout pour se débarrasser du cadavre encombrant de sa femme, imagine la dissimuler dans ses grands bacs de roses. Assez légère et humoristique dans le ton.

- Le Kulu-Nere de Pierre Brulhet : Seydou, un enfant africain, se croit la victime d’une malédiction. En réalité, il est un enfant-arbre, fruit de l’union entre une femme et un arbre sacré, le Kulu-Nere. Une histoire empreinte de poésie sur la différence de l’autre et la façon de l’appréhender.

- Sexburge de Celine Maltère : Quand la plante a-t-elle supplanté l’homme au point de réduire ce dernier à l’état d’anecdote? Le professeur Héliotrope croit détenir l’explication, et tout repose sur une maltraitance de la plante par l’homme. Petite nouvelle entre SF et dystopie, amusante à lire.

- Fantaisies botaniques de Mirgance et d’Aiquose de François Fierobe : J’avoue être passé totalement à côté de cette nouvelle qui raconte les us et coutumes végétales de deux cités, Mirgance et Aiquose, dans une tournure de style qui oscille entre reportage et catalogue.

- Automne de Jérome Sorre : la nouvelle indiscutablement la plus émouvante, la plus poignante du récit, mettant en scène une petite fille dans un abri. Le monde entier a cessé d’être, son père est sorti peut-être pour voir s'ils ne craignent plus rien, et elle l’attend, elle finit par sortir avec pour seule compagnie son doudou petit chat… et découvrir l’effroyable vérité.

- Canopée de Patrick Mallet : une histoire que l’on pourrait pensée écrite par Corben et dessinée par Druillet. Une exoplanète recouverte de végétation, un immense arbre au milieu. Des habitants qui disparaissent au fur et à mesure, quittent leur travail, leur maison, pour se rendre à proximité de cet arbre, comme s’il leur parlait et leur ordonnait de le faire… Une excellente nouvelle de SF.

- La grande offensive du printemps de Stéphane Mouret : ou quand les plantes prennent le pouvoir… Le personnage principal achète une maison dont la cour est envahie par des lianes remplies d’épines et qui semblent pousser plus vite qu’on ne les taille… l’action se situant dans ma région natale, j’y réfléchirai désormais à deux fois avant de passer par ces petits villages ! Je ne sais pas pourquoi elle m’a fait penser à Weeds (mauvaise herbe) de Stephen King.

- L’homme qui se prenait pour un arbre de Laurent Mantese : une de mes nouvelles préférées là encore. Le narrateur, médecin, suit la transformation végétale d’un ancien ouvrier à la retraite, persuadé de se changer en arbre. Le médecin fait tout pour le soigner contre son gré. La conclusion de cette nouvelle, étonnante et imprévisible, fait froid dans le dos.

- Une belle plante de Jean-Pierre Favard : la touche exotique du recueil et le seul auteur que j’avais eu l’occasion de lire précédemment avec à l’heure où je succombe. La narratrice, exploratrice, part à l’aventure dans une région inconnue de la jungle amazonienne. Elle et ses compagnons tombent sur une tribu étrange, en totale communion avec les plantes, et où aucun homme ne semble exister…

Au final, ce sont donc neuf nouvelles, toutes d’excellentes factures, certaines, comme toujours dans ce genre d’anthologie, ayant plus ma faveur : dans l’ordre du recueil, le Kulu-Néré, Automne, Canopée et L’homme qui se prenait pour un arbre. Un excellent moment de lecture en tout cas, que je recommande vivement, pour ceux qui comme moi se régalent des formats courts et pour découvrir une facette de ces neufs auteurs.

Ma critique ne serait pas complète si je ne citais pas les illustrateurs de chaque récit : Léo Gontier, Sioxara, Audrey Faury, Okiko, Patrick Mallet, Inès Cherraben et Ferdinand Springer. Chacun à sa manière parvient à exprimer en un dessin l’essence même des nouvelles.

Mes remerciements pour leur confiance, à Philippe Gontier et à la Clef d’Argent. L’illustration de couverture de Léo Gontier est absolument superbe.

Etranges Floraisons -Anthologie de fantastique botanique - Collectif - Editions La Clef d’Argent - septembre 2020, 13 €

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