Espace d’un an (L’)

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La description d’une Union galactique entre plusieurs espèces différentes et de la difficulté pour l’espèce humaine d’y trouver sa juste place, ni au sommet ni au plus bas, est déjà un thème classique de la science fiction. James White, David Brin, Carolyn J. Cherryh ont montré quelques exemples de traitements du thème qui évitent l’anthropocentrisme, l’idée d’une Humanité qui dominerait et qui daignerait reconnaître aux autres espèces la sentience (terme jusqu’ici courant pour désigner la qualité d’intelligence commune à des formes de vie différentes), idée trop fréquemment proposée par d’autres auteurs.

 

Becky Chambers nous en propose donc une nouvelle version, pleine d’idées originales quant aux espèces proposées et à leurs mœurs et coutumes. D’un côté, on peut lui reprocher de se limiter, en fin de compte, à des espèces d’intells (je ne sais pas si le terme est utilisé dans la version originale à la place de « sentients », jusqu’à présent courant, ou s’il a été forgé par la traducteur parce que le terme usuel en anglais ne passe pas bien en français, auquel cas ce serait une bonne idée) dont les pensées s’expriment dans des langues compréhensibles par les humains et traductibles dans nos langages. De l’autre, il ne pourrait pas y avoir de roman sans cette limitation.

 

Au nombre des idées intéressantes, celle selon laquelle l’espèce humaine se serait séparée en deux branches, les Solariens, descendants des plus riches terriens, ceux qui ont pu s’implanter dans les planètes et autres colonies du système solaire quand la Terre devenait inhabitable, et les Exodiens, descendants de ceux qui, plus pauvres, ont préféré la fuite sur des vaisseaux-arches pour créer des colonies extrasolaires grâce à l’aide des autres espèces. Même si les deux groupes ont des attitudes morales assez différentes, la coupure n’est pas totale, et l’héroïne, Rosemary, obligée de fuir Mars où ses parents ont commis des crimes et de changer d’identité, s’adapte sans peine à la vie d’un vaisseau spatial multi-espèces même si majoritairement humaines.

 

Les différentes espèces qui se partagent l’Union galactique sont variées, tant sur le plan biologique que sur le plan des mentalités, des morales ou des ressentis. Rosemary va devoir apprendre à partager ces différents modes de pensée et, surtout, leurs aspects sentimentaux. Car Becky Chambers insiste beaucoup sur les relations sentimentales entre les personnages, qu’il s’agisse de problèmes de relations interhumaines ou entre espèces différentes. Et les aventures du Voyageur, vaisseau chargé de forer des trous dans l’espace pour permettre les voyages interstellaires, entraînent des réactions a priori différentes, mais qui devront former un tout cohérent pour permettre l’existence même de la communauté que forme l’équipage du Voyageur.

Communauté qui ressortira plus soudée que jamais des épreuves rencontrées au cours de cette année standard (environ 400 jours standards) que narre le roman, épreuves que je ne gâcherai pas en les annonçant...

 

Si le thème n’est pas nouveau, son traitement est réussi, inattendu, passionnant et émouvant. Sans oublier les prédécesseurs que j’ai rappelés plus haut, il ne faut pas manquer de saluer ce nouveau joyau de la couronne galactique.

 

L’espace d’un an par Becky Chambers, traduit par Marie Surgers, L’Atalante, 2016,  443 p., couverture de Clémence Haller, cat 7, ISBN 978-2-84172-766-7

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